Sydney, Australie. Nous sommes le 26 décembre 1945. Sir John Illingworth demeure l'hôte de Peter Luke, fervent adepte de la plaisance ludique. Alors que ce dernier lui propose d'aller faire un tour en mer à destination d'Hobart en Tasmanie en compagnie de sa bande d'amis, le sujet de Sa Très Gracieuse Majesté, par ailleurs Officier de la Royal Navy émit la fameuse proposition "Pourquoi ne pas en faire une course ?"
Populaire et ouverte
La Sydney Hobart était née. Une course de 628 milles (1163 kilomètres), en équipage, ouverte à tous les types de voiliers. La compétition prend son départ à 13 h chaque 26 décembre (l'été dans ces mers de l'hémisphère sud). La remise des trophées a lieu le 31 décembre suivant, couronnée par un feu d'artifice tiré dans le port de Hobart, en Tasmanie.
Des geants des mers sur la ligne de départ
Que la douceur de l'été austral ne trompe personne. La course est particulièrement technique. Une fois dépassées les paisibles côtes australiennes arrive le détroit de Bass, terrain de jeu favori des concurrents de cette Fastnet australe. Ce détroit représente un piège. Relativement peu profondes (50 m en moyenne), les eaux du détroit sont agitées par de nombreux courants et peuplées de nombreux haut-fond. Autant dire que les quelques heures (une trentaine d'heures pour les voiliers de tête) que dure cette course sont particulièrement intenses pour les engagés. Engagés qui peuvent, au demeurant, être à la fois des navigateurs à la barre de maxi tel que Comanche (100 pieds, 47 m de mat …) que des 30 pieds constructions d'amateurs qui travaillent au fond de leur garage. La Sydney Hobart est communément considérée comme la course océanique la plus épuisante qui soit.
Course de vitesse avant tout, la Sydney Hobart représente aussi une course à handicap. Elle accorde à chaque compétiteur la chance de toucher la Tattersall's Cup, trophée honorant celui qui aura établi le meilleur temps compensé.
Tabarly, seul vainqueur français
C'est du reste cette règle de temps compensé VS temps effectif qui privera Éric Tabarly - le seul vainqueur français de la course - du trophée en 1967. S'il est arrivé premier en temps réel, il n'est arrivé que second en temps compensé, handicapé par le tirant d'eau trop important de Pen-Duick III. En effet, il lui imposa de patienter 45 minutes dans la fameuse Derwent River, lieu de tous les sprints et toutes les folies des compétiteurs émérites, qui seront accueillis, quelque mille plus loin, à Hobart, par une fête familiale et heureuse "autour d'un verre" selon la tradition locale.
La course de 1998, une édition dramatique
Rapide, violente et exigeante, la course peut aussi devenir dramatique. Ce fut le cas de l'édition de 1998, qui vit 6 marins périr en mer, 5 bateaux couler et 55 navigateurs secourus. Dantesque, c'est assurément le seul terme qui convient pour qualifier les 90 nœuds de vent que les concurrents rencontrèrent dans des vagues de plus de 20 mètres. Pour leur venir en aide, une armada de sauvetage dut être déployée, 1 000 sauveteurs, 25 aéronefs, 6 bateaux de sauvetage et une frégate engagés pour sauver les navigateurs.
Preuve de la difficulté de la course, l'édition 1984 bat le record de 70 % d'abandons, là où la moyenne de cette course avoisine 17 %.
Un record d'engagement en 1994
De 9 partants engagés en 1945 (avec la traversée réalisée en 6 jours et 14 heures), la course verra s'aligner 89 bateaux en 2020. C'est en 1994 que fut rassemblée la plus grande flotte, avec pas moins de 371 bateaux engagés dans la course. Le record de traversée a été réalisé en 2017 par Comanche, en 1 Jour et 9 heures.
Plus de 400 000 spectateurs pour cette épreuve très populaire
Alors que la tradition dans tout le Commonwealth veut que le 26 décembre soit un jour extraordinaire (il annonce en Australie le début d'une frénésie d'achats), pas moins de 400 000 personnes se massent le long des côtes pour assister à la course organisée depuis 1945 par le Royal Cruising Yacht Club of Australia.