- Prix : à partir de 18 000 euros
- Construit depuis 1989 à 240 exemplaires
Etroitement lié à l'île de Ré, le chantier Latitude 46 a soufflé ses 30 bougies en 2017. C'est justement l'année de naissance du chantier qu'est né le fameux Tofinou 7 – premier de la gamme. Son histoire a démarré très tôt, en 1929 précisément.
Cette année-là, le Capitaine Merle dessine un dériveur lesté de 7 mètres avec une élégante tonture de pont, une quille longue prolongée par une dérive quart-de-brie et cette étrave camuse caractéristique. Le propriétaire de cette petite unité unique et séduisante, Edouard Menuteau, a vécu au Dahomey, aussi la baptise-t-il Tofinou, ce qui signifie "gens de mer" en dialecte africain.
Un siècle ou presque plus tard, toujours le même programme
Le programme de ce petit dériveur ? Promenade et pêche autour de l'île de Ré. En 1986, après des années de charter aux Antilles, Philippe Joubert, frère de Michel – l'architecte récemment disparu - décide de s'installer sur ce bout de terre raccordé au continent par un pont et d'y monter un chantier naval.
Il découvre le Tofinou. Le bateau à la coque blanche, pudiquement recouvert d'un film plastique déchiré de toutes parts, est récupéré à l'état d'épave. Et c'est en restaurant pour un de ses premiers clients le petit voilier – il navigue toujours ! – que Philippe a l'idée d'en tirer un moule.
Le même, mais en polyester
Il décide de conserver une touche classique en proposant :
- des coques de couleur – vert anglais, bordeaux, crème, bleu marine…
- des hiloires en acajou verni
- un pont teck
- un mât rétreint laqué blanc.
Le bateau est présenté au Salon Nautique de Paris en 1989 et connaît un franc succès. A ce jour, avec 240 unités construites, il reste un OVNI dans l'histoire de la plaisance. Jamais un voilier plutôt haut de gamme et donc relativement onéreux – pour sa taille – n'avait connu une telle diffusion, habituellement réservée à des modèles grand public aux prix serrés. Et il est toujours au catalogue du chantier en 2018 !
Un diesel et en enrouleur
Fidèle à son programme de départ – la ballade côtière -, il est équipé d'un petit diesel, d'un enrouleur de génois et d'un grand coffre étanche sous le pontage avant. De nombreux équipets sous les passavants permettent de stocker du matériel supplémentaire.
L'engouement pour cette série est attribué à Francis Dumoulin, amoureux de l'île de Ré et surtout rédacteur en chef du magazine Lui. Propriétaire d'un Tofinou, il a entraîné son entourage à faire de même. Si la flotte compte aujourd'hui une trentaine d'unités sur l'île, le tofinou 7 a également essaimé dans le Golfe du Morbihan, le Bassin d'Arcachon, la Côte d'Azur, mais aussi l'Italie et le Japon !
Simple à mettre en œuvre
Pas de cabine, mais tout de même un taud pour protéger les vernis. La fiabilité du moteur in-board et sa puissance rendent faciles et sûres les manœuvres de port. A hisser la grand-voile avant de découvrir un accastillage très simple, mais efficace, à l'image de la pantoire d'écoute de grand-voile ou des écoutes moufflées de génois qui permettent de se passer de winch.
Mais pas si facile à faire (bien) marcher !
Ce type de voilier, lourd et peu toilé, dispose d'une importante inertie : pour performer, le principe est donc de les lancer et de conserver cette vitesse. Il convient de naviguer à plat, avec un faible angle de barre et peu d'action sur le safran. Il est également indispensable d'accorder un maximum de puissance au génois. Les recettes : beaucoup de contre-écoute de foc pour creuser la voile d'avant.
Et gestion permanente de la grand-voile, ce qui consiste à jouer non-stop de l'écoute et du pataras – souqué pour "vider" la voile dans les surventes. L'exercice se complique encore dans la brise : les formes pleines à l'avant n'apprécient guère le clapot serré et comme le franc-bord est limité, le Tofinou mouille rapidement ses équipiers !
Le diagnostic de Bateaux.com
Elégant, le Tofinou 7 vieillit bien pour peu que le pont soit protégé par un taud. Logiquement, les unités âgées de 30 ans ou presque sont bien plus abordables que les modèles les plus récents. Les périphériques, comme l'accastillage et le système de relevage de la dérive, sont simples et fiables. Il est facile à manœuvrer en solitaire : le plan de voilure, plutôt élancé, fait la part belle à la grand-voile, trois fois plus grande que le foc. Le moteur diesel est protégé par un caisson, bien utile au barreur pour se caler les pieds.
Les avantages
- Programme très large – promenade, raid côtier, pêche, régate
- Une jauge limite la course à l'armement
- Possibilité de naviguer en solitaire
Les inconvénients
- Les vernis ne tiennent plusieurs saisons qu'avec la protection d'un taud
- Le bateau ne s'échoue pas à plat
- Pas de cabine
Mais que lui manque-t-il ?
Un spi lui donnerait des chevaux au portant, mais le programme du Tofinou est bien la ballade. Les régatiers s'en accommodent, comme les amateurs des Caravelle.
L'équivalent aujourd'hui ?
Depuis quelques années, la voile néo-rétro est représentée par de nombreux modèles transportables comme le Bihan 6,50, le Chacal 24 ou encore le Ti'bac. Sans compter les grands classiques comme le Cormoran, le Windclass ou encore les Cornish Crabber.