On dit que les légendes ne meurent jamais. Sans doute, faut-il néanmoins les ranimer de temps en temps. Alain Colas, le navigateur, est entré dans la légende il y a 43 ans, en quittant les quais de la cité corsaire à bord de son trimaran Manureva, qu'il avait racheté une dizaine d'années auparavant à une autre légende maritime, Éric Tabarly.
Ce 5 novembre 1978, le marin quittait Saint-Malo. On ne le reverra plus. Retrouvez la vie et le parcours du navigateur Alain Colas.
Recherché en mer aux alentours des Açores
Disparu en mer à la mi-novembre de la même année, le skipper sera recherché par l'armée Française jusqu'au mois de décembre, laissant place à rumeurs et informations aussi invérifiables qu'infondées, depuis le suicide volontaire du navigateur jusqu'à sa disparition volontaire pour s'installer sur une île déserte.
Alain Colas est déclaré décédé le 16 novembre 1978, après qu'il ait transmis son dernier message radio "Je suis dans l'œil du cyclone, il n'y a plus de ciel, tout est amalgame, il n'y a que des montagnes d'eau autour de moi". La rumeur dira que deux radioamateurs auraient capté un appel de détresse du célèbre aventurier. Rien, aujourd'hui encore, ne vient démentir ni affirmer ce message.
Âgé de 35 ans, Alain Colas était marié à Téura Krauze, avec qui il a eu trois enfants : Vaimiti, Torea et Tereva.
Accidentellement marin
Alain Colas était homme de tous défis. Devenu marin accidentellement et sur le tard, il révolutionne la course au large. Il aura été journaliste, conférencier, réalisateur de films, écrivain. Homme de communication visionnaire, il a été le premier à s'appuyer sur le pouvoir des médias pour développer ce qui est devenu le sponsoring moderne.
Rebaptisé Manureva, "L'oiseau du voyage" en tahitien, il transforme Pen Duick IV pour le rendre apte à affronter les mers du sud. C'est le 8 septembre 1973 qu'il quittera le bassin Vauban de Saint-Malo pour y revenir, 169 jours plus tard, le 3 février 1974, après avoir réussi son exploit. Il a passé le mythique Cap Horn, parcouru 30 000 milles et est revenu à bon port, rapportant au Commandant Malouin Gauthier la carte que celui-ci lui avait précieusement confiée en précisant "Alain Colas ! Cette carte a servi à 22 passages du Cap Horn, tous rentrés à bon port, je vous la confie avec prière de me la rapporter !".
Homme de mémoire
Chacun et chacune sur nos navires, tout comme les concurrents du prochain Vendée Globe, nous devons une part de notre liberté sur l'eau à des héros tels qu'Alain. Aujourd'hui, Alain Colas existe dans les places, dans les rues ou dans les écoles de nos villes et de nos villages.
Les légendes peuvent aussi se chanter.
En 1979, Serge Gainsbourg écrit les paroles de l'un des tubes d'Alain Chamfort, l'éponyme chanson Manureva