Avec trois bateaux virtuellement à égalité de points la tension était palpable sur les pontons avant le départ de Götebord, ce jeudi 21 juin. Pour rappel, MAPFRE et Team Brunel cumulent 65 points, Dongfeng Race Team, 64, mais l'équipe rouge est quasiment assurée d'empocher le point de bonus du meilleur temps cumulé sur l'ensemble de la course). Cette dernière étape longue de 700 milles — qui s'annonce ventée — décidera donc du grand gagnant de cette édition !
Jamais en 45 ans, l'issue de la course n'a été aussi incertaine ! Tous étaient donc concentrés afin de donner le meilleur d'eux même sur cette étape décisive.
"C'est bon pour la course de voir trois équipes dans le même point. On est forcément un peu nerveux, mais surtout très excités, ça va être très intéressant, avant d'ajouter, à propos de cette étape finale de 700 milles. C'est un format que j'aime vraiment, comme une étape de Solitaire de Figaro, ça va être une grosse bataille, il faudra avoir une bonne vitesse, faire les bons choix, bien réussir les transitions. À l'arrivée, il y aura une seule équipe contente, les deux autres seront tristes, mais s'il y aura un beau premier, il y aura aussi un beau deuxième et un beau troisième, il n'y aura pas de honte à terminer sur le podium" a ainsi confié Charles Caudrelier, skipper de Dongfeng Race Team.
Du côté de Team Brunel — qui rafle toutes les victoires sur cette fin de Volvo Ocean Race — on était plutôt confiant. "C'est une fantastique manière de terminer cette course. Nous sommes sur une bonne dynamique, je pense que nous pouvons gagner. Si on va vite, je suis confiant quant à nos chances de battre les deux bateaux rouges" expliquait Bouwe Bekking, le skipper de l'équipage néerlandais qui enregistre sept participations à la course autour du monde en équipage avec escale.
Quant à Xabi Fernandez, à la tête de MAPFRE, il affichait lui aussi un état d'esprit combatif : "Nous sommes dans une situation incroyable, avec trois bateaux à égalité, nous savons qu'il n'y aura qu'un vainqueur, nous avons une mission, les battre."
Le départ s'est fait dans une quinzaine de nœuds d'ouest-nord-ouest, avec une équipe espagnole trop pressée d'en découdre et qui volait le départ, obligé donc de recouper la ligne en queue de peloton.
Devant, c'est team AkzoNobel, assuré de terminer quatrième de la Volvo Ocean Race, mais déterminé à briller sur ses terres néerlandaises à La Haye (comme Team Brunel), qui prenait les commandes de la flotte, avec à ses basques Dongfeng Race Team. Auteur d'un excellent départ, de loin le meilleur du trio candidat à la victoire finale, l'équipage de Charles Caudrelier rêve entre Göteborg et La Haye de remporter du même coup sa première victoire d'étape et la Volvo Ocean Race, ce qui serait une grande première pour la Chine.
Pour cela, il faudra réussir à déjouer les pièges d'un parcours qui, selon Christian Dumard, prévisionniste de la course au sein de la société Great Circle, s'annonce très rapide, avec, une fois les marques de passages situées d'abord au sud-est de la Norvège (au près), ensuite devant Aaarhus, au Danemark (au portant), une descente de la Mer du Nord dans du vent fort de nord-ouest, jusqu'à 35-40 nœuds. "Ça va être une course de vitesse, il n'y a pas de grandes options tactiques. Il va en revanche y avoir beaucoup de manœuvres et de changements de voiles, les skippers et les navigateurs vont vraiment devoir bien anticiper ces phases, bien réfléchir en amont à l'ordre des changements de voiles et au matossage pour optimiser les temps de manœuvres. Pour moi, c'est une étape qui va se jouer au mental. Ils vont forcément avoir des problèmes dans le vent fort annoncé, celui qui aura la capacité à garder son calme et son équipage impliqué fera la différence."