Interview / Jérémie Beyou analyse les différents concepts d'IMOCA foilers

Charal © G. Lebec / Charal

Le skipper Jérémie Beyou a été le premier à mettre à l'eau son foiler de nouvelle génération en 2018. Depuis, 5 autres IMOCA ont été mis à l'eau et deux autres sont encore en construction. Il décrypte les différents concepts proposés.

Jérémie Beyou fut le premier skipper à prendre en main son IMOCA à foil de dernière génération. C'était à l'été 2018. Ces nouveaux bateaux, dessinés pour voler ont été conçu autour de leurs appendices contrairement aux IMOCA d'ancienne génération, upgradés avec des foils. Et si les ingénieurs et architectes savaient que ça fonctionnait sur le papier, Jeremie le prouve dès les premières navigations, extrêmement impressionnantes.

En septembre 2019, un an et demi plus tard, ce sont 5 nouveaux "foilers" qui ont vu le jour. Deux autres sont encore en construction et seront mis à l'eau au printemps 2020. Ces 8 IMOCAS flambants neufs sont issus de 4 cabinets d'architectes différents. Et tous ont une vision des choses différentes, comme nous l'explique Jérémie.

Un plan VPLP pour le Vendée Globe

Pour concevoir Charal, le team s'est considérablement basé sur les statistiques météorologiques d'un tour du monde en solitaire et sur une stratégie bien établie. "Sur le Vendée Globe, notre objectif est d'être en tête après le contournement de Sainte-Hélène, à la sortie de l'Atlantique Sud."

Un bateau capable de voler (presque) tout le temps

C'est avec cette ambition que le Charal Sailing Team a construit un bateau avec une carène assez tendue et des foils qui fonctionnent au près correctement. "Notre vision est d'être capable de décoller très tôt, dès le reaching medium. On a ciblé des foils qui poussent fort en faisant voler le bateau intégralement. On a essayé de réduire au maximum la trainée de carène dans ces allures de décollage. Du coup c'est un bateau qui est plutôt rond au niveau du tableau arrière." Par conséquent, la trainée est limitée vis-à-vis des concurrents.

Des visions et des concepts différents

Sur la conception de ces nouveaux foilers cohabitent des visions assez différentes comme celle de Guillaume Verdier qui a conçu Apivia. "Il cherche à garder le maximum de puissance de carène, considérant qu'un IMOCA ne pourra voler que dans certaines conditions."

Arkea-Paprec, dessiné par Juan Kouyoumdjian est encore un concept assez différent des plans VPLP et Verdier. "Avec une carène très plate en dessous, il va falloir le faire pas mal giter pour limiter la trainée de coque et de foils."

Quant à Alex Thomson et son bateau, "c'est le même architecte que nous donc la carène est relativement proche. La très grosse différence concerne les foils très différents des nôtres." En effet contrairement aux foils de Charal, multi-angulaires, ceux d'Alex Thomson sont semi-circulaires.

Advens est un plan Verdier construit pour le skipper Thomas Ruyant inspiré d'un design existant. Il s'agit d'un dessin du Super 60 dessiné pour l'ex Volvo Ocean Race. Son IMOCA servira également à des campagnes de The Ocean Race.

Sébastien Simon sur l'IMOCA Arkea Paprec © PolaRYSE / Agence Effets Mer

Des bateaux à découvrir

Le nouveau bateau du skipper japonais Kojiro Shiraishi — DMG Mori — est un plan VPLP construit à partir du moule de Charal au chantier Multiplast à Vannes. Mis à l'eau en septembre 2019, le bateau semblable en tout point à la première version de Jeremie Beyou est actuellement en phase de tests et d'optimisation.

Des bateaux en construction

"Reste à voir le plan Manuard d'Armel Tripon" dont on a peu de nouvelles. Ou encore le Corum de Nicolas Troussel, qui possèdera la même carène qu'Arkea-Paprec mais un plan de pont bien différent, avec plus de volume et un centre de gravité rehaussé. Les foils se rapprocheront de l'existant.

Corum © Eloi Stichelbaut / polaRYSE / CORUM

Les IMOCA "upgradés"

À cette nouvelle génération d'IMOCA foiler, il faut ajouter certains anciens bateaux équipés de foils de dernières générations qui peuvent s'avérer très performants. "PRB ou Initiatives Cœur ont été remis au goût du jour, et sont des bateaux aux potentiels de vitesse intéressants. De plus leur polyvalence peut leur permettre de tirer leur épingle du jeu."

Sur le Vendée Globe 2020, il y a beaucoup plus de prétendants aux premières places, probablement plus qu'à la précédente édition. "Le niveau va être beaucoup plus élevé, ça va être serré."

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