Les courses aux large connaissent des hauts et des bas, des moments de rêve et des instants de drame. La Transat Anglaise (l'OSTAR), mythique traversée de l'océan atlantique, ne faillit pas à cette tradition. En étendant les voiles des concurrents sur les rives de l'ancien et du nouveau monde, elle embarque avec elle rêves et espoirs comme désillusions et désespoirs.
1960, les années de jeunesse
Lancée en 1960, l'Observer Single-handed Trans-Atlantic Race, autrement dit l'OSTAR compte 5 concurrents pour cette édition. Ces skippers partent de Plymouth (Grande Bretagne) jusqu'à New York (USA). C'est la seule édition qui aura eu la Grosse Pomme pour ligne d'arrivée, un port que rejoindra Jean Lacombe, un concurrent Français, bon dernier, en 74 jours. C'est donc plus d'un mois après que Sir Francis Chichester ait rallié les côtes américaines en vainqueur après 40 jours 12 heures et 30 minutes de traversée océanique.
L'édition de 1964 sera celle qui façonne la légende Tabarly. Le Français pulvérise le record de Chichester en franchissant l'Atlantique en 27 jours, 3 heures et 56 minutes à bord de Pen Duick II. L'histoire raconte que le navigateur ne possédait aucune conscience d'avoir course gagnée à son arrivée à Newport. Un exploit pouvant en cacher un autre, c'est en avarie de pilote automatique après 8 jours de navigation que le Nantais aura effectué la traversée.
En 1968, le routage météo fait une brève apparition, il sera interdit à l'issue de la course. Tabarly n'a pas pu convenablement préparer le trimaran Pen Duick IV et renonce à prendre le départ face à des vents de plus de 60 nœuds. Etic Willis, concurrent sujet de sa très gracieuse majesté, tombe malade au cours de la traversée et perd connaissance. Sauvé par des hélicoptères de secours du programme Apollo, il sera transporté et hospitalisé dans un état de semi-conscience.
1970, Les années de prises de risques
L'édition 1972 de la course mettra les Français à l'honneur. Des 55 compétiteurs engagés, 12 viennent de l'hexagone. La traversée sera remportée par Alain Colas, à la barre de Pen Duick IV, en 20 jours, 13 heures et 15 minutes. Victoire symbolique aussi pour Marie-Claude Fauroux qui représentera la première femme à franchir en solitaire l'Atlantique. Le record de Jean Lacome sera lui aussi pulvérisé par Peter Crowther qui réalisera la traversée la plus longue de l'histoire en 88 jours.
Si Tabarly remporte l'édition de 1976, la mémoire de cette course est bien tragique. Tony Bullimore voit son bateau disparaître en flammes alors qu'il est secouru par la frégate HMS Adelaide. Mike Flanagan, un autre Anglais, passe par dessus bord de Galloping Gael et disparaît en mer. Enfin, Mike McMullen disparaît corps et biens aux commandes de Three Cheers. Seul rayon de soleil dans la grisaille de cette course, la participation officieuse de David Sandeman, âgé de seulement 17 ans et 176 jours et non les 18 ans obligatoire pour être inscrit. Il deviendra le marin le plus jeune à avoir franchi l'Atlantique, mais hors course.
1980, les années de maturité
En 1980, les choses se formalisent. Refroidis par l'édition de 76, les organisateurs limitent la jauge des bateaux (56 pieds maximum) et le nombre de concurrents (110 au maximum). L'OSTAR entre dans l'âge adulte, la sécurité devient une préoccupation. Cette édition est remportée par Phil Weld en 17 jours, 23 heures et 12 minutes. Pour la première fois de l'histoire, les bateaux sont suivis en temps réel grâce à la présence à bord de balises de localisation ARGOS.
C'est Yvon Fauconnier qui remporte l'édition suivante de 1984. Non en ayant réalisé le meilleur temps de course, mais grâce à une bonification en temps qu'il aura obtenu. Cela en sauvant Philippe Jeantot dont le bateau Crédit Agricole a chaviré au milieu de l'Atlantique. Le chronomètre avait donné Philippe Poupon pour vainqueur de l'épreuve en 16 jours, 11 heures et 55 minutes, mais les règles auront raison de cette victoire. Edition quasi-française, car 80 % des concurrents sur la ligne d'arrivée viennent de l'hexagone.
C'est en 10 jours, 9 heures et 15 minutes que Philippe Poupon remporte l'édition de 1988, à bord de Fleury Michon. Les bateaux deviennent des ordinateurs et les skippers des ingénieurs. Pour la première fois dans la course atlantique, les concurrents parlent de leurs rencontres avec des cétacés. C'est le cas notamment de Mike Birch qui voit son trimaran FujiColor endommagé dans une collision. Plus grave, c'est encerclé par 50 à 60 baleines durant près de 3 jours que le Britannique David Sellings se fera attaquer. Il aura tout juste le temps d'attraper quelques effets personnels avant d'abandonner son bateau qui est en train de couler.
1990, les temps modernes
C'est en favori que Loïck Peyron s'engage sur la course de 1992, course dont il sera vainqueur en 11 jours, 1 heure et 35 minutes. Il aura eu nettement plus de chance, ou d'audace, que ses comparses. Yvan Bourgnon, leader, casse son rail de grand-voile. Florence Arthaud chavire au large de Terre-Neuve et Philippe Poupon rencontre un problème de dérive.
En 1996, Loïck Peyron remporte de nouveau la course, améliorant d'une journée environ son record de 1992. Il traverse l'Atlantique en 10 jours, 10 heures et 5 minutes, proche du record de Poupon en 1988. Victime d'une voie d'eau, Peter Crowther abandonne Galway Blazer et déclenche sa balise de détresse le 24 juin. Il est sauvé.
2000, les incroyables années
Pour marquer le nouveau millénaire, Ellen Mac Arthur, navigatrice de talent tout juste âgée de 23 ans impressionne toute la flotte par son culot et sa générosité. Elle avale 75 milles d'avance sur toute la flotte sur un coup de poker, avance qu'elle conservera toute la course durant. La course est remportée finalement par Francis Joyon au terme de 9 jours, 23 heures et 21 minutes d'affrontement entre Thomas Coville, Michel Desjoyeaux, Yves Parlier, Mike Golding, Roland Jourdain ou encore Dominique Wavre.
Année de transformation, 2004 marquera le schisme de la course en deux entités, THE TRANSAT pour les marins professionnels et la traditionnelle OSTAR pour les autres. Remportée par Michel Desjoyaux en 8 jours, 8 heures et 29 minutes, la première édition réservée aux skippers pro a connu son lot de sauvetage. Le bateau de Jean-Pierre Dick démâte dans 50 nœuds de vent. Idem pour Vincent Riou sur PRB. Bernard Stamm perd la quille de son IMOCA 60 Cheminées Poujoulat-Armor Lux et chavire. Enfin, changement notable, l'arrivée de la course est prévue à Boston, aux Etats Unis.
Non-content de remporter la course en 12 jours 8 heures et 45 minutes, Loïck Peyron sauvera la vie de Vincent Riou qui abandonne après avoir percuté un requin pèlerin. Comme si ce n'était pas assez, cette course de 2008 sera la plus rapide de toute l'histoire. Peyron s'imposera en 12 jours, 11 heures et 45 minutes (temps réel), quatre semaines de moins que Sir Francis Chichester en 1960.
2010, années de refondation
Année de renaissance après 8 ans sans compétition, 2016 marquera le retour à des basiques plus traditionnels. François Gabart remporte la course après un warm-up devant Saint-Malo en arrivant à New-York en 8 jours, 8 heures et 54 minutes. Les foils débarquent et Armel Le Cléac'h impose sa domination sur les archimédiens tels que PRB de Riou. A la barre de Pen Duick II, l'ancien bateau d'Eric Tabarly, Loïck Peyron rend un vibrant hommage au navigateur disparu. Les vents contraires auront eu raison de sa motivation, l'hommage prendra fin avec un abandon après 13 jours de mer.
2020, années de conscience ?
Que nous réserve la prochaine édition ? Elle était initialement prévue pour se courir en 2020 entre Brest en France et Charleston aux USA. La crise internationale due au covid et les incertitudes générées auront fait reporter de 4 années cette compétition. Nul doute que ces 4 années supplémentaires permettront aux concurrents d'affûter un peu plus leurs foilers et de préparer encore plus leurs bateaux à cette épreuve.
The Royal Western Yacht Club of England | Competitors
The Royal Western Yacht Club of England which is internationally known as one of the worlds premier yacht clubs and for its major contribution to the development of short handed ocean racing. The Plymouth based Club is also recognised as one of the finest yacht clubs in the South of England providing the best possible facilities, overlooking Plymouth Sound, for all generations to enjoy both afloat and ashore.