Nous avons rencontré Luke Berry à Pointe-à-Pitre la veille du départ sur son bateau. Au milieu de ses préparatifs pour la transat Defi Atlantique, il répond à quelques questions.
Depuis cette interview, le Class40 Lamotte - Module Création a démâté le 24 mars alors qu'il se trouvait à 180 milles des côtes. La décision a été prise d'abandonner la course et le bateau se dirige ssous gréement de fortune.
Pourquoi participer au Défi Atlantique ?
C'est toujours plus sympa de faire du bateau que de le ramener par cargo. Ça nous permet aussi de continuer à régater en hiver. Pour une histoire de temps, je pense que je ne l'aurai pas ramené en convoyage. Si le bateau avait été ramené en France, on serait encore en chantier ou l'on débuterait les entrainements. Là, on va se faire un entrainement transatlantique, ce n'est pas négligeable.
Le Défi Atlantique permet humainement de naviguer avec d'autres personnes sur une transat : les copains, l'équipe — Ludo a beaucoup travaillé sur le bateau et compte un podium de Mini – et apprendre d'eux. C'est aussi l'occasion d'inviter Pablo, une référence en Class40 et d'essayer de continuer à progresser à ses côtés.
Est-ce que le format de la course avec une escale à Horta présente un avantage ?
Oui, ça fait partie des avantages de cette course car ca permet de changer d'équipage en cours de course. Ca me permet de naviguer avec d'autres personnes. Je peux naviguer avec des copains, des gens connus du milieu et aussi des partenaires. En tout, six personnes vont naviguer avec moi pendant la course.
Sur la 2e étape, mes deux partenaires titres viennent. Les patrons de Lamotte et de Module Création. C'est sympa et ça montre l'implication qu'ils ont dans le projet. Eux veulent progresser et j'ai aussi des choses à apprendre d'eux puisqu'ils ont pas mal de transats à leur actif.
Après la Route du Rhum, as-tu participé au circuit de course caribéen ?
Après la Route du Rhum, le bateau a été sorti à Basse-Terre pour le chantier d'hiver. On avait quelques soucis à régler sur les safrans et le gréement avant le retour. Ludo et Arnaud sont venus dix jours avant la Carribean 600 pour travailler dessus.
C'est l'unique course à laquelle nous avons participé, pour des questions de timing. En plus d'être sympa, elle est sportivement intéressante, avec plusieurs Class40.
Comment as-tu constitué ton équipage ?
À bord, Pablo Santurde del arco connait très bien la Class40. Il a de nombreux podiums à son actif et peut nous apporter beaucoup niveau performance. Ludovic Mechin connait très bien le bateau — il en d'ailleurs fait le chantier —, navigue très bien aussi — il a terminé 3e de la Mini Transat 2015 — et on s'entend très bien. Yannis Troalen est ingénieur chez Pixel sur Mer, entreprise d'informatique et d'électronique marine. Il a travaillé longtemps chez Spindrift et Banque Populaire. C'est important pour lui de naviguer et grâce à son côté ingénieur, il a des choses à nous apporter sur la performance électronique.
Ça plait à tout le monde et c'est l'occasion de faire naviguer des personnes qui ont moins d'expérience sur le bateau, mais qui sont tout autant impliqué dans le projet.
Quatre personnes à bord, ce n'est pas un frein pour la compétition ?
À quatre, on sera plus compétitifs. On va faire deux équipes : une personne à la barre et une aux réglages et on sera à 120 % tout le temps. De par mon expérience sur la Québec — Saint-Malo, à trois, je trouve que c'est assez fatigant.
On a aussi beaucoup échangé avec Pablo, qui a navigué de nombreuses fois en équipage, et qui a validé ce choix. Et tant que tout le monde s'entend, c'est le principal !
On retrouve le podium de la Caribbean 600 sur ce Défi Atlantique, il y a un challenge retour ?
Bien sûr ! On a terminé à 6 minutes des deux premiers en trois jours de course. Ça ne me dérange pas d'être à six minutes des autres, mais si je peux être quelques minutes devant c'est encore mieux !
Je me suis d'ailleurs entouré du vainqueur de la Caribbean 600, Pablo (NDLR : qui faisait partie de l'équipage vainqueur d'Earendïl).
Comment avez-vous prévu le retour ?
Ça dépend de l'interaction entre l'anticyclone et la dépression qui arrivera. En fonction des modèles, l'estimation est de huit à dix jours pour rejoindre Horta. On en saura plus au milieu de la semaine prochaine.
Le départ se présente comment ?
On est sur un régime d'alizés asse faible, dans les 15/18 nœuds. Sur la Caribbean 600 on était plutôt dans les 18/22 nœuds. Il n'y a pas beaucoup de houle non plus, mais c'est bien pour se remettre dedans. Ça fait quelques semaines que l'on n'a pas navigué.
Quel est votre état d'esprit à quelques heures du départ ?
Je suis beaucoup plus serein que sur une course en solo. C'est quand même super sympa. On a passé notre semaine à se marrer et je souhaite que l'ambiance reste la même en mer. Le bateau est bien préparé même s'il y a encore deux trois bricoles à peaufiner. Il y a toujours à faire. Par contre, je me suis coupé le doigt il y a deux jours et j'ai quelques points de suture, donc c'est bien d'être à plusieurs.
Crédits photos : Bateaux.com