Mise à l'eau du trimaran SVR Lazartigue
Longuement attendue par son skipper François Gabart et l'équipe de Mer Concept qui l'accompagne, la mise à l'eau du nouveau trimaran SVR Lazartigue a eu lieu à Concarneau le 22 juillet 2021. Conforme à la jauge Ultim, le multicoque de 31 mètres de long pour 23 mètres de large a touché l'eau après plus de 3 ans de gestation. Le lancement du projet a été acté fin février 2018, avec son ancien sponsor Macif. Après avoir été mis en standby en novembre 2018 suite aux incidents de la Route du Rhum et à la perte du voilier concurrent Banque Populaire IX, le projet est relancé à la fin de la même année. Il connaît de nouvelles difficultés avec le départ du sponsor historique de François Gabart en juin 2020, mais la construction continue. "On a rien lâché" dit le skipper, avec des trémolos dans la voix. C'est finalement aux couleurs de la marque de cosmétiques SVR Lazartigue que le bateau naviguera sur le circuit Ultim.
Un réflexion poussée sur l'aérodynamique du bateau
Dès le premier coup d'œil, le bateau tranche dans son aspect extérieur. Un travail très poussé a été mené sur les aspects aérodynamiques. La zone de manœuvre et de pilotage du bateau est intégrée dans la coque centrale, sous le pont. Seuls deux bulles, à l'allure de cockpit d'avions de la seconde guerre mondiale, assure la visibilité pour le barreur et la veille. Elles donnent accès au pont, complétées par une porte dans le bras arrière, qui dessert un petit cockpit extérieur, doté d'une barre pour les manœuvres.
"Plus on va vite plus, plus l'aérodynamisme et la protection sont important. A 50 nœuds, avec le vent apparent, on plus de 100 km/h de vent apparent et il est parfois difficile de garder les yeux ouverts. On a par exemple prévu la bâche tendue à l'avant permet d'intégrer les galettes d'enrouleur des voiles d'avant et par exemple de stocker quelques voiles sur le pont. On se pose des questions sur tout. Si on pouvait se passer des trampolines, on le ferait ! Après, il y a des questions réglementaires et de sécurité" explique François Gabart. Il raconte également avoir réfléchi, lors des prémices en 2017 à une plateforme de catamaran et aux ailes rigides.
Une plateforme pour les bateaux du futur
Voler nécessite d'être léger, et les matériaux utilisés ont encore loin d'être vertueux écologiquement. S'il en est conscient, le skipper voit dans son nouveau bateau une plateforme pour faire évoluer les façons de naviguer dans le bon sens, à plus long terme. "Aujourd'hui, ce bateau est composé à 99,9% de carbone, avec un peu de biocomposites dans le cockpit. Mais en revanche, 99,9% de recherches que nous menons sont sur des solutions renouvelables, à travers le recyclage pour du carbone ou des biocomposites. On est désormais capable de faire une analyse du cycle de vie précis du bateau et de voir ou progresser pour faire une vraie éco-conception. Les Ultim sont ultimes au sens littéral du terme et permettent de trouver des idées pour les bateaux de demain et faire évoluer une moindre consommation d'énergie" anticipe le skipper du trimaran.
L'Atlantique en course et en record, avant le tour du monde en solitaire à la voile
Le trimaran SVR Lazartigue devrait tirer ses 1ers bords d'ici fin juillet 2021, afin d'être prêt à traverser l'Atlantique avec le duo François Gabart et Tom Laperche lors de la Jacques Vabre 2021 en novembre. La Route du Rhum en solitaire est au programme 2022, ainsi qu'un record de l'Atlantique si le timing le permet, avant la 1ère course autour du monde en solitaire des Ultim en 2023. Quant au retour à la navigation, après de nombreux mois d'absence sur les lignes de départ de la course au large, François Gabart l'aborde sans angoisse. "J'ai avant tout de l'excitation. La voile, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas !" conclut-il.