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Quel référentiel pour donner une hauteur ?
Pour la bonne compréhension d'une carte marine, les géographes et hydrographes se sont accordés sur une même référence verticale appelée le zéro hydrographique ou le zéro des cartes.
Cette référence commune de hauteur permet de mesurer les profondeurs en mer qui seront donc reportées sur une carte marine. C'est aussi cette même référence qui servira aux prédictions de marées des annuaires spécialisés.
Mais un autre zéro des cartes existe. Il est réservé aux altitudes des terres émergées que l'on peut lire sur nos cartes nautiques ou IGN (cartes terrestres).
Donc sur nos cartes marines il y a deux lignes de référence pour les hauteurs.
Tour du marégraphe de la Rance à Saint-Malo (France), construit en 1844 et aujourd'hui utilisé par l'usine marémotrice de la Rance
Les profondeurs en mer
La première ligne de référence est le zéro hydrographique (ZH) aussi appelé le zéro des cartes. Il concerne exclusivement ce qui sera couvert par l'eau.
Sur les documents du Shom, le zéro hydrographique représenté se rapproche du niveau théoriquement atteint par les plus basses mers astronomiques (une marée théorique de coefficient de 120).
Depuis Beautemps-Baupré en 1838 - "père" de l'hydrographie contemporaine - le niveau des plus basses mers est en principe celui de la cartographie marine française.
On peut dire qu'en général on a toujours plus d'eau que l'indication sur la carte. Il suffira d'ajouter le marnage instantané pour connaitre la hauteur d'eau au niveau de la sonde.
Comment identifier les hauteurs d'eau sur une carte ?
Sur vos documents nautiques, le système de représentation est le suivant :
Si le chiffre n'est pas souligné, la sonde est toujours sous le zéro des cartes, donc même à la plus grande des marées basses cette sonde sera recouverte d'eau.
Si le chiffre est souligné, cela signifie que la sonde est au-dessus du zéro des cartes. En fonction de la hauteur de marée -notamment - la sonde sera ou non recouverte.
Capture d'écran data.shom.fr
Un système universel
Aujourd'hui, ce système est universellement reconnu. Cependant, jusqu'à une certaine époque, sur les documents nautiques de nos voisins anglais, on pouvait lire un zéro des cartes défini à la hauteur de basse mer de vive-eau moyenne soit un coefficient 95.
Le zéro des cartes marines n'est pas celui du zéro des cartes terrestres
La seconde ligne de référence concerne tout ce qui n'est jamais couvert par l'eau. C'est ce qu'on appelle le zéro géographique des altitudes. Cette référence est valable pour toute la France.
Ce repère fondamental a été obtenu par la moyenne des observations des hauteurs d'eau réalisée à Marseille entre 1885 et 1897.
Ce repère fondamental est encore représenté par un rivet de platinium scellé dans le bâtiment qui abrite toujours le marégraphe à l'anse Calvo.
Comment identifier les altitudes sur une carte ?
Sur votre carte marine, la représentation des terres constamment émergées est de couleur jaune/bistre. Les altitudes ne sont pas soulignées tout comme les profondeurs d'eau inférieure au zéro des cartes.
Capture d'écran data.shom.fr
Et pour les phares et les ponts ?
La hauteur d'un phare ne correspond pas à une altitude terrestre, c'est important pour certains usages de sextant comme mesurer une distance qui nous sépare d'un fanal.
Il en va de même pour savoir si vous pourrez passer sous un pont avec votre bateau.
Pour calculer l'altitude d'un feu tout comme la hauteur libre sous un pont, la référence sera la pleine mer moyenne de vive-eau du port de référence.
Capture d'écran data.shom.fr
Le zéro des cartes ailleurs dans le monde
Il existe d'autres définitions du zéro des cartes parfois encore utilisées à étrangers :
- En Allemagne, ce sont les basses mers moyennes de vive-eau
- Aux Pays-Bas, c'est la moyenne des plus basses mers de vive-eau de chaque mois
- Aux États-Unis, c'est le niveau des basses mers inférieures moyennes
- En Indonésie, c'est la moyenne des plus basses mers de vive-eau se produisant tous les six mois
Mais depuis 1996, l'Organisation Hydrographique Internationale (OHI) recommande une harmonisation des cartes marines en adoptant comme zéro des cartes le niveau des plus basses mers astronomiques (PBMA). C'est-à-dire la norme utilisée en France depuis plus d'un siècle et demi