La vie en famille à 6 toute l'année sur un voilier de 8,50 m, comment s'organiser ?

Blowing in the Winde, l'Ericson 28 de Tom & Anna

Lorsqu'une famille de 4 enfants et deux adultes décide de s'installer sur un bateau pour y vivre toute l'année, il faut que chacun accepte la vie, la position et les contraintes de l'autre. Se crée alors une émulsion passionnante et attirante que Tom, Anna, Roo, Zibby, Mia et Xani nous ont gentiment présentée.

Décider, avec 4 enfants, de changer de vie. Sacrifier son confort terrestre pour aller vivre sur un bateau, aussi confortable qu'il puisse être, représente un projet d'ampleur. La vie à bord, nous sommes allés en parler avec Tom et Anna dont le bateau, un Ericson 28 (8,50 m seulement !), est mouillé pour le moment sur la côte Sud-Est des Etats-Unis, actuellement dans la marina d'Indiantown, en Floride.

Scolarité alternative

Depuis 3 années qu'ils vivent sur leur bateau, la manière dont ils ont abordé la vie dans son ensemble a fondamentalement changé. La scolarité des enfants de 12, 8, 5 et 3 ans a été ré-orientée vers du "home schooling", forme de scolarité alternative. Ainsi, les enfants sont autonomes avec leurs parents pour toute la partie apprentissage, tandis que les questions administratives (diplômes, application des programmes …) sont gérées par l'école.

Chaque jour, les apprentissages académiques sont dispensés le matin, tandis que les après-midi sont consacrés à la vie courante, ce que Tom appelle "La vie régulière". Loin d'être dépourvue d'apprentissage, il n'y a qu'à entendre la cadette et son aînée parler de tirant d'eau ou de quille à ailettes pour s'en convaincre.

Réduction drastique de l'empreinte de leur vie sur l'environnement.

Le bateau a été démotorisé et les réservoirs de carburant déposés eux aussi. L'idée étant de ne disposer que d'énergie auto-produite pour alimenter le matériel embarqué, avec parcimonie. Les déplacements du bateau, lorsque le vent n'est pas suffisant, se font à la godille.

Tom a effectué des recherches et le résultat est que le modèle Yuloh est le plus adapté à son bateau.. Et tout l'équipage est à la tâche, adultes comme enfants. L'objectif est que chacun prend part à toutes les tâches pour que chacun puisse jouir de la vie à bord.

Une philosophie alternative de partage à tous les niveaux

Les enfants comme les adultes participent aux tâches du quotidien. Depuis l'entretien du bateau jusqu'à la préparation des repas, le principe est que chacun puisse profiter de sa vie, ce qui nécessite que chacun participe à la vie de l'ensemble. L'exiguïté de l'espace est ainsi combattue par l'implication réciproque des uns et des autres et de l'importance que chacun investit dans le bien-être de l'autre.

Une vie en interaction permanente

Les enfants, loin de l'image qu'on peut se faire, ne vivent pas en vase clos. Tom nous explique "L'avantage pour les enfants de vivre sur un bateau est qu'ils sont en interaction permanente avec des personnes qui n'ont pas le même âge qu'eux. Lorsque nous rencontrons d'autres familles, ils s'accommodent de la présence ou non d'autres enfants. Nous faisons tous partie du même équipage avec des compétences diverses et, à ce titre, nous travaillons tous sur l'ensemble du bateau. Pour nous assurer qu'ils maintiennent une vie sociale avec des enfants du même âge, nous les avons inscrits dans une école classique pour un semestre. Toutes nos craintes ont été levées, nos enfants sont capables de créer et de maintenir une vie sociale, nous ne les avons pas transformés en sociopathes !"

La vie de couple, elle aussi, est bouleversée par un tel mode de vie. Car qui dit espaces exigus dit aussi promiscuité, dans les bons comme dans les moins bons moments. Comment Tom et Anna gèrent-ils cette proximité perpétuelle ?

Cultiver son espace intérieur

"Nous disposons tous les deux d'une capacité à entretenir un espace intérieur important, sans nécessité de disposer de cet espace en réel. Nous faisons en sorte que nos activités intellectuelles (Anna est écrivain, Tom est informaticien / formateur / Administrateur de bases de données) nous permettent, nous obligent même, à l'évasion. C'est ainsi que nous pouvons, ensuite, nous retrouver ensemble, en couple et en famille après ces voyages intérieurs. Les sujets que nous traitons sont tous extérieurs au bateau, je pense que c'est considérable de posséder l'esprit qui divague ainsi. Si la promiscuité ne demeure pas un souci pour nous, adultes, les enfants, par contre, éprouvent le besoin d'énormément d'espace pour bouger, se dépenser et grandir. C'est la raison pour laquelle nous sommes en permanence à la recherche de solutions pour élargir l'espace dans le bateau. Les déposes du moteur et du réservoir, par exemple, avaient aussi ce gain de place comme objectif."

Les amis et visiteurs de la famille sont au courant du mode de vie et du caractère différent de la vie sur un bateau. C'est donc en conscience qu'ils viennent leur rendre visite. Tom nous explique qu'il y a constamment une solution : "Nous savons bien que les visiteurs ne peuvent rester très longtemps. Généralement, ceux qui nous rendent visite restent à l'hôtel pour ce qui est de l'hébergement. Et lorsque c'est nous qui voulons les rencontrer, nous pouvons louer une maison de vacances pour passer du temps avec ceux qui nous sont bien-aimés".

Des projets à court terme

Tom et Anna veulent une vie qui ira au rythme qui convient à la tribu. Ils se projettent sur le terme bref, tout en gardant à l'esprit que les enfants doivent développer une liberté de penser et de créer. Ils se fixent une visibilité à 12 mois maximum, pour bénéficier du bien le plus précieux, le temps.

Lorsqu'on aborde leur mouillage dans 6 ou 12 mois, Tom nous répond : "D'ici 6 mois, nous serons peut-être mouillés quelque part sur la côte Ouest de la Floride. Sans doute quelque part vers le Nord de la Géorgie. Ou encore à Luperon, en République Dominicaine. La seule contrainte sera de se mettre à l'abri avant la saison des cyclones." Et il termine : "C'est trop tôt, on n'a aucune idée en fait de l'endroit où nous serons alors !"

Plus heureux

On aimerait prendre part à la vie de Tom, d'Anna et de leurs enfants, tant elle semble légère et facile. Le Bonheur, ils l'ont certainement trouvé.

Certainement même, c'est ce que Tom nous explique lorsqu'on lui demande comment il se sent, maintenant : "Je suis heureux. J'ai conscience qu'il fallait un courage réel pour naviguer et me confronter à mes incapacités ou mes incompétences. J'ai accepté de devenir le seul maître à bord et de sortir de ma zone de confort. La navigation, c'est ça, ne jamais demeurer dans sa zone de confort et l'accepter".

Plus d'articles sur le thème
Pour aller plus loin
Ericson 28+ La fiche technique
8.69 mLongueur hors-tout
3.20 mLargeur - Bau
3 402 kgDéplacement lège
Voir la fiche technique du Ericson 28+

Ericson Yachts Découvrir

Réagir à cet article
Michel Rivière
Michel Rivière
Un grand bravo .
Ajouter un commentaire...