A sa sortie en 2011, le Solenn 32 a suscité l'admiration des visiteurs du Grand Pavois. Si sa robe de coque grise cache une construction polyester monolithique, le pont est recouvert de teck et les flancs latéraux du rouf, tout comme les hiloires du cockpit sont en acajou. Cet habile plaquage suffit à donner l'illusion que le Solenn 32 est un voilier construit… en bois. L'essence rouge est protégée par un vernis de très haute qualité – le chantier tient toujours à garder le produit utilisé secret.
Réduire le tirant d'eau
Suite à la demande de nombreux clients, le chantier de Franck Roy a étudié, en collaboration avec les architectes Mortain, Mavrikios et Chabaud, un nouvel appendice pivotant, sur le même principe que celui du Solenn 23. Soit une pièce d'une tonne actionné par un vérin hydraulique, lequel est animé par un moteur électrique. Moins d'une minute suffira à faire passer le tirant d'eau de 2 à 1 mètres. La version quillard d'origine cale quant à elle 1,60 m. En revanche, malgré ses deux safrans, cette nouvelle déclinaison du 32 n'est pas conçue pour l'échouage.
Un cockpit à la carte
Diffusé depuis son lancement à 4 exemplaires, ce modèle a rapidement été proposé en trois versions. Le Croiseur, visible sur ces images, propose des emménagements complets et soignés : beaucoup de bois mais il faut se résoudre à 1,56 m de hauteur sous barrots. La classique épontille est remplacée par un élégant porque qui fait bien sûr office de passage vers la cabine avant. Pour le couchage, une double à l'étrave et deux banquettes – elles font office de carré - qui se glissent sous le cockpit. La cuisine est divisée en deux modules. Juste au-dessus, les coffrages en bois dissimulent habilement les reprises de cadènes. Pas de cabinet de toilette – on se contentera d'un petit WC chimique -, mais des rangements suffisants pour une petite semaine de vagabondage côtier. La déclinaison Week-end se contente d'un rouf plus petit et d'un cockpit plus long d'un mètre. Quant au Day, c'est carrément deux mètres de cockpit en bonus. Mais là, les emménagements sont forcément minimalistes.
Des manœuvres faciles
Le gréement adopte un mât en aluminium laqué. Tout l'accastillage – du Harken d'excellente facture – permet de ramener toutes les manœuvres au cockpit. Le chantier recommande un gennaker sur emmagasinneur, toujours dans le but de sécuriser et simplifier la navigation. Dans le même esprit, le génois monté sur enrouleur présente un faible recouvrement. Sur la bôme, lazy bags et lazy jacks sont à poste. Et les bosses de ris de la grand-voile toute lattée sont automatiques. Bref, l'envoi des voiles et leur réglage sont particulièrement aisés. Le rail d'écoute de la grand-voile est idéalement placé à l'aplomb de l'extrémité de la bôme. La tourelle est en revanche avancée au milieu du cockpit, à portée de main du barreur.
Véloce dans toutes les conditions
Lors de nos essais avec un vent de terre de 10 à 12 nœuds, le Solenn 32 glissait sans sillage ou presque grâce à sa très longue voûte. Au près, le voilier marche à 6 nœuds et cape à 45° du vent réel. La version quille pivotante fera peut-être même un peu mieux ! Dès le travers, avec ce vent médium, il est possible de dérouler le gennaker et filer à plus de 7 noeuds. L'hiloire qui ceinture le cockpit scie un peu les cuisses au rappel, mais on est parfaitement calé. La barre du quillard reste douce – un régal à toutes les allures – et le safran ne décroche pas. Alors avec deux pelles, le bateau sera sur des rails !