Louis tu es un des piliers de la class40, d'où est venue cette idée de vidéo décalée ?
Elle n'est pas de moi cette idée ! C'est Aurélien Ducroz, mon partenaire sur la Transat Jacques Vabre, qui est assez fou pour avoir pensé faire du ski de neige derrière notre Class40 CROSSCALL CHAMONIX-MONT-BANC. Mais surtout, il est suffisamment expert et pointu pour mettre l'idée en œuvre. Je suis moi-même impressionné par l'exploit.
Comment vous êtes-vous connu avec le skieur freerider Aurelien Ducroz ?
Nous nous sommes rencontrés la première fois durant la Québec Saint-Malo en 2012, il venait de faire la Minitransat et le courant est bien passé entre nous. Plus tard quand j'ai mis en vente mon bateau faute de sponsor, il m'a contacté pour proposer un projet commun. Notre duo s'appuie sur des expériences complémentaires. Moi je suis un marin pur jus et Aurélien est issu du ski de haut niveau.
Cette vidéo a un style qui diffère des vidéos nautiques habituelles, d'où vient son inspiration ?
Elle est clairement inspirée des sports de montagne, tels que le snowboard, le ski freeride, et le VTT. Ce sont des équipes de montagnards qui sont venus à la mer, c'est pour ça qu'elle apporte de la fraicheur ! Ce type de vidéo - funky et ultra technique- est répandu dans ces milieux, et l'on peut dire que ces vidéos sont en phase avec leur public.
En fait, Aurélien, après 3 titres de champion du monde de ski, a décidé d'évoluer hors compétitions. Soutenus par ses sponsors, il met en scène ses exploits sportifs extrêmes et les vidéos font le tour du monde. C'est une nouvelle façon de faire du sport, toujours repousser le limites, mais hors compétition.
On imagine que la mise en place est assez complexe. Combien de temps avez-vous consacré aux prises de vidéo ?
Nous avions très peu de temps devant nous, le timing était très serré. Sur les 3 journées disponibles, une seule était exploitable. Et sur cette journée, grâce au professionnalisme des équipes nous avons réussi à faire les 3 prises de vues principales.
La première, depuis la plage Lonemeur (56). La seconde prise de vue c'est en ski de neige tracté derrière le zodiac avec le class40 un peu devant. Enfin la troisième prise de vue c'est Aurélien tracté par le class40 CROSSCALL CHAMONIX-MONT-BANC qui affronte les bosses de la mer comme sur une piste noire.
Est-ce que cela vous a demandé beaucoup d'entraînements ?
Non, absolument pas. Aurélien est vraiment expert de son domaine et seul lui pouvait savoir que c'était faisable, je lui ai fait confiance, nous sommes tout de même coéquipiers sur la Transat Jacques Vabre ! (Rire) Le timing était ultra serré et nous n'avions pas vraiment le droit à l'erreur.
D'un point de vue technique, comment Aurélien a-t-il réussi à attraper le palonnier derrière le class40 ?
Ça, ce n'était pas facile ! Nous avons d'abord essayé un départ arrêté, mais ça n'a pas fonctionné. Alors Aurélien s'est installé assis sur le boudin du zodiac avec ses skis chaussés et le palonnier en main. J'ai commencé à faire tourner les winchs du class40 pour accélérer et le bateau à moteur suivait à la même vitesse. Entre 13 et 14 nds de vitesse, Aurélien a mis en tension le cordage et s'est séparé du zodiac. Franchement, ça demande beaucoup de talent de sa part.
Est-ce que vous disposiez d'importants moyens techniques pour cette vidéo ?
Non pas de gros moyens comme les hélicoptères. Nous disposions tout de même de 2 semi-rigides, notre class40 CROSSCALL CHAMONIX-MONT-BANC et une paire de skis pour le skieur givré. Pour les images aériennes, les spécialistes ont travaillé avec un drone. Nous étions 8 personnes sur le tournage : un vidéaste à bord du class40, un autre sur le zodiac, et un dernier au pilotage du drone, nos sponsors étaient aussi à bord.
Quel était l'aspect le plus compliqué à gérer ?
J'étais confiant, mais je ne savais pas si ça allait marcher. En fait, j'étais très préoccupé par la sécurité, je crois que je jouais le rôle du moniteur responsable de gamins un peu agités, mais qui ont de super idées.
As-tu des anecdotes sur le tournage ?
Les montagnards !!! (Rires) Pas de doute, ce sont d'excellents cameramen, habitués aux conditions extrêmes comme les avalanches. Ils sont engagés et très volontaires, mais ça n'enlèvera jamais le mal de mer… Et plusieurs fois, nous avons vu les restes de repas s'envoler avec les embruns.
C'était vraiment une expérience extraordinaire, d'autres vidéos vont venir et nous espérons transférer un peu de cette énergie fraiche et funky apportée par nos amis les montagnards.