Laurent est heureux de son affaire. Propriétaire d'une vieille voiture dont il n'avait plus usage. Il a proposé un échange à un propriétaire d'un Moody 30. Et il a accepté. C'est donc à Royan qu'il est allé chercher en ce mois de septembre 2017 son nouveau bateau (une occasion datant de 1977). Sur cette navigation, il a pour objectif de le remonter à Rouen, en Normandie.
Avis de Grand Frais
Arrivé à Fromentine, au Sud de Noirmoutier, un avis de Grand Frais est annoncé. Prudent, Laurent se met au mouillage pour la nuit et préfère attendre le lendemain matin, que les vents se soient calmés, pour poursuivre sa route. Il profite de sa soirée au mouillage pour préparer, sa route du lendemain matin sur le logiciel Navivonics installé sur son téléphone. Appel au CROSS le jour suivant pour prendre la météo et s'assurer que tout était clair. Confirmation des militaires, la météo sera meilleure. L'opérateur s'assure même auprès de Laurent qu'il a étudié son itinéraire, ce qu'il confirme. L'interlocuteur de Laurent lui demande son MMSI pour pouvoir le suivre tout au long de sa remontée de l'Île et s'assurer que tout se passe au mieux.
Route prévue et étudiée
Le skipper fait route et lance un logiciel de navigation sur son téléphone. Il dispose, comme beaucoup, de plusieurs solutions de navigation, en l'occurrence Navionics et Sailgrib. C'est en pressant cette icône Sailgrib que l'accident dont sera victime le bateau de Laurent va prendre sa racine.
Le skipper fait route Nord-est de l'Ile de Noirmoutier à bord de Rêve d'une Vie, son Moody 30, guidé par cet autre logiciel. Il est étonné de ne pas retrouver sa route tracée la veille. C'est donc dans la précipitation et fatigué par une nuit qu'il aura passée secoué dans son bateau que Laurent retrace rapidement son itinéraire et fait son chemin, en n'ayant pas étudié la route proposée ni configuré convenablement l'affichage de son logiciel.
Talonnage avec perte du safran
C'est arrivé au Nord-Ouest de l'Île, qu'il talonne une première fois. Réaction prompte, moteur lancé, il bat en arrière et se dégage. Manque de chance une nouvelle fois. Un courant repousse le Moody 30 plus violemment encore. Le bateau talonne au niveau du safran cette fois. Safran brisé, Laurent chute et heurte la barre franche de son bateau, barre qu'il brise dans sa chute.
Le propriétaire se retrouve alors dans une bien délicate situation. Il parvient à se relever, un peu secoué par la chute. Il manœuvre au moteur. Il envoie le génois et parvient, avec quelques difficultés, à atteindre un mouillage. CA 300 mètres de son lieu de mouillage se trouve un bateau en action de pêche. Laurent fait tout pour appeler à l'aide, depuis la VHF jusqu'aux coups de sifflets, en passant par le miroir de signalisation, mais san réponse du pêcheur.
Appel au CROSS
Il bascule sa VHF sur le canal 16 et lance un "Pan Pan !". Le CROSS prend rapidement en charge l'alerte. Explication de la situation, la seule solution envisageable serait un remorquage. Le CROSS dépêche en conséquence une vedette de la SNSM sur zone.
Une heure plus tard, arrivée de la vedette. Un équipier sauveteur monte à bord de Rêve d'une Vie pour disposer la remorque. Tout se passe bien, le bateau est remorqué jusqu'à l'Herbaudière. Arrivé sur place, le patron de la vedette vient à la rencontre du plaisancier et cherche comment l'aider. Il est manifeste qu'il faut sortir le bateau de l'eau pour constater l'étendue du sinistre et pour voir ce qu'il convient de faire. Le bénévole est un local, il fait jouer ses contacts pour dépanner Laurent et moins d'une heure après son Moody est sorti de l'eau.
De gros dégâts au bateau
Les dégâts sont conséquents. La mèche du safran est pliée, la barre franche est brisée., quelques éclats au gel-coat… des altérations qui, pour la plupart, interdisent au navigateur de reprendre la mer, d'autant plus pour rallier Rouen en passant la pointe de la Bretagne. Les réparations seront donc réalisées à Noirmoutier.
Paiement du remorquage de la SNSM
La première surprise pour Laurent, vient lorsque le patron de la vedette lui demande sur le champ, le règlement de la prestation de remorquage. Ce sera la première leçon pour lui. Le sauvetage des vies est un acte gratuit pour les personnes sauvées. La sauvegarde des biens (remorquage dans le cas présent) est payante. La facture de ce remorquage s'élève à 1 200 €. Il explique au patron ne pas disposer de cette somme sur lui et lui propose une demande de prise en charge par son assurance. Le sauveteur ne semble pas enclin à utiliser cette méthode, mais cela demeure la seule possible. Laurent fera rapidement une déclaration à son assurance qui réglera le coût de l'opération à l'association en direct.
La suite avec son assurance sera aussi compliquée : querelles d'experts et de prise en charge, refus de prise en charge, dédit des valeurs. C'est un petit cauchemar administratif que vivra Laurent suite à cet accident.
Erreur dans le lancement du logiciel
La raison profonde de cet accident est simplissime. Laurent a étudié son itinéraire sur son logiciel de navigation principal, Navionics Boating HD. Il possède un abonnement pour ce logiciel et a l'habitude de l'utiliser. Cette version de l'application affiche les niveaux d'eau et se paramètre selon le tirant d'eau de son bateau. La version gratuite de Sailgrib qu'il a lancé par erreur le jour de son sinistre ne dispose pas des cartes marines. Ajoutons que Laurent, fatigué par une nuit à bord n'aura pas eu le réflexe salvateur d'afficher, dans l'application qu'il a lancé par erreur, les informations utiles.
Un clic erroné pour Laurent qui demeurera sans doute l'un des plus chers de son usage de smartphone.