Pourquoi le choix du Sun Odyssey ?
Déjà pour l'espace à bord. Nous voulions 4 cabines, 2 barres à roue pour disposer d'un grand cockpit et d'un grand carré. Un bateau de 22 ans est aussi plus costaud et plus fibré. Alors qu'aujourd'hui les bateaux sont construits avec un moule et un contremoule, je voulais voir ma coque en cas d'entrée d'eau…
Le bateau était sain et robuste, ce qui est rassurant sur un long parcours. On avait aussi besoin d'espace puisqu'on a de la famille et des amis qui vont nous rejoindre régulièrement sur le parcours.
Quel est votre budget ?
Nous n'avons pas un budget illimité. C'est pour ça d'abord qu'on partait sur un vieux bateau. On l'a payé 72 000 € parce qu'il était moyen, mais nous avons réinjecté beaucoup au niveau des travaux. C'est sûr qu'on ne le vendra pas le prix qu'il nous aura couté au final. On a fait beaucoup de travaux de confort, mais on s'est dit que si on avait fait ce tour du monde en avion, à dormir dans des hôtels, à diner au restaurant, etc. ça nous aurait couté le même prix.
Après, on s'est aussi lancé dans un truc qu'on ne pensait pas aussi long… On avait quand même besoin de refaire la coque – qui avait une couche de 22 ans d'antifouling – de changer les passe-coques, de changer le gréement dormant et les voiles qui étaient usées, l'accastillage, l'électronique. On a également installé un radar avec une sonde traversante qui nous permet de voir devant le bateau, tout ce qui est haut-fond, rochers, etc. ça nous semblait utile notamment dans le Pacifique.
Vous avez beaucoup fait de choses par vous-même, vous aviez des compétences spécifiques ?
On n'a pas de formation de navigation au départ, mais une méga envie. Mélanie avait un Cap Camarat et on faisait quelques sorties en mer, pour rejoindre Porquerolles par exemple, mais jamais de longues navigations.
Je n'étais pas vraiment un grand bricoleur non plus. Mais on apprend vraiment sur le tas avec les artisans du coin. Quand on parle tour du monde, on voit des étoiles dans les yeux des gens et ça nous apporte beaucoup d'entraide, sur les pontons notamment. On reçoit beaucoup d'aide, c'est vraiment génial, le nautisme est vraiment un monde particulier et soudé.
Comment allez-vous vivre pendant un an et demi ?
Nous avons mis de l'argent de côté. Moi je suis artisan et je clos ma SARL à la fin du mois tandis que Mélanie, qui est infirmière en bloc opératoire prend une dispo d'un an. Sur un tour du monde, ce qui coute cher c'est le bateau en lui-même. Il y aura aussi des frais en cas de casse ou pour ravitailler en gasoil. Le reste, ça coutera moins cher.
Ce sera aussi l'occasion de se passer un peu de confort – même si le bateau reste très confortable. De revenir à faire la vaisselle à la main, à laver son linge à la main. De revenir à des choses naturelles aussi, se lever et se coucher avec le soleil, de vivre des choses beaucoup plus terre à terre.
L'idée du voyage c'est aussi de revenir à des sensations à la source. De ne plus avoir de mails, d'ordinateurs, de coups de fil. On va se couper du monde. Mélanie aurait pu travailler en chemin – les infirmières sont souvent recherchées — et moi aussi, mais pas nous n'avons pas beaucoup de temps.