Offre opérationnelle de piles air-aluminium
La technologie des piles air-aluminium est connue depuis les années 1970, mais reste peu développée. La société britannique Metalectrique entend la démocratiser dans le secteur automobile, mais également dans le maritime. "Il s'agit d'une réaction chimique, avec à la base de l'aluminium, de l'air, de l'eau salée et un peu de poudre magique pour favoriser la réaction. Ce n'est pas une batterie rechargeable comme du lithium. Il faut renouveler l'aluminium, comme l'hydrogène pour une pile à hydrogène. Les 1ères versions dans les années 1970 avaient 2 ou 3 inconvénients majeurs, avec une électrolyte toxique, le besoin d'aluminium pur très cher et une pollution par le CO2. Ce n'est plus le cas. La technologie de Metalectrique a été développée initialement avec l'Université de Nantes et Thierry Brousse. On a une solution finalisée, commercialisable pour l'automobile depuis mars 2021 et l'on travaille sur des projets sur mesure pour le naval" explique Stéphane Collard, en charge du développement commercial.
De l'électricité pour la propulsion comme pour les besoins du bateau au mouillage
La première approche de Métalectrique pour le secteur du nautisme s'est portée sur les besoins en énergie pour la servitude des bateaux. "L'idée est de pouvoir remplacer un groupe électrogène. Pour remplacer un GE de 100 kW, on peut proposer une installation air-aluminium de 134 kg, prête à l'emploi, avec 31 disques d'aluminium remplaçables de 8,5 kg chacun. L'énergie disponible est de 1126 kWh. L'équipage est en capacité de changer les disques. Cela peut être rapide. Sur la version automotive, on peut changer 7 disques en 90 secondes" relate Stéphane Collard. En revanche, il est nécessaire d'avoir une bonne accessibilité pour la manipulation, ce qui rend la solution plus adapté à un bateau neuf conçu pour cela ou à des unités importantes de plus de 24 mètres, en refit, avec de l'espace dans la zone machine.
Un développement a rapidement été mené en parallèle pour des bateaux dotés de moteurs électriques pour la propulsion. "On travaille sur un bateau de 8 mètres qui veut remplacer une partie de son parc de batteries lithium de 140 kWh. A coût identique, en n'en remplaçant qu'une partie, on arrive à 200 kWh On étudie également des installations sur des voiliers" précise le commercial.
L'entreprise indique fournir une énergie de 1350 Wh/kg, 8000 Wh/L en volume et une puissance de 206 W/kg. "On est 9 fois plus léger que du lithium et 4 fois moins gros en terme d'énergie et à peu près comparable en puissance. Notre intérêt est de pouvoir adapter en fonction de l'utilisation si l'on privilégie la puissance disponible ou le stockage d'énergie" souligne Stéphane Collard.
Un marché nautique large
Metalectrique voit dans le maritime et la plaisance un large débouché, sans préciser de volume. "Il y a des applications pour remplacer des groupes électrogènes, pour la propulsion... On a pris contact avec des distributeurs comme VDM-Reya ou Plastimo. C'est intéressant car cela reste moins cher du KWh embarqué qu'une recharge EDF et même qu'une association panneau solaire – lithium si l'on prend en compte le remplacement des batteries qui vieillissent. De plus, c'est 100% recyclable et l'hydroxyde d'aluminium [NDLR : ce qui reste de l'aluminium après réaction et que l'on peut extraire de l'électrolyte] peut être revendu dans l'industrie. Et l'aluminium est un produit, pour lequel il faut certes de l'énergie pour le produire, mais que l'on trouve assez couramment" conclut le représentant de Métalectrique.