Mise à l'eau du Maxi Banque Populaire IX
Le Maxi Banque Populaire IX a enfin touché l'eau à 12 h 20 ce lundi 30 octobre 2017, sur la base de Lorient. Ce maxi-multicoque de course nouvelle génération, dont le projet a démarré en mars 2015, s'inscrit dans le projet du collectif Ultime, créé en 2013 et dont le point d'orgue sera un tour du monde en solitaire de ces trimarans géants, en 2019.
"L'expérience vécue sur le précédent trimaran Banque Populaire VII me permet de visualiser ce qui m'attend avec ce nouveau bateau. Ce qui change, ce sont la vitesse et le poids. Plus on soulève le bateau avec les foils et plus il accélère. On a l'impression de planer, cela devient de la conduite de haut vol et il va falloir maîtriser le pilotage pour assurer notre sécurité. Nous avons essayé d'aller plus loin dans les petits détails pour nous améliorer constamment. Ma patte sur ce géant, c'est le cockpit. Nous avons passé du temps avec l'équipe pour optimiser les manœuvres et la vie à bord. En multicoque, les voiles étant plus grandes et lourdes, prendre un ris peut prendre quatre fois plus de temps qu'en monocoque IMOCA. Il faudra anticiper les bons réglages pour ne pas se faire dépasser par la machine. C'est un autre exercice tout aussi passionnant" raconte Armel Le Cléac'h.
Un maxi-trimaran qui tire toute l'expérience de la Banque de la Voile
Deux ans et 135 000 heures de travail, ainsi qu'un budget de 10 000 € auront été nécessaire pour que ce grand multicoque de 32 m de long, 23 m de large, 30 m de haut et 14 tonnes, conçu pour la navigation en solitaire, voie le jour.
"Si l'on compare le Maxi Banque Populaire IX avec le Maxi Banque Populaire VII, il aura la même puissance, tout en étant plus léger de deux tonnes avec des surfaces de voile quasi identiques" explique Ronan Lucas, directeur du Team Banque Populaire.
Les architectes et le bureau d'études du Team ont également travaillé pour pousser au maximum leurs compétences en termes de trimarans. Banque Populaire IX est équipé d'un mât-aile basculant, d'appendices mobiles, notamment de foils, qui lui permettront de voler au-dessus de l'eau. Ils ont également optimisé le couple de redressement – l'effet combiné du poids et de la poussée d'Archimède ou encore le point d'équilibre à la gîte — essentiel sur un tel multicoque. Ainsi que les performances dans le petit temps.
Du coup, bien que plus large (23 m), ce nouveau trimaran est plus léger et avec le même couple de redressement que Banque Populaire VII, vainqueur de la Route du Rhum en 2014. Mais l'innovation majeure réside à la fois dans ses trois safrans munis de plans porteurs à ses extrémités, ainsi que dans ses foils permettant au bateau de voler à très haute vitesse. Ce ne sont pas les foils en eux-mêmes qui sont la nouveauté, mais le fait de pouvoir les régler en temps réel en navigation comme sur les catamarans de la dernière Coupe de l'America.
Une technologie qui a demandé un développement très complexe, tant sur les systèmes de commandes que sur la structure des puits les accueillant. Sur une machine océanique conçue pour être menée en solitaire, les foils mobiles doivent pouvoir être rétractés, voire figés manuellement selon les conditions de mer et de vent, et ce sans que le trimaran ne soit handicapé pour naviguer de manière conventionnelle. Et ces manœuvres exigeantes devront pourront être réalisé par un homme seul, un enjeu majeur sur cette nouvelle génération de multicoques.
"Le vol est dans l'air du temps, on le tutoyait sur le Vendée Globe avec le Mono Banque Populaire VIII. Avec ce géant de 14 tonnes, il y a aura des moments où l'on pourra voler intégralement. Une telle construction nous amène encore plus loin dans l'innovation technologique pour aboutir à des appendices plus porteurs. Nous souhaitons que notre Ultim soit performant quels que soient le type de régate et les conditions météo" précise Ronan Lucas.
Fiabiliser le bateau en mer
Désormais, c'est entre les mains d'Armel le Cléac'h et de son équipe, que le Maxi Banque Populaire IX va débuter une phase de mise au point.
"Ce trimaran comporte des systèmes complexes, la prise en main ne va pas être simple. Cet hiver va être dédié à une série de tests et de réglages en mer. Ensuite, l'idée est de naviguer au large dans des conditions variées pour fiabiliser le bateau. Nous souhaitons effectuer plusieurs transatlantiques avant l'été pour cumuler un maximum de milles avant la Route du Rhum en novembre 2018" explique le vainqueur du dernier Vendée Globe.