Faire demi-tour pour réparer
Actual s'est lancé dans un tour du monde à l'envers ce samedi 4 novembre 2017. Une circumnavigation contre vents et marée rapidement arrêtée suite à la casse de son chariot de grand-voile, survenu dans la nuit de samedi à dimanche. Le skipper a rapidement identifié le défaut d'une pièce custom (prototype), l'obligeant à faire demi-tour, car irréparable en mer. Il a rejoint La-Trinité-sur-Mer ce mardi 7 novembre vers 8h du matin pour rejoindre son équipe et effectuer les réparations, avant de pouvoir repartir au plus vite.
"Un défaut dans une pièce du chariot de grand-voile a bloqué la circulation des billes, et comme j'ai dû faire des gros "choqués" dans les vents très instables de la première nuit, ça a vite dégradé ces roulements ce qui rendait le chariot inutilisable…" détaille le skipper.
Or, sans chariot de grand-voile – surtout sur un bateau de cette taille – la navigation devient dangereuse. Même si la décision de faire demi-tour parait évidente, elle n'a pas été facile à prendre.
"C'était vraiment dur de pousser la barre pour rentrer à la maison, mais il fallait prendre la décision très vite parce qu'au moment où on a entériné ce retour technique je traçais à 25 nœuds vers les Canaries… C'était ça ou faire une croix sur le record."
Un tour du Golfe de Gascogne en guise d'échauffement
Sitôt le bateau amarré, le team Actual s'est rapidement mis au travail. Quelques jours de travail devraient être nécessaires pour réviser ou refaire cette pièce défectueuse, avant de reprendre le stand-by en vue du tour du monde à l'envers. Aucune fenêtre météo n'est envisageable pour l'instant, comme l'a étudié Yves le Blévec avec son routeur Christian Dumard. "Il n'y a de toute façon pas de fenêtre météo avant ce week-end" indique-t-il.
Même s'il a dû faire demi-tour, ce tour du Golfe de Gascogne lui a servi d'échauffement plutôt plaisant, et a permis de faire une dernière mise au point. "J'ai pu naviguer dans des conditions musclées. Je me suis assez vite mis dans le rythme. Cela m'a permis de faire un bon tour de tout le bateau, des voiles, et toute l'électronique fonctionne parfaitement" conclue le marin.
Le Tour du Monde à l'envers, qu'est-ce que c'est ?
Le Tour du monde à l'envers consiste à faire le parcours inverse à celui du Vendée Globe. C'est-à-dire qu'il faut d'abord doubler le cap Horn, pour finir par celui de Bonne Espérance. Ainsi, au lieu de naviguer d'ouest en est, dans le même sens que les dépressions (et donc des vents et des vagues qu'elles génèrent), ce parcours "à l'envers" se négocie d'est en ouest, contre vents et courants.
Pour que ce parcours soit validé par la WSSRC (World Speed Sailing Record Council) il faut couper tous les méridiens et franchir au moins une fois l'Équateur.
Les points marquants du parcours
Pour parcourir les 32000 milles, il faut compter entre 88 à 98 jours de navigation.
Parcours | Milles | Jours | Difficultés |
Départ - Equateur | 3 100 milles | 8 à 9 jours | instabilité forte du pot au Noir |
Équateur – Rio | 1 700 milles | 4 à 6 jours | prés rapide, mer dure |
Rio – Cap Horn | 2 400 milles | 6 à 9 jours | instabilité, approche zone des glaces |
Cap Horn – Alizés pacifiques | 3 500 milles | 8 à 12 jours | passage Cap Horn, instabilité des alizés |
Alizés pacifiques – Détroit de Torres | 4 500 milles | 14 à 16 jours | nombreuses iles et atolls, instabilité |
Détroit de Torres – Madagascar | 5 000 milles | 14 à 18 jours | instabilité des Alizés |
Madagascar – Cap de Bonne Espérance | 2 000 milles | 6 à 10 jours | courant des aiguilles, vagues scélérates |
Cap de Bonne Espérance – Équateur | 3 500 milles | 7 à 10 jours | vents variables |
Équateur – Arrivée | 3 500 milles | 8 à 12 jours | grosses dépressions Atlantique Nord |
Un record réalisé uniquement en monocoque
À ce jour, seuls cinq marins ont bouclé ce parcours, et tous en monocoque :
1971 : Chay Blyth - 292 jours
1994 : Mike Golding - 161 jours
2000 : Philippe Monnet - 151 jours
2004 : VDH - 122 jours (à la 4ème tentative, échecs en 1999 / 2001 / 2002)
2006 : Dee Caffari - 178 jours