Les foils, la valeur sûre des IMOCA ?


Fin 2014, la classe IMOCA validait l'ajout de foils sur les 60 pieds IMOCA. Mais c'est véritablement le Vendée Globe 2016 qui fiabilisait l'appendice sustenteur. Aujourd'hui, avec la mise à l'eau de Charal - un pur foiler - on atteint encore une nouvelle dimension dans le développement du foil. Retour sur l'évolution des grandes moustaches qui font des bateaux de course de véritables performeurs.

Le balbutiement des foils

Le 15 octobre 2014, la classe IMOCA validait l'ajout de foils sur les 60 pieds open et cinq nouveaux bateaux "nouvelle génération" – des plans VPLP – Verdier – devaient voir le jour entre février et juillet 2015. Tous équipés de ces fameux appendices porteurs. On en était aux balbutiements… L'occasion pour les skippers d'étrenner leurs "machines" toutes neuves sur la Transat Jacques Vabre à l'automne 2015. Pourtant, les favoris étaient tous des non "foilers" à l'image de SMA, Quéguiner-Leucémie Espoir ou encore PRB, vainqueur de la course en double.

La course est menée par les "classiques", même si les foilers sur leur traversée de la Manche prouvent qu'ils sont extrêmement rapides dans des conditions de mer peu agitée et de vent de travers modéré. De nombreux foilers rencontrent même des avaries, les contraignant à abandonner comme Edmond de Rothschild, Safran

Vinent Riou confiant à son arrivée au Brésil : "La nouvelle génération est en phase d'apprentissage, de découverte. On ne joue pas dans la même catégorie. Nous avons un bateau abouti, dont on a les manettes. Eux sont en mode découverte. C'est sûr que les foils, c'est l'avenir de la voile. Nous en aurons tous un jour. On ne peut pas refuser le progrès. Aujourd'hui, c'est une histoire de timing, un délai de mise au point, on est à chaud, il falloir analyser ce qu'il s'est passé."

La Transat New York – Vendée en mai 2016 ne permettait pas de valider les bénéfices du foil, la raison aux OFNI qui décimaient la flotte. L'infime écart entre le vainqueur Banque Populaire (foil) et PRB (sans foil) non plus puisque le skipper du bateau orange annonçait avoir perdu 2 voiles d'avant, pendant la course, qui lui auraient permis de terminer la course plus facilement au près. Mais cette course prouvait que les foilers étaient désormais fiables.

Le tournant Vendée Globe

Il faudra attendre le Vendée Globe 2016 pour que les foils révèlent enfin tout leur potentiel. Et avant ça, le Défi Azimut en septembre avec trois foilers sur le podium : Banque Populaire VIII, Safran et Maître Coq (ancienne génération équipée de foils).

En novembre 2016, donc, les IMOCA à foils étaient les stars de la course autour du monde en solitaire. Sur les 29 bateaux au départ, ils sont 7 équipés de foils : 6 "foilers" neufs (St-Michel Virbac, Edmond de Rothschild, Safran, Banque Populaire VIII, Hugo Boss, No Way Back) et un d'ancienne génération, modifié (Maître Coq).

Même si les essais montrent un gain avéré, les architectes attendent de vérifier, comme nous l'expliquait VPLP, peu avant le départ de la course : "Aujourd'hui, on a vu des gains suffisamment importants pour pouvoir continuer sur cette lancée. Mais on ne s'interdit pas de revenir sur quelque chose de plus classique si l'on voit que c'est trop difficile à mettre en place ou si ça ne porte pas ses fruits.

Nous savons déjà qu'il y aura un gain important en vitesse ; que les foils pourraient faire gagner deux jours sur un Vendée Globe. C'est au reaching que le différentiel sera le plus élevé. Au portant, les bateaux devraient gagner aussi en vitesse. Au près, ce sera plus compliqué, mais le près, c'est 10 % du temps seulement sur un Vendée Globe."

Le foil légitimé

Les monocoques à foils ont clairement démontré leur potentiel sur ce tour du monde. Quatre sur sept sont en effet revenus à bon port et trois d'entre eux ont terminé sur le podium (Banque Populaire VIII, Hugo Boss et Maitre Coq).

La vitesse est également au rendez-vous puise Armel le Cléac'h a mis 74 jours pour boucler son tour du monde, soit 4 jours de moins que François Gabart en 2013. Alex Thomson – deuxième de la course – en profite également pour réaliser le record des 24 h en monocoque en solitaire avec 536.81 milles parcourus.

Et c'est finalement à la suite du tour du monde que les architectes ont commencé à travailler sur la "3e génération" d'IMOCA, à l'image de Charal, que l'on a vu en action pour la première fois sur le Défi Azimut en septembre 2018. Contrairement aux premiers IMOCA à foils, Charal (et d'autres, comme le prochain Hugo Boss sont également en construction) a été conçu autour des foils. Le cabinet d'architecture VPLP a donc développé un bateau autour de ces appendices en développant une coque et une carène spécifique.

La naissance des "foilers"

Le Défi Azimut, qui s'est déroulé du 21 au 22 septembre 2018 était l'occasion d'une dernière répétition générale pour les IMOCA, avant la Route du Rhum (NDRL : départ le 4 novembre 2018). Les 15 skippers en lice ont pu se mesurer les uns aux autres et comparer les forces en présence. Et notamment les foils de chacun, ou encore les innovations du moment, et particulièrement du tout récent Charal, avec son design radical et ses foils immenses.

"Je pense que nous avons définitivement enterré le débat entre foilers et non foilers. Le Défi a confirmé que les foils sont la solution. Désormais, on entre dans un nouveau débat entre petits foils et grands foils. On a vu que PRB, avec ses grands appendices, a des attitudes intéressantes à toutes les allures. Les choix effectués par Vincent Riou et son équipe semblent très positifs" explique Antoine Mermod, président de la classe IMOCA.

Si Charal s'est retiré des 24 h du Défi Azimut – remportée par PRB récemment équipé de foils — pour cause de soucis électronique, le bateau affiche "un potentiel impressionnant, la base est extraordinaire" dixit Antoine Mermod.

Et il l'a d'ailleurs démontré sur les "runs" entre Groix et Lorient, où les équipages devaient réaliser le meilleur temps sur un parcours de 1,5 mille au reaching, bâbord amure. Charal a fait parler la poudre, juché sur ses immenses foils. Avec un temps de 4 minutes et 52 secondes, Jérémie Beyou a écrasé la concurrence.

Aujourd'hui donc, il n'y a plus de question à se poser concernant la fiabilité du foil, comme l'explique le président de la classe IMOCA, ou encore l'architecte Vincent Lauriot-Prévot "le foil, on ne peut plus s'en passer."

Pour autant, ce n'est que le début et de nombreuses évolutions sont encore à prévoir…

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Gérard Goeken
Gérard Goeken
Magnifique article sur les IMOCA à foils dont Charal a montré lors des runs de vitesse tout le potentiel. Je suis impatient de découvrir le nouveau bateau d'Alex Thompson ( qui a amélioré son record des 24h avec 540 miles ) et celui d'Armel Tripon. Avec la coupe de l'America, un nouveau monoque va apparaître, qui va peut-être dépasser les foilers : l'avenir nous le dira...
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