C'est un échange inspirant et généreux avec Cyrille Cremades, qui nous permet d'en savoir plus sur l'association Fifty fifty sail et ses actions concrètes et solidaires.
Parce que l'amitié et les volontés communes permettent de réaliser de grandes choses. Parce que le sujet est lourd et terriblement actuel. Parce que les ambitions sont nobles et courageuses. Parce que le sport est vecteur de reconstruction pour les femmes victimes de tous types de violences. Voilà les bases qui forgent les fondations de l'association.
La naissance du projet
Dans les années 2000, Cyrille Cremades est éducatrice sportive au Yacht Club de Carnac, et Nathalie Grubac monitrice de ski en Haute-Savoie. Leur rencontre et leur complicité sportives vont sceller une amitié profonde.
En 2017, Nathalie et Christian Douchement créent la ''Fifty fifty'', une association autour des deux disciplines sportives que sont le ski et le vélo. Très rapidement, Nathalie propose à Cyrille d'y associer la voile. Que l'on évoque le vélo, le ski ou la voile, la volonté assumée de nos trois initiateurs est de favoriser la reconstruction par le sport de femmes ayant subi des violences.
C'est ainsi que naît la ''Fifty fifty sail'', une régate solidaire ancrée dans le territoire breton et morbihannais, accessible à tous et 100 % mixte.
Son parcours dans la voile sportive en équipage de haut niveau (elle est championne d'Europe IRC 2018 en équipage sur un J/112) a permis à Cyrille de développer sa connaissance de cet univers et sa sensibilité sur la faible représentation des femmes dans la régate en équipage. ''On voit pleins de pays à l'international qui ont 2 ou 3 nanas à bord. On n'y arrive pas en France : une femme dans un équipage d'hommes, c'est quasiment inexistant''.
La mixité est donc imposée sur cette régate, et elle permet à celles qui n'osent pas, qui ont peur, de partir à la découverte de nouvelles sensations sur l'eau.
Mixité et réparation des corps et âmes
La chape de silence se brise difficilement sur le sujet tabou et lourd à porter des violences faites aux femmes. Hélas, nous sommes tous concernés. En effet, il n'y a pas de règle et aucun milieu social n'est épargné. Et cela fait encore plus écho aujourd'hui avec le Covid, car la situation ne s'améliore pas.
La mission première de la Fifty fifty sail est donc de collecter des fonds pour financer un programme de reconstruction par la voile des femmes victimes de violences.
La ''fifty Fifty sail'' souhaite mettre en avant auprès du plus grand nombre que :
- la mixité est une richesse et démontre la complémentarité femmes et hommes.
- le sport est vecteur de réparation des corps et des âmes.
L'idée ici, malgré la notion de régate, n'est pas de faire de la compétition. La voile est perçue comme un symbole de larguer les amarres au propre comme au figuré, et d'ouvrir son horizon. Faire équipe, être dans le même bateau : autant de perspectives qui promettent de changer de cadre, de réaliser des manœuvres ensemble, de créer des moments de complicité forte, tous ces éléments qui participent à retrouver bien-être et estime de soi.
Les soutiens : ambassadeurs et partenaires
La Fifty fifty sail sait s'entourer d'ambassadeurs représentatifs des valeurs sportives. De grands noms de la voile (Isabelle Joschke / Yves Le Blevec / Fabrice Amedeo / Justine Mettraux) et du ski (Carole Montillet) ont parrainés les premières éditions et seront à nouveau présents cette année.
La mairie et un grand nombre de commerçants de la Trinité sur Mer contribuent à la réussite du projet lors de chaque édition. Citons l'AQTA, la Compagnie des Ports du Morbihan qui accueille gracieusement les voiliers venant des ports extérieurs, le camping Plijadur qui offre des hébergements, la Galerie Plisson, la boutique Musto, le Supermarché Bio et bien d'autres.
Sur l'eau ?
La régate sur l'eau, soutenue par la FFVoile, engage tous les voiliers de plus de 6 mètres. Elle reste accessible aux personnes qui n'ont pas beaucoup d'expérience de la voile, par un parcours côtier délibérément court. ''Pour mettre le pied à l'étrier et ouvrir à plus de monde, un petit format est adapté : je les emmène sur l'eau pour 5 heures'' confie Cyrille.
À noter qu'une bourse aux équipiers permet aux personnes qui souhaitent naviguer et qui n'ont pas de bateau ni de contact avec des propriétaires de voiliers de participer. ''L'année dernière, toutes les personnes inscrites sur la bourse aux équipiers ont été placées sur les bateaux. Et c'était juste génial. Il y a eu de belles rencontres humaines, c'était magique !''
Les éditions précédentes
L'édition 2019 rassemble une vingtaine de bateaux et environ 60 personnes. Les fonds récoltés sont reversés sous forme de chèque à l'institut partenaire pour un montant de 1800 euros. Malgré l'empreinte du COVID-19, l'édition 2020 rencontre un joli succès et réunit à nouveau une vingtaine de bateaux et un peu plus de participants, car les voiliers sont plus gros.
En préambule à la régate, les "premières rencontres du nautisme au féminin" sont organisées en tables rondes pendant 3 heures d'échanges ouverts et passionnants des professionnels du nautisme local sur le thème de la mixité dans le milieu de la voile sportive.
La part belle est faite à la mixité mer et montage sur cette édition. Les stations de ski du Mont Jura sont représentées et la richesse des échanges est à l'image de la générosité des organisateurs et des participants. Des artistes viennent aussi montrer leur engagement pour cette cause.
Après la deuxième édition, les contraintes sanitaires mettent un coup de frein aux actions. Les programmes sportifs envisagés grâce à la cagnotte de 3 800 € sont mis en veille.
La 3ème édition en 2021 : continuité et nouveauté
L'édition 2021 reste dans la continuité des précédentes, car les bases sont essentielles pour la cohérence de la démarche : mixité totale, don, échanges sportifs entre mer et montagne.
Pour aller plus loin cette année dans la réflexion sur la mixité dans la voile sportive, l'association propose les premières "assises nationales du nautisme au féminin", sous le haut patronage de Madame Moreno, Ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes.
Elles se tiendront le vendredi 10 septembre au soir. La régate sous forme de parcours côtier de 5 heures aura lieu le samedi. Un parcours construit sera ajouté le dimanche matin pour ceux qui le souhaitent, à la demande des navigants qui voulaient prolonger les moments de plaisir sur l'eau. Le week-end sera clôturé par un grand pique-nique convivial.
Cette année, le parrain et la marraine seront issus du monde de la voile. Leurs noms ne peuvent pas être dévoilés pour l'instant.
Les bénévoles sont enthousiastes et recrutent pour cette nouvelle aventure qui prend de l'ampleur. ''Nous voulons amener du positif et aller plus loin !''
L'ouverture des inscriptions est annoncée pour le mois de juin 2021. Les frais de participation sont relativement élevés et s'expliquent par la moitié du montant reversé sous forme de don à la cause soutenue.
Les débats sont nécessaires pour comprendre et lutter contre ces violences et discriminations visant les femmes. Les actions sont essentielles et la Fifty fifty sail est une réponse concrète et très positive, que nous devons entendre pour lutter tous ensemble, autour des valeurs du sport et du partage. Ce serait un beau challenge et une belle réussite si cette régate devenait une classique du sport mixte !