Interview / Voyager avec un bébé à bord, qu'est-ce que ça change ?

Aurélie, Sarah et Nael © Poussé par le Vent

Sarah Hébert et Aurélien Métayer sont les heureux parents d'un petit Nael, né en janvier 2017. En mai 2017 - alors que Nael n'a que 4 mois -, ils partent pour un tour du monde à la voile, à la découverte des spots de glisse. Un an après, Sarah nous livre un bilan de cette navigation avec un enfant à bord. Finalement, est-ce que ça change quelque chose par rapport à ceux qui n'ont pas d'enfant ? Est-ce qu'on vit différemment à terre et en mer ?

On ne fait pas tout à fait les mêmes choses que ceux qui voyagent sans enfant et encore, je ne vois pas de quoi on se prive. En tous les cas, ça t'ouvre d'autres fenêtres, que tu n'aurais pas vu si tu n'avais pas d'enfant. Et comme tu as besoin de t'occuper de lui, tu fais les choses différemment.

Ce qui est important quand tu navigues avec un enfant c'est d'avoir bien préparé son bateau et de savoir naviguer tous les deux. En cas de problème, il faut pouvoir remplir les deux postes, savoir naviguer et savoir s'occuper des enfants. Il est important que l'enfant se sente en sécurité, qu'on ne lui renvoie pas de stress.

Nael est complètement habitué. Un moment, on a navigué avec des gros grains, du vent et il n'a pas senti qu'il y avait un truc différent. J'ai grandi comme ça aussi. Ma mère me raconte souvent cette histoire, lorsque nous étions dans le courant des aiguilles, au large de l'Afrique du Sud, à la cape avec des vents de 60 nœuds et que je voulais faire des crêpes.

Je ne me serais pas vu autrement que de devenir maman en voyage. Je ne m'inscrivais pas dans ce qui se faisait de plus commun : travailler, mettre son enfant à l'école, ne le voir que le soir… Je n'aurai pas été épanoui en tant qu'adulte. J'avais besoin de continuer à exercer mes passions, d'être dehors, au contact de la nature, de profiter de mon bébé. Rien que de pouvoir l'allaiter aussi longtemps. C'est un lien fort, un rituel, il a encore besoin d'être materné, c'est encore un bébé alors qu'à terre, l'objectif est de les rendre rapidement autonomes.

Cela étant, il y a des côtés difficiles. Comme le fait de n'avoir jamais fait garder Nael. On aura le temps de le faire quand on arrivera à Tahiti. Mais d'ici là, cette vie-là nous convient à 100 %. On se demandait si on n'allait pas se prendre la tête, mais on communique beaucoup.

Partager cette aventure à 3 est extraordinaire. On est fiers de nous quand on a bien géré une navigation, quand on a été malade et qu'on a quand même été capable de naviguer. La vie en bateau c'est toujours fort, il y a rarement des moments plats. Soit c'est un peu dur, il faut y aller et s'accrocher soit c'est génial. Et c'est top de pouvoir voir évoluer son petit dans son parcours. Je ne connais pas la vie autrement, c'est déjà celle que je vivais en famille, quand j'étais petite. Je trouve que c'est très enrichissant pour les enfants.

Et quand Nael sera plus grand, pour le sociabiliser ?

Pour le côté social, on rencontre beaucoup de gens aux escales, mais on n'est pas toujours dans le même rythme que les autres navigants. Ils respectent un timing ou les saisons cycloniques. Nous on a le temps. On avait rencontré les Tivano – qui voyagent aussi avec leurs enfants –, mais on a fait le choix d'aller au Brésil.

À terre aussi on à l'opportunité de rencontre des gens. Grâce à notre passion d'abord (NRDL : les sports de glisse), mais aussi les locaux. Ma mère me disait toujours qu'il ne faut rester qu'entre plaisanciers et c'est ce qu'on fait.

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