À la découverte d'un voilier inconnu
Mai 2021, Louis-Marie et deux amis cherchent un bateau à acheter en copropriété. S'il s'agit de sa première unité en tant que propriétaire, Louis-Marie – ingénieur maintenance dans le nautisme militaire - entretient régulièrement des voiliers pour d'autres : Edel 5, First 22, Oceanis 390…
Via LeBonCoin, leur choix se porte sur un Sangria, un voilier habitable de 8 m produit par Jeanneau au début des années 70. Mais c'est finalement un autre modèle suggéré par le site de vente d'occasion qui attire leur attention : un Aloa 29 négocié 5 500 € qu'ils ont rebaptisé "Sans Pression".
"C'est un voilier de 1975 typé Méditerranée, dont je n'avais jamais entendu parler. C'est une découverte. La première visite m'a agréablement surprise. Le bateau étant entreposé au sec dans un chantier, on a pu vérifier la coque et même démarrer le moteur in board… L'aménagement nous a aussi bien convaincus. Finalement, ce modèle Aloa 29 a finalement plus à tout le monde. Il a 36 ans et est sain au niveau de la coque. Aucune trace d'osmose et je n'ai pas trouvé de problème de ce genre sur ces modèles en fouillant Internet", raconte Louis-Marie.
Un cockpit fermé et un plan de voilure attrayant
L'Aloa 29 affiche une longueur hors-tout de 8,70 m pour un maitre-bau de 3,10 m et un poids lège de 3 tonnes. Sa double coque avec des réserves de flottabilité lui permet de rentrer dans la catégorie des voiliers dits insubmersibles. Sa quille en fonte nécessite cependant un peu d'entretien. Son cockpit est fermé avec une simple échelle de bain arrière. Certains ont été modifiés pour recevoir une jupe. On y trouve deux bancs, avec des rangements sur la partie arrière et un grand coffre à tribord pour ranger les cordages ou les voiles. La barre franche trone au centre. Le plan de voilure – gréement sloop d'origine – est composé d'une grand-voile de 16 m2, d'un génois sur enrouleur et d'un spi symétrique sur tangon. Un moteur Yanmar de 18 ch a été installé par un ancien propriétaire en remplacement du moteur d'origine, moins puissant.
"Côté malheur, nous avons démâté fin août 2021 suite à une négligence de vérification des cadènes et l'âge du gréement dormant. Le bateau est dans un chantier de La Seyne-sur-Mer pour recevoir un mât d'occasion de J92 qui viendra remplacer l'ancien. On en profite également pour installer une prise de ris automatique depuis le cockpit", ajoute Louis-Marie.
Un aménagement intérieur digne des grands
Mais c'est son aménagement intérieur qui offre un réel intérêt, avec une hauteur sous-barrot de 1,80 m.
"Son aménagement pourrait faire pâlir d'envie certains 30 pieds. Quand on entre à l'intérieur, on n'a pas l'impression d'être dans un 29 pieds avec la manière dont il est aménagé. On peut dormir facilement à 5 personnes et naviguer confortablement à 5 ou 6 sur plusieurs jours", explique Louis-Marie.
On trouve un lit breton sur l'avant avec une petite partie W.C. ainsi qu'un placard. La table du carré coulisse vers le bas le long de l'épontille et permet de créer un couchage pour deux personnes. Enfin, une couchette cercueil à bâbord accueille encore une autre personne pour la nuit, voire même deux petits gabarits selon son propriétaire. Un bloc-évier et un double réchaud à gaz sur cardan équipent la cuisine. Des réservoirs de 100 L pour la cuisine et de 50 L pour l'évier des toilettes à l'avant permettent de naviguer en autonomie. Un hublot sur l'arrière au niveau de la couchette cercueil associé à celui de l'avant permet de créer un bon courant d'air pour ne pas avoir trop chaud dans le carré ou supprimer la condensation.
"Tout était en bon état, mais notre côté maniaque nous a fait faire quelques travaux. Le frigo ne fonctionnait quasiment plus. On l'a remplacé par une glacière frigorifique qui fonctionne en 12 volts. On a changé l'éclairage par des LED pour moins soliciter les batteries. On a aussi changé les filières et deux chandeliers cassés. Ce qui a posé soucis, c'est qu'ils sont vissés dans le pont et qu'on ne retrouve plus ce modèle. Il a fallu refixer des embases sur les emplacements pour installer des chandeliers plus courants". Globalement, à l'intérieur, on n'a pas changé grand-chose. C'était relativement propre. On a quand même fait un peu de tri… On a retrouvé une trousse de secours avec des fioles d'alcool de menthe pour la douleur ou des gilets de sauvetage datant de 1980", s'amuse Louis-Marie.
Un projet de navigation hauturière
Basé à Toulon, dans la vieille darse, Louis-Marie a pu profiter de l'été pour prendre en main son Aloa 29. Il utilise pour l'instant son bateau principalement pour du cabotage, notamment lors de weekends entre Toulon et Porquerolles, souvent avec une nuit au mouillage. Dès que le bateau sera armé pour la navigation hauturière, Louis-Marie a le projet de traverser vers la Corse. Le groupe d'amis réfléchit également à le rendre plus manœuvrable en solitaire. Il faut encore changer le vieux pilote automatique Raymarine ST1000 qui ne fonctionne plus, et l'équiper d'au moins un panneau solaire de 100 watts pour plus d'autonomie en croisière hauturière.
"Nous sommes dans la phase de prise en main et on va l'adapter au fur et à mesure pour les projets divers et variés que l'on a. C'est un bateau que l'on va utiliser régulièrement, notamment le soir, après le travail. Ça permet de s'aérer facilement", détaille Louis-Marie.
Un comportement marin dans toutes les conditions
De ses premières navigations, Louis-Marie en retire beaucoup de points positifs.
"C'est un bateau qui se comporte super bien dans le petit temps comme dans le gros temps. Il est assez sécurisant dans ce sens-là. Il a de bonnes aptitudes dans le petit temps. Avec 6/7 nœuds de vent au reaching, on avance à 6/7 nœuds. C'est un super ratio. C'est un bateau très agréable. Une très bonne surprise !", raconte Louis-Marie.
Néanmoins, le jeune homme reproche quelques défauts, heureusement comblés par ses qualités marines.
"Il roule au portant. Au début c'est assez surprenant. Surtout quand il n'y a pas beaucoup de vent. C'est un peu contraignant pour des gens qui n'ont pas le pied marin" conclut Louis-Marie.