J'ai mis beaucoup de temps depuis mon premier article à vous donner des nouvelles. J'ai aussi mis beaucoup de temps à trouver un bateau. Pour rester dans mon budget, j'ai fait le choix d'un bateau d'occasion. Voici un aperçu de ma démarche.
Le marché des bateaux
Avec la crise sanitaire, les chantiers ont produit beaucoup moins de bateaux. En parallèle, la demande de bateaux de plaisance a beaucoup augmenté, sans doute un effet du confinement. Le résultat est que le marché des bateaux d'occasion a été très tendu ces derniers mois.
Pour les bateaux de course IRC, qui sont ceux utilisés sur la Transquadra, le phénomène a été amplifié par les régates qui se sont reportées. La Transquadra par exemple a été retardée d'un an, ce qui a mis moins de bateaux sur le marché de l'occasion.
Le choix du bateau
La performance est bien sûr essentielle pour un bateau de régate. Mais aussi :
- La capacité à le mener seul ou à deux dans un projet en double. La Transquadra autorise des bateaux jusqu'à 36 pieds, ce que je trouve un peu gros en solitaire.
- La capacité à revendre le bateau à la fin du projet, et le prix potentiel de revente. Un bateau neuf décote vite les premières années. Un proto très spécifique peut s'avérer difficile à revendre.
- Et le prix, incluant tout ce qu'il faudra ajouter. Par exemple, l'électronique et le pilote automatique sont des postes de coût, mais aussi les voiles, le matériel de sécurité, et… Sur ce sujet, c'est le même dossier que pour tous les bateaux, et les articles à ce sujet ne manquent pas comme sur Bateaux.com. Par exemple, le budget d'un ensemble pilote + centrale sur un bateau de course est significatif.
Mes choix de bateaux :
- SunFast 3200, de préférence R2
- JPK 1010, un peu en dessous en préférence
- l'A35 que je trouve un peu gros
- l'A31 et le JPK 960 que je trouve un peu petits.
Encore plus loin dans mes préférences, le JPK 10.80 et Sunfast 3600 de toute façon trop chers. Les bateaux de l'année comme les JPK 1030, Sunfast 3300 et J99 sont généralement hors de mon budget.
En termes de budget justement, les Sunfast 3200 vont de 70 000 à 100 000 €. Les R2 sont plus chers, car plus rares et plus récents. Ils se rapprochent des JPK 1010, dont les premiers prix commencent à 140 000 €. Les A35 valent entre 80 000 et 110 000 €. Les A31 et JPK 960 sont moins chers (entre 60 000 et 80 000 €). Pour un bateau de l'année, l'ordre de grandeur est 240 000 €.
Rechercher un bateau
Passer par un broker peut être intéressant, surtout s'il connaît le domaine. Il connaît le marché, les différents bateaux, les démarches et les financements… Jean Baptiste Lemaire, chez Antipode Yachts, m'a été très précieux. Il a fait une mini-transat et la Transquadra en 2017, il connaît donc bien le sujet. Il visite chacun des bateaux qu'il vend et organise les transports de bateaux.
Une autre source est les forums des courses (Transquadra ou autre), ainsi que les petites annonces. J'ai en particulier suivi :
- Le forum de la Transquadra
- LeBonCoin
- The yacht market
- Band of boats
- Youboat
Et après, il faut être dessus quasiment tous les jours, ne pas se décourager et être rapide à se décider. Mais le marché va peut être se détendre et ce sera plus simple.
Financement
Sauf à disposer de l'argent immédiatement disponible, il faut passer par un dispositif de financement. Pour un bateau d'occasion, il n'y a guère d'autres solutions que l'emprunt, ou la reprise de LOA.
Une LOA ne peut être souscrite qu'auprès d'un professionnel (bateau neuf ou cas particulier d'un bateau propriété d'un chantier ou distributeur). Elle peut aussi être transférée d'un particulier à l'autre en cas de rachat d'un bateau. L'intérêt de la LOA est qu'elle permet de ne payer que 10% de TVA (NDLR: avant le changement de réglementation en novembre 2020).
Et alors, ça en est où ?
Après plus de 6 mois de recherches intensives, j'ai trouvé un Sunfast 3200 R2.
Le Sunfast est un des premiers bateaux dessinés pour la Transquadra et plus généralement la course au large en solitaire ou en double. Le bateau a été un gros succès commercial avec plus de 250 exemplaires vendus.
Avec une carène assez large, des doubles safrans, le bateau est taillé pour le large, il a un rating IRC compétitif et est en catégorie A qui permet de traverser l'Atlantique.
Par rapport au Sunfast 3200 initial, la version R2 a 3 évolutions :
- un cockpit ouvert plus léger, et qui permet d'accéder plus facilement aux safrans quand il y a des algues dedans.
- un mât carbone, plus léger, un peu plus haut et qui porte un peu plus de voile par petit temps
- une quille droite en plomb, plus hydrodynamique et avec un handicap IRC plus favorable.
Avec la sortie du SunFast 3300, cette version R2 a été produite en un petit nombre d'exemplaires. Il est assez recherché. C'est un bateau qui aura une seconde vie en croisière grâce à ses 2 cabines arrière confortables. Par rapport à la dernière génération comme les SunFast 3300 ou JPK 1030, il faudra voir. Certains disent que les nouveaux sont plus rapides, d'autres que ça dépend des allures et des conditions, d'autres que les anciens sont plus polyvalents… Pour prendre les dernières régates, la CAP 45-11 a été gagnée par un SunFast 3200 en solo. Nous verrons bien, mais il semble qu'il y ait match…
Le bateau est de 2017. Durant 2 ans, il a navigué en régate au Cap d'Agde et en Méditerranée, avec de bons résultats. Puis il a été racheté par David qui s'en est très bien occupé. L'ensemble des équipements constitue une bonne base.
L'achat est conclu après une visite approfondie du bateau de fond en comble, une sortie de l'eau pour voir la carène, une petite sortie en mer pour voir comment tout fonctionne. Le bateau est à Port Camargue. Heureusement, j'étais à Martigues en vacances, à un peu moins de 2 h de route pour faire les divers aller-retour.
Premiers "bords"
Comme bien souvent, les premiers bords sont administratifs et logistiques :
- Conclure la vente
- Transférer la LOA vers moi. Dans mon cas, la LOA est plus avantageuse que de conclure un emprunt.
- Assurer le bateau. Mon assurance couvre le bateau en régate jusqu'à 1000 miles. Il faudra que je vois pour la transat, mais j'ai le temps d'ici là !
- Et enfin, organiser le transport de Port Camargue jusqu'au Havre. Ça, je vous en parle plus tard.