La Grèce est le pays de la mer, du vent et du soleil, le trio du bonheur pour les marins. Ce pays aux îles innombrables est réputé pour ses mouillages paradisiaques au cœur d'un immense patrimoine culturel. Depuis l'Antiquité, c'est une grande nation de marins, et Homère ne nous démentirait pas !
Mais la Grèce est aussi un pays de régatiers capables de briller au JO (Mantis et Kagialis, bronze en 470 en 2016) ou en course au large (Team Optimum 3, vainqueur en 2018 de la Rolex Middle Sea Race en IRC 2)
Et franchement, à bien y réfléchir, ce n'est pas si désagréable de régater quand il fait beau, chaud, plongé dans un paysage parsemé d'îles.
Alors, quand on sait que le royaume d'Éole, de Poséidon, et d'Hélios n'est qu'à 3 heures de vol de Paris, il serait dommage de se priver d'une telle expérience.
En cette fin Mars, début de la saison estivale, la température atteint facilement 20 degrés en journée et pourtant au loin, on aperçoit encore les montagnes enneigées.
Deux régates historiques
L'Hydra regatta, a lieu deux fois par an, à l'occasion des deux fêtes nationales grecques, fin octobre et fin mars.
Depuis 1976, le Hellenic Offshore Sailing Club - fameux yacht club d'Athènes- célèbre le début la saison de courses avec l'Hydra regatta, toujours autour de la fête nationale du 25 Mars.
Et chaque fin octobre, c'est au tour du Yacht-club de Grèce d'organiser l'autre édition de l'Hydra Regatta, toujours à proximité de l'autre fête nationale, celle du 28 octobre.
Ces deux événements attirent un nombre croissant de régatiers. On observe que partout en Europe, les régates côtières gagnent en popularité, celle-ci en est un très bon exemple.
Une ambiance cosmopolite
La première régate de la saison s'appelle la "Révolution grecque" en hommage à la fête nationale.
Cette année sur les 66 voiliers inscrits nous étions 8 bateaux étrangers. Et pourtant sur les pontons, dans les tavernes et les restaurants, l'ambiance est cosmopolite. Un nombre croissant d'équipiers viennent de différents pays d'Europe, autant pour la course que pour les festivités.
Nous participons à cette régate à bord d'un Pogo12.50 affrété par Fastsailing dans le cadre d'un stage de perfectionnement à la course au large. Après une semaine d'entrainement à sillonner la mer Égée, notre équipage très "melting pot" (anglais, russe, allemand, belge et français) est prêt à régater.
Un parcours simple, mais attention aux pièges
Ces 2 régates ont le même parcours : départ au pied du Yacht-club de Grèce en direction de l'île d'Hydra, et arrivée juste devant le port. Et comme on sait bien vivre en Grèce, si l'arrivée se fait de nuit les restaurants le savent et restent ouverts jusqu'à 2 h du mation pour accueillir les équipiers.
Le parcours retour, c'est simplement le trajet inverse. Mais, attention, la route est clairement truffée d'embuches et de pièges, sous formes d'îles et de montages. Sur un tel plan d'eau, aux effets côtiers très prononcés, les montagnes peuvent canaliser ou stopper le vent.
Il faut être attentif aux effets de sites et ne pas hésiter à relire tout J. Y. Bernot.
Des surfs à 20nds
C'est le mois de mars et pourtant, il fait beau, chaud et les embruns nous réjouissent.
Notre équipage a seulement une semaine d'expérience sur le Pogo 12.50, mais nous avons enchainé les entrainements sur plus de 600 mn. Alors, quand on nous a annoncé une forte brise au portant l'excitation était à son comble.
Au départ, autour de nous, c'était parfois l'hécatombe. Des bateaux partaient au lof ou à l'abattée dans les puissantes rafales qui dévalaient les montagnes surplombant Athènes.
Effectivement, un vent N-N-E de 25/30 nds a propulsé l'ensemble de la flotte à vive allure vers les rivages d'Hydra. Sous spi médium, nous nous sommes régalés, poussés parfois à près de 20nds dans des rafales atteignant 35 nds.
Le vainqueur en temps réel, un GP42, a achevé le parcours en à peine 3 h.
Après une belle série d'empannages, nous laissons derrière nous les deux autres bateaux avec lesquels nous nous sommes entrainés durant la semaine, et c'est déjà une petite victoire.
Et finalement avec notre Pogo12.50, nous passons la ligne d'arrivée en 7e position.
Évidemment, il y a quelques bateaux de course extrêmement affûtés comme le GP42, un Swan 45 OD, Farr 40, IMX 43.
Mais comme dans beaucoup de régates de clubs, sur la ligne de départ, on retrouve surtout des bateaux conventionnels. Les 66 concurrents sont donc répartis en deux catégories, performance et croisière.
Une journée off pour découvrir Hydra
Après une belle journée de voile sportive, le soir les nombreux bars et restaurants accueillent presque 500 équipiers et skippers dans une ambiance très festive et conviviale.
The Pirate Bar, est de ces institutions insulaires qui font la joie des soirées de marins. Ouverte depuis 1976, cette taverne est située sur les quais du petit port. Le jour, on s'y prélasse en terrasse et la nuit on s'y presse au bar qui déborde de clients.
Le jour off permet à certains de se remettre des excès de la veille et à d'autres de partir en balade.
Hydra est une île sublime du golfe Saronique. Le village est construit sur les pentes d'une colline autour d'un petit port bien encombré à l'occasion de cette régate.
La particularité de l'île d'Hydra c'est l'interdiction de voitures et autres véhicules à moteur dans toute l'île. Tous les transports se font donc à pied, en bateau ou à dos d'âne. C'est une sorte de Saint-Tropez grec où résident beaucoup de célébrités. De nombreux chemins de randonnée permettent de découvrir les trésors de cette île.
Un retour dans la pétole
Le départ de la manche du retour a lieu devant le port sous le regard admiratif des touristes qui se pressent le long des promontoires.
Le couloir de 4 milles qui sépare l'île du continent canalise un vent qui peine à souffler les 8 nds. Nous jouons à fond les effets de site en virant à chaque fois aux pieds des falaises.
Une fois sorti de ce canal, le vent s'épuise et finit petit à petit par nous laisser sans vitesse sur un plan d'eau qui semble définitivement statique.
Ainsi le retour sera moins amusant, faute de vent nous nous retirons de la course à mi-parcours pour rejoindre le port de Lavrio au moteur.
Pour son charme et son authenticité, l'Hydra Race mérite le détour par Athènes. Outre l'aspect sportif, régater en Grèce c'est un plaisir esthétique, culturel et gastronomique.
Comment participer ?
Hors saison, un billet pour Athènes vous coûtera probablement moins de 250 €.
Vous pouvez louer un bateau de régate avec ou sans skipper auprès de Fast Sailing. Ils disposent de X-Yachts, de Solaris, et d'une flotte complète de Pogo (50,12 .50, 36, 30).
Des équipes comme Team Optimum avec leur Farr52 donnent la possibilité de participer en tant qu'équipier sur de purs voiliers de course.
Si vous n'êtes pas très attachés aux performances, vous pouvez aussi louer un bateau de croisière traditionnel chez de grands loueurs comme Moorings et Sunsail.
Nous vous conseillons de faire appel à un skipper local qui saura déjouer les pièges météorologiques.