Nous attendons votre avis sur le forum : Quelle retraite pour les bateaux de course ?
Geodis est le voilier qui a remporté une des épreuves reine de la course au large, le Vendée Globe en 1996/97 (la 3e édition avec Christophe Auguin comme skipper). Il a été racheté par un propriétaire qui semble avoir aujourd'hui peu d'intérêt pour son voilier. Ce bateau dessiné par les architectes Jean-Marie Finot et Pascal Conq est fabriqué en carbone/Nomex. Il a un tirant d'eau de 4,50 mètres, mais possède la première quille pivotant que l'on retrouve désormais sur tous les IMOCA aujourd'hui. Avec son étrave particulièrement basse sur l'eau, c'est un archimédien du passé. Ce n'est pas un mauvais bateau, son palmarès parle pour lui, mais il a un peu plus de 30 ans de conception et correspond à ce qui se faisait de mieux à l'époque.
Couvert de mousse, le bateau végète
Aujourd'hui, ce 60 pieds de classe IMOCA est à l'abandon. Il repose, le long d'un catway trop petit pour lui, dans le port de Cherbourg, dans la Manche (France). Le temps semble s'être arrêté pour le champion qu'un propriétaire hongrois paraît avoir abandonné à sa peine.
C'est en 2010 que le bateau de course qu'a barré Christophe Auguin est racheté par ce propriétaire. Il a réalisé quelques travaux dessus pendant un temps jusqu'à une avarie moteur, en 2004. Ramené à bon port par les sauveteurs de la SNSM, le bateau n'a, depuis lors, reçu ni visite ni entretien.
A la même place depuis une avarie en 2004
C'est du reste ce que nous explique Muriel Jozeau-Marigne, Maire-Adjointe de Cherbourg en charge du port de plaisance Chantereyne : "Le bateau est en place depuis 2004. Si sa place a été payée la première année, depuis nous n'avons obtenu aucun versement. La dette s'élève à 15 000 euros, somme coquette pour une municipalité."
Les douanes ou la justice, fournisseurs de bateaux ventouse
Un cas classique d'embarcation abandonné comme nous précise la responsable du port : "Sur la totalité des emplacements du port [NDLR 1600 places dont 190 pour les visiteurs] nous avons une douzaine de bateaux en état manifeste d'abandon. Pour différentes raisons d'ailleurs. Le décès des propriétaires et des héritiers pas informés en représente la première, mais aussi des disparus sans transmettre d'adresse, des personnes incarcérées ou des saisies de douane. Au demeurant, les douanes ou la justice ne s'embarrassent pas dans ces cas, le bateau est déposé, à nous de nous débrouiller." Encombrant, heureusement tous ces bateaux ne sont pas des IMOCA de compétition.
Avenir plus qu'incertain
Quel est l'avenir de ce bateau ? "Nous avons entamé des démarches pour le récupérer, mais elles sont interminables et chronophages", nous précise Muriel. Et de poursuivre : "Mais nous avons bon espoir, à défaut de récupérer les sommes dues, au moins de libérer un espace dans le port. Nous avons effectivement des personnes en liste d'attente qui aimeraient profiter de cet emplacement !"
Destin morne que celui de ce bateau, dans le port où arrivent les deux prochaines éditions du Fastnet. Qu'en faire alors ? Un musée ? Une attraction ? L'offrir à un club de voile ?
Un voilier à ne pas mettre entre toutes les mains
Nous nous sommes posée la question que tout le monde a sur les lèvres, que faire d'un tel bateau ? Réellement, un tel voilier ne saurait être réutilisé en l'état. En tous cas, pour naviguer, c'est inconcevable, il ne peut être manié que par quelqu'un qui sait y faire. On peut déjà oublier le club de voile. Quand à refaire de la compétition, cela semble difficile. Éventuellement, il peut devenir un lieu d'exposition ou une attraction touristique, par exemple dans le cadre du village du Fastnet. Car, pour réussir à faire quelque chose sur l'eau avec un tel bateau, le chantier de rébnovation sera d'envergure.
Dans tous les cas, si quelqu'un devait se porter acquéreur de ce bateau après la commune de Cherbourg, il faut garder à l'esprit que, pour un amateur, racheter un tel bateau peut vite devenir un boulet au pied. Il faut à tout prix éviter que d'un voilier ventouse sur l'eau, il se transforme en un bateau ventouse dans un hangar. Il faudra que la mairie fasse attention à son image, car le bateau restera attachée à elle.
Nous resterons en contact avec l'élue. Il serait dommage que ce bateau finisse dans un cimetière des éléphants. Il mérite effectivement qu'un amateur éclairé et passionné s'occupe de lustrer son étrave !
Et vous, que pensez vous de l'avenir des bateaux de course ? Venez nous donner votre avis, vos idées ou vos projets pour un tel bateau sur le forum Quelle retraite pour les bateaux de course ?