Quel a été ton programme de course depuis la Route du Rhum ?
Globalement, en tant que marins, on construit nos vies autour des bateaux de course. Certains s'amusent avec de grands trimarans autour du monde, d'autres naviguent en Figaro, en Mini ou en Class40, comme c'est mon cas.
Après avoir trouvé un bateau de course en état de courir et défini son programme, l'objectif est de faire un maximum de course. Or, l'arc antillais mérite d'être connu pour son programme de régate.
En décidant de participer au Défi Atlantique, on a finalement passé l'hiver au soleil des Caraïbes. Puis, on ne se voyait pas laisser le bateau au repos trois mois pour revenir participer à cette transat de la mi-mars. L'idée, c'était de profiter des conditions climatiques qui sont ultra favorable aux Antilles en hiver — contrairement à la métropole —. Dans l'arc antillais, le programme de régate est exceptionnel, on peut participer à une course tous les 15 jours dans des îles qui font rêver : La Grenade, la Martinique, Antigua, Saint-Martin, St Barth, etc.
La saison de course aux Caraïbes commence en février — l'une des courses majeures des Antilles est la RORC Caribbean 600 Race — et se termine au mois de mai avec la Semaine d'Antigua (27 avril au 3 mai 2019). En Class40 on ne fait généralement pas cette course pour privilégier le programme de courses européen qui commence avec la Normandy Channel Race (16-26 mai 2019) d'où l'intérêt de cette transat retour en course (Défi Atlantique).
Kito de Pavant et Alex Pella (Made In Midi) avant le départ du Défi Atlantique ©Bateaux.com
Pourquoi avoir participé à ce programme de course caribéen ?
Pour le plaisir de participer à des évènements exceptionnels dans des conditions climatiques idéales pour la navigation ! Régater en flotte dans 25 nœuds de vent, mouillé par les embruns de la mer des Caraïbes c'est tout aussi agréable qu'intéressant sportivement. Pour les sponsors, c'est aussi l'occasion de rayonner dans un univers inédit ou de faire venir des VIP.
Le but de ces courses est aussi de ralentir positivement notre façon de vivre nos projets de course. On a l'habitude — et c'est une mauvaise habitude — d'immédiatement convoyer les bateaux en France — à la voile ou par cargo — après la transat d'automne de la Route du Rhum. À leur arrivée, ils sont mis en chantier pour quelques mois avant de reproduire une nouvelle saison en France.
Aujourd'hui, aux Antilles, il y a beaucoup de courses passionnantes qui regroupent des flottes internationales. Globalement, c'est quand même plus agréable de naviguer dans l'eau chaude et turquoise que dans de l'eau froide (rires). À mon âge aussi, ralentir, c'est pas mal. Même si c'est de manière modérée parce que l'on continue de faire les mêmes choses, de programmer des courses, de travailler sur d'autres sujets.
Kito de Pavant (Made In Midi), en tête au départ du Défi Atlantique ©Bateaux.com
Je pense que les armateurs de Class40 peuvent être convaincus de l'intérêt de ces régates antillaises. Régater dans l'eau chaude et revenir en France pour un programme complet et cohérent de 6 mois vaut le coup. Et maintenant, avec le Défi Atlantique, on peut même faire ce retour en course. Dans l'ensemble, ça coute moins cher qu'un retour par cargo et c'est sportivement plus attractif.
De plus la saison ici ne coute pas cher, les bateaux sont au mouillage. Certes, ça impose de s'en occuper tout l'hiver, mais certains skippers ont laissé leur bateau dans la marina tout l'hiver. Après tout, que faire des bateaux au mois de décembre, que ce soit à Port La Forêt, à Lorient ou à La Grande-Motte ? Ils sont en chantier. Au moins, ici, on régate et c'est ça qu'on aime faire !
Pour moi, il faut aimer passionnément les bateaux, adorer être sur l'eau. On a passé l'hiver antillais dans le bateau, de mouillages en départ de course. Ce n'était pas toujours très confortable, mais je recommencerais les yeux fermés.