L'île de Saint-Martin un an après IRMA, comment le nautisme a repris ?

© Bateaux.com

L'île de Saint-Martin a subi de plein fouet les vents de plus de 300 km de l'ouragan IRMA en septembre 2018. Un an après, nous avons eu l'occasion de nous rendre sur l'île mi- Française, mi- Hollandaise et de voir comment l'industrie nautique et touristique a repris.

La flotte saint-martinoise intégralement touchée

Nombreux sont les professionnels et les plaisanciers qui avaient leurs bateaux sur l'île de Saint-Martin pendant le passage de l'ouragan. S'il a été facile de tirer un bilan des bateaux de location, la difficulté se trouve chez les particuliers. "Certains bateaux sont immatriculés en Guadeloupe et pas à Saint-Martin", explique Bulent Gulay, Reponsable de Metimer, l'association des professionnels de la mer à Saint-Martin.

Au total, et après expertise auprès des chantiers et des experts, ce sont 1 200 bateaux qui ont été victimes du cyclone IRMA, tant du côté hollandais, que français, de l'île.

"Il n'y a pas eu un seul bateau indemne, que ce soit des gros dégâts, des démâtages ou des éraflures de gelcoat" détaille Bullent. Et seulement la moitié sont répertoriés officiellement, "On a 650 dossiers d'assurance connus" ajoute Bullent. "Aujourd'hui, c'est difficile de dire combien de bateaux ont été réparés ou enlevés. Ça dépend des experts et certains bateaux ont d'ores et déjà été emmenés par barge en France" explique Bullent.

Oyster Pond, l'ancienne base de Sunsail / The Moorings ©Bateaux.com

La majorité des bateaux touchés sont des bateaux à moteur — activité plus pratiquée à Saint-Martin que la voile — et la plupart des gens vivaient à bord.

Sur l'île, on dénombre 4 chantiers, dont 3 du côté hollandais, et les équipes sont insuffisantes pour effectuer les travaux. Ici, pas de chantiers de construction, mais de refit, d'entretien, de maintenance ou encore de réparation. On trouve encore des "carcasses" de bateaux à terre, comme en mer, même si le plus gros a été enlevé, et la filière nautique travaille désormais sur la manière de déconstruire les bateaux.

Le grand hôtel d'Oyster Pond reconstruit depuis IRMA ©Bateaux.com

Les compagnies de charter toujours présentes

Si Saint-Martin comptabilisait 14 marinas — donc 4 du côté français — il n'en reste aujourd'hui plus qu'une de fonctionnelle : Fort-Louis à Marigot, la capitale française de l'île. C'est d'ailleurs à cet endroit qu'on rapatrié les bases de charter, à commencer par la compagnie Sunsail/The Moorings, basée auparavant Oyster Pond, sur la côte est, à la limite de la frontière hollandaise.

"La compagnie Sunsail/The Moorings qui est connue et installée tout autour du monde était basée à Oyster Pond, marina entièrement touchée par IRMA. Et malgré la perte totale de la flotte, la direction de la compagnie n'a pas quitté Saint-Martin. Elle continue à croire à notre destination et sait très bien que nous avons une excellente image auprès des plaisanciers d'Amérique du Nord et de plus en plus européen" explique Alexina Paya, de Metimer.

L'île comptait 175 bateaux de charters, répartis entre différentes compagnies : Sunsail, The Moorings, Dream Yacht Charter ou encore Vents de Mer. "À Saint-Martin, nous sommes passés de 40 bateaux avant Irma à 15 actuellement, ce qui suffit pour la demande actuelle" expliquait Josie Tucci, vice-présidente de Sunsail-The Moorings à BoatIndustry.

La nouvelle base de Sunsail à Fort-Louis (Marigot) ©Bateaux.com

Le principal loueur de la zone a rapidement fait retravailler le personnel, mais les marinas étaient détruites et personne n'était capable de donner une date de réouverture. Si l'activité de charter n'a pas pu reprendre immédiatement, quelques bateaux ont néanmoins pu partir fin 2017. Les réservations ont été maintenues et les plaisanciers qui avaient réservé des voyages ont accepté de décaler leur voyage ou de changer de zone de navigation. Tout le monde a joué le jeu de la solidarité. Et les charters ont repris fin 2018.

"Un an après, nous sommes prêts et nous n'avons pas peur. La société The Moorings/Sunsail a investi des moyens financiers dans la commande de nouvelles unités. Mais il leur faut de la place pour réaccueillir la flotte. On est dans une démarche de progrès, mais il faut créer des marinas et donc trouver des lieux. C'est une volonté de notre part" conclut Bullent.

La Marina Isle de Sol en reconstruction pour la saison 2018 ©Bateaux.com

Des marinas rouvertes

Si le côté français de l'île ne peut pour l'instant compter que sur Fort-Louis, à Marigot, le côté hollandais bénéficie d'une très grande marina, la Marina Isle de Sol, initialement spécialisé dans l'accueil de mégayachts.

Les travaux continuent partout sur l'île pour rouvrir les ports et rebâtir les infrastructures. C'est également le cas à Orient Bay — le Saint-Tropez local dédié aux sports nautiques — où ont reconstruit des restaurants et des hôtels, mais aussi une école de voile.

Orient Bay, le paradis des sports nautiques ©Bateaux.com

"La problématique se trouve au niveau des infrastructures, pour l'installation des bases d'accueil et technique et le manque de places à quai disponible. Entre les plus grosses enseignes du monde, plus de 100 bateaux cherchent à retrouver leur attache dans nos marinas et à démarrer de suite leur croisière, car la demande est très dense, avec une clientèle à fort pouvoir d'achat.

Plusieurs structures locales ont disparu dans le nautisme. Il est certain que dès la remise en état des infrastructures ces petites entreprises vont renaitre ou de nouvelles vont se construire. Notre destination est en état de reconstruction, mais cette fois, elle sera refaite mieux et plus solide pour faire face à des catastrophes de plus en plus puissantes et pour mieux recevoir nos visiteurs avec des standards d'excellence dans tous les domaines" conclut Alexina.

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