Rencontre avec un OFNI : Peut-on l'éviter et comment réagir sur un voilier ?

Non, nous ne versons pas ici dans l'Ufologie, à ma connaissance aucun membre de la rédaction de Bateaux.com n'a encore rencontré de petits bonshommes verts. Plutôt des troncs d'arbres ou des containers à la dérive. Ces derniers peuvent s'avérer extrêmement dangereux pour la navigation. Examinons le problème et ses solutions ensemble.

À l'approche des Açores, en pleine nuit, notre voilier Suhaili a heurté à pleine vitesse un Objet Flottant Non Identifié (OFNI). Le choc a été assez violent et l'équipage a eu très peur. Dans la vidéo en pied d'article vous apprendrez comment ils ont géré cet événement. Suhaili n'est malheureusement pas le seul bateau a avoir rencontré un OFNI. Dans la réalité les voiliers et dans une moindre mesure les pêcheurs, sont très exposés à ce danger.

D'où viennent les OFNI ?

Il existe 2 sortes d'OFNI :

  • les animaux marins, dont les baleines
  • les objets issus de l'activité humaine

Ces derniers sont nombreux :

  • containers perdus
  • billes de bois
  • palettes
  • frigos
  • sous-marins
  • balises scientifiques
  • épaves diverses.
Epave
Epave

Qui est concerné par ce danger ?

Les voiliers de course modernes sont de plus en plus confrontés à ces accidents. Très rapides, dotés d'appendices profonds et nombreux (quilles, dérives, foils), ils labourent littéralement la mer et récoltent sur leur passage tout ce qui s'y trouve entre la surface et 3 mètres de profondeur. En cas de choc, le bras de levier est considérable sans parler de l'énergie apportée par la vitesse de ces bolides. Il n'est qu'à regarder les causes d'abandon des deux derniers Vendée Globe pour se faire une idée du problème.

Les voiliers de croisières sont eux aussi victimes des OFNI. Moins rapides ils s'en sortent sans doute mieux, mais chaque année on recense des collisions qui parfois mènent directement au naufrage. Ces accidents se produisent aussi bien à proximité des côtes qu'au large.

Les petits navires de pêches enfin, moins solides que les cargos et les bateaux-usines font aussi régulièrement les frais de cette pollution.

Un enjeu écologique

Les animaux marins, notamment les baleines, paient un lourd tribut à nos activités maritimes. Voyez dans la vidéo ce cargo qui en ramène une à quai, échouée sur son bulbe. Le commandant ne s'en est aperçu qu'à l'accostage... On imagine aussi les blessures terribles que peuvent causer les foils et des safrans affûtés des Ultimes lancés à 40 nœuds.

Quant aux containers, les chiffres étrangement varient, mais ils se situent entre 2500 et 10000 boîtes tombées où jetées à l'eau volontairement (pendant les tempêtes) chaque année. Les poissons font-ils eux aussi leurs commandes chez Aliexpress ? Comme ils ne coulent pas tout de suite, ces blocs d'aciers flottant entre deux eaux sont comparables à des récifs dérivant, mais sans balisage.

Comment les repérer ?

Pour le moment il n'existe pas de technologie fiable capable de nous signaler la présence d'OFNI avec précision et surtout suffisamment tôt pour nous laisser le temps de réagir. Des caméras thermiques sont en cours de développement pour les voiliers de course et d'expéditions, mais sont proposées à partir de 20 000€… En plus, elles ne sont pas capables de détecter des objets flottant sous la surface.

Les sonars vers l'avant sont souvent cités, mais à l'inverse des caméras thermiques ils ne détecteront pas les objets trop proches de la surface et ne vous avertiraient, dans le meilleur des cas, que 10 secondes avant l'impact en naviguant à 8 nœuds.

Epave
Epave

Mesures de prévention

Une solution intéressante, pour se prémunir des chocs frontaux, est d'installer des crash box à l'avant de son voilier. Cela peut se faire en isolant le puits à chaîne du reste du bateau. Il est possible aussi de condamner une partie des coffres de la pointe avant.

Le matériau de coque ne vous garantira en revanche pas contre l'éventration. Nombre de voiliers en aluminium en ont fait l'amère expérience. Pensez aussi à la coque acier du Titanic.

L'installation de puissantes pompes de cales alliées à des sources électriques suffisantes peut cependant vous sauver la vie. Pensez aussi aux matériaux de réparation capables de prendre sous l'eau : résines spéciales, mastic polyuréthane, etc.

Enfin vous pouvez opter pour un voilier insubmersible (Catamarans, Etap, Pogo…). S'il se remplit d'eau, il ne devrait pas couler et vous devriez toujours y être plus en sécurité que sur un radeau pour attendre les secours. Mais si vous voulez vous donner une chance de le sauver, ne vous dispensez pas des mesures proposées ici.

Que faire en cas de collision ?

En cas de collision l'enjeu premier est de contenir la montée de l'eau grâce aux pompes de cale. Si vous y parvenez, vous aurez une chance de rentrer au port ou d'étancher la fuite avec des moyens de fortune. Si l'eau monte malgré tout, vous devrez évacuer votre navire. Alertez les secours, gonflez le radeau et gardez le proche du voilier tant qu'il n'a pas coulé, faites tout ce que vous pouvez pour faciliter votre repérage par les secours (fusées, couleurs vives, VHF portable, fumigènes, miroir...).

Que cela ne vous empêche pas de naviguer. Mais un marin averti en vaut deux. Un consommateur aussi d'ailleurs, s'agissant des containers…

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