Le CBD, dérivé exempt de THC - la molécule interdite en France - du Cannabis est aujourd'hui toléré dans notre pays. Pour cette raison ont fleuri de nombreux points de vente qui se targuent de proposer aux consommateurs des produits qui vont les aider à se détendre et à se sentir mieux.
Évidemment, nous ne parlons ici que de la prise de CBD à but récréatif, les personnes qui absorbent cette substance à visée thérapeutique doivent se conformer à leur prescription.
Quels effets à bord d'un bateau ?
Les consommateurs de CBD le font pour obtenir différents effets. On parle de détente, de relaxation musculaire et de diminution du stress. Certains peuvent connaître des hallucinations, aussi.
Ces effets voulus seront, comme pour toute substance psychoactive, accrus par la prise simultanée d'alcool (y compris en dose autorisée) ou, encore, de certains médicaments, y compris les plus classiques. Ainsi, par exemple, la consommation de CBD en même temps qu'un antibiotique très courant tel que la Josacine est particulièrement à risque.
Dans notre domaine, deux catégories de médicaments se retrouvent fréquemment. Les antiémétiques (tels que Mercalm) verront leurs effets sédatifs fortement accrus et leur effet contre le mal de mer diminué par l'apparition possible de pertes d'équilibre.
Seconde famille courante à bord, les antifongiques (Ketoderm par exemple). Ils agissent contre les mycoses et les champignons qui peuvent se développer sur le corps dans un environnement humide et chaud comme celui d'un bateau. Même chose, les risques de somnolence voire de comas sont extrêmement élevés avec des traitements.
Les effets secondaires directs de la prise de CBD peuvent être assez pénibles à bord d'un bateau. On parle de sédation, somnolence, fatigue, diarrhées, nausées, vomissements ou encore fièvre. Des cas plus sévères peuvent se présenter et nécessiter une médicalisation rapide de la victime (état de confusion, étourdissements, chute de tension artérielle notamment).
Du côté de la réglementation maritime
"En cas de d'évènement important (abordage, accident avec atteintes aux personnes …) l'enquête menée induira la détection des produits altérant la lucidité" nous explique la gendarmerie maritime de Saint-Malo. Et cette détection sera remise au juge, qui pourra estimer que la prise de CBD a été une circonstance aggravante à l'accident rencontré.
De son côté, le site Drogues Infos Services explique "En France, le CBD en lui-même n'est pas dépisté par les tests de dépistage classiques. La substance unique recherchée dans le dépistage du cannabis est le THC. La consommation de produits à base de CBD pur ne peut pas entraîner de dépistage positif au cannabis."
Pour autant, on ne peut pas en arriver à la conclusion que la prise de CBD est autorisée lorsqu'on se retrouve à la barre d'un bateau. En effet, même s'il n'est pas illégal de consommer du CBD, le fait de se mettre, volontairement, en état de vigilance moindre, effet supposé de la substance représente un élément à même de diminuer la prise en charge de l'assurance en cas de sinistre. Plus grave, cette consommation peut devenir une circonstance aggravante en cas de passage au tribunal.
Nous avons contacté Ouest Assurance pour recueillir l'opinion d'un assureur. L'explication est quelque peu technique, mais elle laisse la porte ouverte à un risque réel. "L'assureur ne peut pas demander à chaque assuré s'il consomme telle ou telle substance, c'est du domaine de la liberté de chacun." nous explique le courtier.
"Cependant, si l'état de conscience est clairement modifié et qu'il y a un sinistre grave, l'assureur possède le droit de demander une déchéance de garantie au juge, partant du principe que l'assuré a pris un risque inconsidéré. C'est rarissime et cette altération de l'état de conscience est à prouver par l'assureur, mais cela n'est pas inconcevable."
La déchéance de garantie signifie que l'assureur, s'il est conforté dans sa demande par le juge, ne couvrira pas l'assuré du sinistre qui est survenu. Qu'il s'agisse des frais de l'assuré lui-même (sur son propre bateau) ou aux autres, le client en sera de sa poche.
Appel au bon sens du plaisancier
Le bon sens marin et, au-delà, d'adulte doit gouverner les choix de consommation éventuelle de toute substance psychoactive. Qu'il s'agisse d'alcool, de cbd ou de médicaments, il est de la responsabilité du chef de bord d'estimer s'il demeure en mesure, après cette consommation, de réaliser les manœuvres nécessaires à la sécurité de son équipage, de son embarcation et des autres usagers.