La voile, un sport mixte
Samantha Davies, Clarisse Crémer, Alexia Barrier, Isabelle Joschke, Pip Hare, Miranda Merron. Ces noms ne vous sont sans doute pas inconnus et il y a de quoi, puisqu'elles font partie de cette nouvelle génération de navigatrices prêtes à relever les plus grands défis ! Volontaires, motivées, courageuses, elles font preuve d'abnégation, pour preuve avec Samantha Davies et Isabelle Joschke, qui malgré leur abandon sur le Vendée Globe 2020/2021 ont décidé de terminer la course hors-course.
Il est loin le temps où l'on clamait haut et fort que les femmes n'étaient pas les bienvenues à bord d'un bateau. La preuve, elles n'ont jamais été aussi nombreuses à pratiquer la voile de compétition ! Jeunes ou moins jeunes, célibataires ou mariées, mères ou non, elles ont décidé de porter leurs ambitions au plus haut et d'intégrer un monde habituellement réservé aux hommes… Mais en pleine mutation !
Car s'il est un sport qui œuvre pour la mixité, c'est bien celui de la course au large !
La voile, c'est le seul sport ou les hommes et les femmes naviguent à égalité, sans différence de classement. C'est d'ailleurs ce qu'expliquait Clarisse Crémer à son arrivée du Vendée Globe 2021.
"J'ai entendu dire que j'étais la femme la plus rapide d'un Vendée Globe, mais c'est un sport mixte, il n'y a pas de classement homme/femme. C'est sûr que c'est chouette d'être la première femme à boucler la course, être une femme dans le monde de la voile c'est cool, mais encore une fois il n'y a pas de classement féminin/masculin."
"En France, les femmes dans la voile ont énormément de chance. Sportivement, elles ont carrément leur place. Il n'y a pas de barrières dans la voile, mais c'est plutôt à cause d'une vision qu'a la société qu'il est difficile pour une femme de faire carrière dans la course au large. Pourtant, il y a des sponsors qui disent vouloir sponsoriser les femmes, mais le regard de la société pèse lourd.
En Class40 (NDLR : À l'époque Miranda Merron naviguait en Class40), il n'y a pas absolument pas de machisme. Dans la voile française plus globalement, je ne pense pas non plus. Ce qui n'est pas le cas dans d'autres pays, où les femmes ne sont généralement même pas invitées à naviguer."
Des courses qui imposent la mixité
Si on 2012, on pouvait lire dans les colonnes du Monde que vivre en promiscuité avec des femmes pouvait s'avérer compliqué sur une course en équipage, ou encore que ces dernières manquaient de force physique, les choses ont évolué.
En 2017, la Volvo Ocean Race (devenue aujourd'hui The Ocean Race) imposait une règle de mixité au sein des équipages. En 2024, les Jeux Olympiques pourraient également accueillir la première épreuve de course au large en duo mixte.
Certes, les équipages uniquement féminins – comme Team SCA sur la Volvo Ocean Race 2014-2015 – ou mixtes sont encore rares. Marie Riou, ancienne équipière du défi français sur le circuit Sail GP était la seule femme parmi plus de 30 navigateurs.
Projets en solitaire principalement
Mais aujourd'hui, les femmes sont présentes dans de nombreuses classes de la course au large, depuis le Circuit Mini, en passant par la classe Figaro, la Class40 ou encore la classe IMOCA. Pour preuve, elles étaient 6 navigatrices à prendre le départ de ce Vendée Globe 2020/2021, une première !
Et avec des projets qui tiennent la route, comme Samantha Davies et Isabelle Joschke, dont les sponsors leur ont confié la barre de foilers, certes pas de dernière génération, mais upgradé pour la performance. Dans le même style, la jeune Clarisse Crémer s'est vu confié la barre de l'IMOCA Banque Populaire alors qu'elle mettait un pied dans la voile de compétition seulement quelques années auparavant !
Et elles ont toutes la reconnaissance et l'admiration de leurs pairs masculins, la preuve avec Jean Le Cam venu accueillir Pip Hare à son arrivée aux Sables d'Olonne, la trouvant "épatante". Arnaud Boissières félicitait également Isabelle Joschke et Samantha Davies lors de sa conférence de presse d'arrivée.
"Je pense aussi à Samantha et à Isabelle Joschke. Elles ont fait une escale et elles finissent. Et comme par hasard ce sont deux femmes. Les femmes ont une force de caractère et une puissance que l'homme n'a pas. La preuve c'est deux femmes qui se sont arrêtées continuent et Samantha est extraordinaire parce qu'arrivée en Afrique du Sud, nous a envoyé une photo d'elle au bar en train de boire une bière dans le groupe WhatsApp. C'est juste formidable. Elle aurait pu pleurer dans son coin, se dire qu'elle est au bout du monde et que c'est fini. Mais au contraire. Elle nous envoyait sans arrêt des messages. Je trouve ça génial. Samantha et Isa j'espère qu'il y aura du monde pour les accueillir parce que ce qu'elles font c'est extraordinaire. Ca fait quelques éditions sur lesquels quand on arrêtait le Vendée Globe, on ne continuait pas. Mais ces deux femmes vont le finir. Et je peux dire qu'elles en ont vraiment ! En dehors du fait qu'elles sont extrêmement fortes sur l'eau, elles sont extrêmement jolies aussi, ce qui n'enlève rien."
Seules les classes Multi50 ou Ultimes ne sont pas représentées par des navigatrices. Ces projets élitistes à plusieurs millions d'euros ne sont de toute façon pour l'instant réservés qu'à une poignée de marins.
Pourtant, avant le départ du Vendée Globe 2021, Romain Attanasio, qui partage la vie de la navigatrice Samantha Davies, nous avait confié l'hésitation de sa femme entre son actuel projet IMOCA et un projet en Ultime. Alors à quand une navigatrice en Ultime ?