Le Maxi Banque Populaire IX irrécupérable, les photos après chavirage

Le Maxi Banque Populaire IX © @javimontenegro

Le Maxi Banque Populaire IX chavirait le 6 novembre 2018 à 340 milles dans le nord-est des Açores, avec à son bord, son skipper Armel le Cléac'h, engagé sur la Route du Rhum. Si le skipper était rapidement récupéré, le remorquage a demandé plus de temps. Et le couperet est tombé : la reconstruction est impossible.

Un bateau irrécupérable

Après son chavirage survenu le 6 novembre dernier sur la Route du Rhum 2018, le Maxi Banque Populaire IX est arrivé à Vigo (Espagne) après 10 jours de mer dans des conditions difficiles. Enfin, disons plutôt "les éléments" du trimaran puisque ce dernier s'est fortement détérioré.

La localisation du bateau a été possible grâce à la balise Argos placée à l'intérieur du bateau et au repérage réalisé par satellite Pléiades avec le concours de la société Airbus. Un navire est arrivé sur zone quelques jours après le chavirage sous le pilotage d'Adrien Hardy, missionné par l'assurance en raison de son expertise dans le domaine, afin de tenter de ramener à terre les éléments endommagés du bateau.

L'assureur va désormais expertiser le bateau, mais ce qui est déjà sûr, c'est que ce dernier est irrécupérable, comme l'a expliqué Ronan Lucas, directeur du Team Banque Populaire : "Malgré tous nos efforts, avec la tempête, le bateau est intégralement disloqué et en l'état, sa reconstruction s'avère impossible. Nous sommes tous très tristes de cette issue lorsque l'on pense à toutes les personnes ayant contribué à ce fabuleux projet. Nous sommes à pied d'œuvre pour imaginer la suite de cette magnifique histoire avec Banque Populaire."

Quel avenir pour Armel le Cléac'h et la banque de la voile ?

Banque Populaire et son équipe travaillent depuis plusieurs jours pour étudier les différentes possibilités qui s'offre à elle. La banque de la voile qui fêtera ses 30 ans en 2019, sponsorise des bateaux de course depuis 1989 et est partenaire de la Fédération Française de Voile depuis 2000. Et dès 1994, elle s'intéressera de très près aux multicoques puisqu'elle construira pour Francis Joyon un Trimaran 60' Orma nommé Banque Populaire I. Pendant toutes ces années, la banque de la voile est sur tous les fronts : Figaro, IMOCA, trimaran ou encore Jeux olympiques. Elle construit ou rachète des bateaux au gré des opportunités.

C'est en avril 2011 qu'Armel le Cléac'h rejoint le Team Banque Populaire en IMOCA avec la Route du Rhum 2012 dans le viseur. Après une 2e place, Banque Populaire rachète l'ancien Groupama 3 de Franck Cammas, baptisé Maxi Solo Banque Populaire VII, et à bord duquel il décrochera de nombreux records. C'est également sur ce trimaran que Loïck Peyron remportera la Route du Rhum 2014 (NDLR : Armel Cléac'h s'étant blessé et ne pouvait y participer).

Finalement, le skipper de Banque Populaire se relance dans une carrière en IMOCA avec la construction du Mono Banque Populaire VIII, équipé de foils. Il remportera à son bord le Vendée Globe 2016 avant de se concentrer sur un nouveau projet en Ultime.

Ce n'est pas la première fois que Banque Populaire perd un bateau - Lalou Roucayrol avait chaviré avec Banque Populaire II, trimaran 60' ORMA et ce dernier avait disparu en mai 2000 pour sa première course officielle. Sauf qu'en 2018, les budgets ne sont plus les mêmes. On parle de 14 à 15 millions d'euros pour un Ultime de dernière génération...

Alors que va décider Banque Populaire, depuis toujours impliqué dans le sponsoring voile ? La construction d'un nouveau trimaran — mais il faut compter au moins 2 ans de chantier —, le rachat d'un Ultime existant - le nouveau Macif sera mis à l'eau en 2019 et donc l'ancien devrait être mis en vente, ou encore le changement de support ? L'arrivée du Figaro Bénéteau 3 donne envie à de nombreux skippers de revenir à ce bateau, comme Michel Desjoyeaux ou Loïck Peyron... Une classe qu'Armel le Cléac'h connait puisqu'il remportait en 2013 la 2e étape de la Solitaire du Figaro...

Et qu'en est-il du skipper ? Son équipe nous confiait en août dernier "Je pense savoir qu'il est tout à fait remis ou en tout cas peu impacté puisque l'histoire s'est plutôt pas mal terminée. (...) C'est sûr qu'il a maintenant un petit paramètre en lui qui lui permet de déterminer certaines limites qu'on n'avait pas précédemment. Je n'ai pas le sentiment que ça l'ait impacté plus que ça même si c'est sûr qu'on s'en serait très bien passé." Mais après deux chavirages, a-t-il toujours autant l'envie de "remonter" sur un Ultime ?

Deux chavirages en sept mois

Deux chavirages en sept mois auront eu raison de l'intégrité du Maxi Banque Populaire IX... Le premier avait lieu le 14 avril 2018 au large des côtes marocaines en équipage réduit tandis que le 2e s'est déroulé ce 6 novembre en pleine Route du Rhum, à 340 milles dans le nord-est des Açores en solitaire. Si le premier était lié à un problème de déclenchement du système anti-chavirage, le 2e est dû à la rupture du flotteur bâbord.

Est-ce que le premier chavirage avait fragilisé le trimaran structurellement ? Est-ce que les choix de construction de ces Ultimes toujours plus performants sont trop radicaux ? (NDLR : Edmond de Rotschild, issu du "même" moule a lui aussi été sévèrement abimé sur la Route du Rhum 2018)... Les questions fusent de tout côté et des réflexions profondes vont devoir être menées prochainement.

Crédits photos : @javimontenegro 

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