Avec l'apparition de la quille basculante, les IMOCA sont vraiment rentrés dans l'aire de la performance, avec ces 4 tonnes qui montent au vent, donnant pour le coup, un surcroît de puissance. Mais aussi un élément de sécurité important, on se souvient des images de bateaux coincés à l'envers au beau milieu des mers du sud ! À partir de 1996, cet outil de performance s'est confondu avec la sécurité des marins, pouvant, au gré des demandes du skipper, basculer au vent sa quille, mais en cas de chavirage, faire revenir le bateau dans sa position initiale. Un bon important venait d'être franchi !
À partir de 2014, la jauge impose des pièces standardisées : le mât, le voile de quille et un système de basculement. C'est la société HYDROEM qui est choisie pour fournir aux teams ce kit. Nous avons demandé à Michel FARRÉ, dirigeant de la société, de nous expliquer son système.
Expliquez-nous le système de basculement de la quille que l'on trouve à bord des IMOCA ?
Il y a un vérin hydraulique armoire, un bras de sécurité mécanique, une centrale hydraulique, un vase d'expansion, une armoire "Capas-Chargeur" et les boîtiers de commande.
Quel poids représente-t-il ?
Il est difficile de vous donner un poids exact, car nous sommes dans le monde de la compétition c'est environ 200 kg de matériel embarqué, selon le cahier des charges de la jauge. Le vérin est fabriqué en inox, avec un gros coefficient de sécurité. Il y a aussi de l'aluminium et du titane, cela doit résister à un environnement plutôt agressif.
Parlons du bras de sécurité ?
C'est une sécurité mécanique en cas de problème. Cela permet de bloquer la quille en position centrale, ce bras est toujours à poste prêt à fonctionner. C'est une tige qui coulisse, afin de ne pas gêner le fonctionnement du vérin, mais grâce à une fente dans cette tige, le skipper peut glisser une goupille pour empêcher le glissement en cas de gros problèmes sur son vérin. Cette goupille de blocage est en titane, mais quand la quille est folle, il faudra viser juste pour la mettre en place…
Qu'est-ce que vous appelez "Super Capas" dans votre kit ?
C'est un condensateur. Il s'adapte à l'énergie du bord, si le skipper recharge ses batteries, le Capas le fait aussi, s'il le souhaite. On fait tout pour éviter les problèmes de coupures d'énergies à bord, ce Capas permet l'utilisation du système de basculement même en cas de coupure à bord, si le skipper a veillé à bien remplir ce condensateur.
Comment fait un skipper pour basculer sa quille ?
Il actionne le boîtier de commande, où s'y trouve 4 boutons : un pour basculer à tribord, un pour basculer à bâbord, un bouton Stop et un bouton Release. Il faut de 40 à 60 secondes pour effectuer un virement de bord. Le skipper peut utiliser deux techniques : s'il a de l'énergie, il peut appuyer sur le bouton qu'il souhaite, mais pour économiser de l'énergie, il peut appuyer sur le bouton Release pour laisser descendre par gravité sa quille et donc éviter de tirer sur l'énergie du bord. Il n'y a pas d'automatisation, c'est le skipper qui agit sur le système directement. Le tilt aide la quille à remonter sur l'autre bord.
Vous fournissez autre chose pour les IMOCA ?
Nous assurons la maintenance et le suivi des produits et nous préconisons aux skippers d'embarquer des pièces détachées afin de pouvoir dépanner le système en mer. Nous fournissons aussi des vérins pour les voiles d'avant et des vérins pour le rake de foils permettant le réglage de l'angle d'attaque. Mais ces vérins ne sont pas monotypes…