Se retrouver pour naviguer en toute convivialité
En 1995, le chantier arcachonnais B2 Marine lançait le Blue Djinn, un voilier dériveur intégral de 6,09 m de long. Deux ans plus tard, en 1997, les propriétaires désireux de se retrouver et de naviguer ensemble créent l'AsPro Djinn. Si les premiers rassemblements de l'association se déroulent sur le bassin d'Arcachon — le dériveur intégral se prêtant bien au bassin de navigation — on trouve aujourd'hui des bateaux dans toute la France, notamment en Bretagne nord et sud et même dans les Alpes. Mais aussi en Hollande, Belgique, Italie ou encore à La Réunion. Il faut dire que son gabarit transportable y est pour beaucoup.
En 2002, le chantier basé près de Bordeaux lance le Djinn 7, d'une longueur de 7,18 m, toujours en dériveur intégral. L'association s'agrandit pour accueillir les heureux propriétaires de ce petit voilier, les deux bateaux ayant le même programme et leurs propriétaires, la même philosophie.
Aujourd'hui, environ 450 Blue Djinn sont sortis des chantiers et quelques 250 Djinn 7. Et même si le marché de l'occasion est très présent, quelques bateaux neufs sortent encore du chantier.
"Ce sont des bateaux assez costauds et les bateaux d'occasion font concurrence aux bateaux neufs. La production n'est pas arrêtée même si elle est minime, le chantier s'étant plutôt concentré sur les bateaux à moteur" explique Yvon le Bars, président de l'association.
Une association très dynamique
Au sein du bureau de l'association, ce sont 17 personnes qui travaillent activement pour dynamiser la classe. Ainsi, le nombre d'adhérents est en progression depuis 20 ans avec 122 membres étant à jour dans leur cotisation et près de 130 membres au total.
"En moyenne, on a 130 membres réguliers, mais cette année, ce chiffre a de fortes probabilités d'augmenter puisqu'on a déjà accueilli 25 nouveaux propriétaires. C'est une association très dynamique, avec beaucoup de partage. On s'intéresse à de nombreux sujets et ça attire les propriétaires" étaye Yvon.
À tel point que l'association propose de nombreux services et activités.
Une association pluriactivités
Pour la modique somme de 10 € — le tarif ayant été revu à la baisse puisque les 21 € demandés auparavant étaient trop élevés par rapport aux frais de fonctionnement de l'AsPro Djinn — les propriétaires ont accès à de nombreux services et activités.
- Un site Internet dédié sur lequel on trouve des récits de navigation, des bricolages, des rassemblements, mais aussi des réponses aux questions courantes, le tout illustré de photos.
"Nous avons créé un Google Group réservé aux membres sur lequel ils posent des questions quand ils en ont besoin. On a toujours quelqu'un qui est concerné par le sujet et en moyenne, entre 6 et 10 personnes répondent à la question posée. Ainsi, on devient de plus en plus pointus et précis sur les diverses thématiques. Ensuite, on regroupe toutes ces questions/réponses sur le site dans une encyclopédie par thème, baptisée la Foire aux questions. Quand un membre recherche une information, il n'a plus qu'à consulter les thématiques pour trouver le renseignement" explique Yvon.
- Une revue de l'association — la Bouteille à la Mer (BàM) qui parait 4 fois par an et contient chaque fois des articles techniques, des récits et diverses informations.
- Un grand rassemblement annuel qui se déroule lors du weekend de la Pentecôte, chaque année dans un lieu différent, de Saint-Cast à Arcachon en passant par Port-La-Forêt, Port-Louis, Noirmoutier, Ars-en-Ré et Banyuls en 2017. C'est l'occasion pour une trentaine de bateaux de naviguer ensemble en découvrant une nouvelle région et de partager de bons conseils, le tout dans une ambiance bon enfant.
"Ce rassemblement c'est le point fort de l'association. Il se passe dans un endroit différent chaque année pour que le plus de monde puisse y participer. D'ailleurs, on va essayer d'en faire sur des plans d'eaux intérieurs, ce que l'on n'a encore jamais fait. Si à la base le rassemblement démarrait le samedi midi pour se terminer le dimanche soir — les propriétaires profitant du lundi de Pentecôte pour rentrer — ces derniers débutent désormais dès le vendredi soir. On organise également des "posts-rassemblements" qui consiste à naviguer la semaine qui suit sous la forme d'un cabotage. Et maintenant, on fait aussi des pré-rassemblements" détaille Yvon.
Si les gens viennent de toute la France — puisque les bateaux sont faciles à transporter en gabarit routier — plusieurs viennent par la mer. Certains viennent également sans bateaux puisque chaque voilier peut facilement embarquer jusqu'à 4 personnes. Ils trouvent alors facilement un embarquement.
"Cette année le programme a été chamboulé par le Covid-19, mais sur les 30 participants, 17 avaient prévu de convoyer leur bateau par la mer. C'est assez impressionnant quand on se retrouve tous ensemble, certains ports nous réservent même un ponton" s'amuse Yvon.
- Un forum interne à l'association pour que chaque membre puisse échanger avec les autres.
- Les "Mémentos" du Blue Djinn et du Djinn 7, documents de 45 pages, réalisé par l'association pour aider les nouveaux propriétaires à prendre en main plus facilement leur bateau.
- Les "Zones de navigation", un document expédié à tous les adhérents, dans lequel chacun indique la zone et la période dans laquelle il a l'intention de naviguer afin de faire des navigations communes.
- Les Djinnades : un adhérent lance un appel à naviguer à un petit groupe de propriétaire dans un secteur qu'il connait bien pendant une période déterminée.
"Cette sortie d'une semaine est organisée par un propriétaire local pour un groupe de 5 à 6 bateaux. On limite le nombre, car certains ports ne sont pas forcément adaptés à voir débarquer tout un groupement de voiliers. Les adhérents sont prévenus et s'organisent pour y participer en fonction de leurs envies. Par contre, ces mini rassemblements ne se déroulent pas pendant la période estivale" explique Yvon.
- La Djinn's Cup pour les amateurs de régates qui ont la possibilité de se retrouver sur une compétition dédiée chaque année en août à Ars-en-Ré.
- Des petites annonces permettent aux propriétaires de vendre ce qu'ils souhaitent sur notre site, bateau ou équipements. Cette partie est d'ailleurs accessible à tous les plaisanciers, et pas seulement les membres.
- Un système de dépannage qui fonctionne généralement l'été.
"Quand quelqu'un casse une pièce au mois d'août, alors que le chantier est fermé, on a développé un système de dépannage pour envoyer des pièces par La Poste. Il s'agit de pièces spécifiques comme des têtes de safran, des barres de flèche, ou encore des pièces de pied de mât…" étaye Yvon.
Une association transparente
Parce que l'association aime communiquer auprès de ces membres, elle met à leur disposition le rapport d'activité, le compte-rendu d'Assemblée Générale ou encore le compte-rendu de la première réunion de bureau.
"On aime que tout le monde soit au courant. Ça provoque des demandes des adhérents et ça nous fait réfléchir sur différentes choses. Cette année, en raison de la crise sanitaire, on a tenu l'Assemblée Générale via Internet et on a eu beaucoup plus de participations que lors du rassemblement physique. Sur les 112 personnes qui étaient à jour dans leur cotisation à ce moment-là, nous avons eu 70 participants votant. C'est vraiment pas mal et ça nous fait réfléchir sur la continuité de cet évènement de manière dématérialisée" détaille Yvon.
De nombreux axes de développement
L'AsPro Djinn entretient ce dynamisme et cherche régulièrement des thèmes qui peuvent intéresser les adhérents afin de les mettre en place. Elle a d'ailleurs plusieurs projets dans les tiroirs.
- Des formations sur la sécurité
"Pendant le confinement, nous sommes nombreux à avoir suivi des formations sur la sécurité. Quand on regarde le processus d'homme à la mer, on se rend compte qu'il faut souvent être plusieurs à bord, or sur nos bateaux nous sommes souvent en couple. L'idée c'est donc d'adapter cette formation à nos bateaux et de le faire à la voile" explique Yvon.
- Des navigations pour les personnes handicapées
"Je participe beaucoup à des weekends organisés par l'association Navisport, durant lesquels nous emmenons des personnes lourdement handicapées — moteur et mentales — en navigation. On va inciter les adhérents à trouver des associations locales pour faire découvrir la voile à des gens qui ont du mal à en faire" explique Yvon.
- Une formation sur l'assurance
"Lors d'un rassemblement, un patron de la SNSM nous avait questionnés sur l'assurance en cas de remorquage. Cette réflexion a débouché sur de nombreux questionnements et on a décidé de lancer un guide avec les 10 questions principales à poser à son assureur avant la signature d'un contrat" conclut Yvon.