L'équipage de Maelouna dont la devise reste "Cap sur Nous" continue sa croisière familiale au long cours. Après la Tunisie et a Sicile, nous les retrouvons en Grèce. Ariane nous raconte cette découverte estivale :
Début août, nous sommes arrivés en Grèce, après une longue navigation de 36 h de la Calabre jusqu'à Preveza, vaste baie sur la côte continentale grecque. De là a commencé la découverte de ce joyau de la Méditerranée : les îles ioniennes, plus vertes et plus chatoyantes les unes que les autres, nous ont tendu les bras.
Paxos et Anti Paxos, des joyaux…
De Preveza, nous avons commencé par remonter sur les îles de Paxos et Anti Paxos, îles sauvages pleines de charme. Nous avons appris à nous amarrer aux rochers, et avec la maîtrise de cette technique, nous sommes passés de baie en baie, les unes toujours plus jolies que les autres. Les petits villages colorés de Loggos et Lakka (sur Paxos) ont bonne réputation. Et ils le méritent ! L'accueil est chaleureux de jour comme de nuit. L'eau, turquoise et poissonneuse est un délice.
Corfou, la carte postale méditerranéenne
Des amis d'enfance nous rejoignent mi-août à Corfou. C'est la raison pour laquelle nous avons continué à monter vers le Nord, en faisant une pause à Syvota. Une fois arrivés au pied de la citadelle, nous avons visité Corfou et sa vieille ville. Un vrai bonheur : C'est un pur mélange entre le Maghreb, les Balkans et l'Europe. Une vraie carte postale de la Méditerranée.
Nous n'oublierons jamais la soirée de retrouvailles avec nos amis, deux superbes chanteurs, dont Amadi Lagha, un virtuose classé parmi les 10 meilleurs ténors au monde. Jusqu'à la pointe de l'Aube, nous avons fait trembler la baie de Corfou avec sa voix extraordinaire : Amadi reprenait avec Rached et Lamia le répertoire funk de leur jeunesse.
Le lendemain, nous avons poursuivi notre périple au Nord de Corfou, en face des côtes Albanaises. Jolie et calme, la grande île ne manque pas charme. Avec notre joyeux équipage, nous sommes redescendus une fois encore sur les îles au sud de Corfou. Nous leur avons fait découvrir les joies d'une navigation sportive sur de grands bords au près serré, et le confort d'une navigation au portant, où l'on avance sans lutte avec les éléments.
Une météo capricieuse en été en Grèce
Avant d'atteindre Paxos, nous avons dû nous mettre à l'abri à Platarias, pour laisser passer deux jours avec 25 à 30 noeuds de vent établi. Une fois le coup de vent passé, nous avons pris du bon temps à Mongonisis. Nos amis ont été fascinés par la pêche à la ligne, avec comme appât, des bernard-l'hermite. Nous avons plus ri que pêché, et c'est d'oursins finalement que nous nous sommes régalés.
Amdi et sa fille Angélica ont dû repartir, laissant notre fille Louna le coeur gros d'avoir quitté sa formidable compagne de jeu. Avec nous est restée Lamia, qui nous a accompagnés jusqu'à Patras. Nous avons repris la mer pour rejoindre de nouveau Preveza, étape nécessaire avant de passer plus au sud, le canal de Lafkas. Preveza reste un coup de coeur pour nous, et c'est avec bonheur et aisance que nous avons remonté le long chenal qui mène à cette baie vaste et bordée de verdure.
Ouverture du pont : 10 minutes toutes les 4 heures !
Le lendemain, une nouvelle étape dans ce voyage : le passage du pont flottant à l'entrée du canal de Lefkas. Le timing était plus que serré. Le pont n'ouvre que 10 minutes toutes les 4 heures. Nous n'avions pas le droit d'être en retard. Et c'est avec 25 nœuds de vent de travers que nous attendions l'ouverture au milieu d'une dizaine d'autres bateaux.
Le passage vers les îles du sud était une belle surprise. Le bassin nous donnait à voir des montagnes à 360°. Nous aurions eu envie d'aller dans chaque calanque, chaque baie, sur chaque île. Quand on dit que la Grèce est le paradis des voileux, nous pouvons tout à fait l'affirmer !
Nous avons suivi notre instinct et sommes allés de-ci de-là en descendant doucement vers le canal de Corinthe. Nous nous sommes régalés en crapahutant dans le maquis, en nous faufilant au milieu des cyprès, des oliviers centenaires, des eucalyptus et des peupliers. La biodiversité de ces îles est fascinante. Nous avons apprécié aussi nous rendre dans des zones peu touristiques, rencontrant l'âme du pays.
Après une longue journée où nous avons été enivrés de vent, nous nous sommes arrêtés sur l'île de Kalamos. Nous y avons découvert un village abandonné plein d'adorables maisons de pierres à l'état de ruines, où seule une église était encore entretenue et en activité. Toute de jaune vêtue, elle était comme un anachronisme dans cette ville fantôme.
Plus bas, à l'entrée du canal de Corinthe, se trouve un pont majestueux qui relie le Péloponnèse au continent : le Rio-Rian. Mais attention ! La présence de l'immense pont dans ce rétrécissement de mer crée un courant et un vent impressionnants.
D'un coup, aux abords du pont, nous nous sommes retrouvés avec 27 noeuds de face, vent accompagné d'une forte houle nous faisant avancer à contre-courant. L'entrée dans le canal de Corinthe n'aura pas été des plus évidentes.
Nous aurons trouvé refuge à Nafpaktos, ville que l'on recommande pleinement ! Nous nous sommes abrités dans son mini-port encerclé d'une jolie forteresse. La ville est sympathique en dépit de la circulation déraisonnée. En louant une voiture, nous avons visité les hauteurs de la ville, un pur bonheur ! La vue est splendide, de nombreux remparts sortent d'une forêt suspendue aux flancs de colline.
Finie la Grèce, retour en Italie
Nefpaktos sera notre point le plus bas dans notre périple en Grèce. Il faudrait des années pour tout visiter, tant le pays est d'une richesse et d'une beauté incroyables. Mais en raison des tensions actuelles entre la Grèce et la Turquie, de l'approche de la fin de saison d'été, et du coût de la vie ici plus élevé que ce que nous pensions, nous avons décidé de ne pas nous aventurer cette année en mer Égée.
Nous avons donc remonté progressivement les îles ioniennes, retournant aux endroits qui nous avaient plu, et continuant nos découvertes au fil des îles. Nous serons finalement remontés de nouveau jusqu'à Corfou, pour nous mettre à distance du Médicane, forte dépression qui causa mi-septembre bien des dégâts dans le sud-ouest de la Grèce.
Ce que nous aurons aimé dans ce grand voyage en Grèce, c'est la capacité à se faire surprendre chaque jour par la beauté de ses îles, l'élégance de ses villages, la sympathie de ses habitants. Et aussi, le bonheur de revenir là où nous avions eu plaisir à nous trouver, comme quand on revient dans sa ville natale.
Après 1,5 mois dans le pays, nous repartons la tête pleine d'air, de lumière et de verdure. Nous n'aurons jamais autant nagé avec les poissons, joué avec le vent, admiré la beauté de ces rocs où pousse une biodiversité luxuriante.
Nous avons beaucoup appris dans la gestion du vent et des orages, et nous nous sommes étourdis de cieux remplis d'étoiles. Nous aurons apprécié les rencontres que nous avons faites avec d'autres voiliers, et la malicieuse présence de nos amis à bord. Nous avons eu le bonheur aussi d'accueillir dix jours ma fabuleuse maman, qui a pu profiter tant de ses petits enfants que de cette incroyable expérience que nous vivons en famille.
C'est près de 500 miles que nous aurons parcourus dans les iles ioniennes, et encore 250 miles d'une traite pour traverser le bassin et revenir à la Rochella en Calabre, avant que le vent nous soit défavorable.
Athîo la Grèce, ciao l'Italie, à nouveau ! L'aventure continue en ce début d'automne avec d'autres surprises !
Ariane - Cap sur Nous