La 52e édition de la SNIM, organisée par la Société Nautique de Marseille, s'est ouverte le vendredi 14 avril 2017 avec 125 bateaux inscrits et pas moins de 1500 équipiers de multiples nationalités. Le long du quai de Rive-neuve sur le Vieux-Port, on retrouvait sept catégories de voiliers, des plus grosses unités comme les TP52 ou le Swan 601 (18 mètres de long) aux plus petites comme le J70 Triskell, plus petit bateau de la flotte.
Une première journée marquée par le vent, le vent et encore le vent
Cette première journée de course c'est également celle de la fameuse Grande Course, qui se présente comme le "frisson" de la SNIM et qui emmène les plus grands bateaux jusqu'à l'île des Embiez, avant leur retour dans la nuit. En 2016, elle avait été, à l'image du slogan de la régate "Sport et Rock'n'roll", avec un vent soufflant à plus de 40 nœuds, des blessés, des hommes à la mer…
À 15 heures tapantes, sous une météo qui tient ses promesses, les catégories IRC 0 et 1 sont parties pour un parcours de 60 miles nautiques autour des îles de Marseille et des Embiez, tandis que les IRC 2 et 3 voguaient vers l'Ile verte. Tous ont rejoint La Nautique dans la nuit, accueillis par les bénévoles de l'organisation. Une Grande Course qualifiée d'idyllique par tous avec une météo idéale, laissant tout le loisir aux compétiteurs d'explorer les paysages du parc National des Calanques. Yves Grosjean, propriétaire du J133 Jivaro, licencié à la Trinité -sur-mer et résidant à, participait à sa première SNIM "une course incontournable pour qui régate par ici" et a terminé premiers au Vieux-Port à 21 h, après aller-retour en 6 heures jusqu'à l'Ile verte. Dans l'autre catégorie lancée sur le même parcours, le vent était idéal pour le Mumm 36 Week-end millionnaire de Yves Ginoux, mais c'est finalement Twinl Banques d'affaires, un Sunfast 3600 moins rapide, mais qui bénéficie d'un bonus de temps, qui termine premier au temps compensé.
Sur les plus gros bateaux, en IRC 0 et 1, le parcours était plus long et tout autant spectaculaire, avec 60 miles nautiques à avaler autour de l'Ile des Embiez. Sans surprise en IRC 0, c'est le TP52 Team Vision Future, skippé par l'incontournable tandem Mickael Mergui /Jean-Jacques Chaubard venus chercher leur 4e titre de vainqueur de la SNIM, qui arrivent en tête. Chez les IRC 1, Tonnerre de Glen, le Ker 46 de Dominique Tian, vaisseau amiral du Pole course de la Nautique, "taillé pour manger du mile", prend les bonnes options et décroche la première place.
En rade Sud, ce sont de plus petits bateaux qui "s'affrontent" en catégorie IRC 4 et Grand Surprise, mais ils sont tout aussi nombreux, et tout autant motivés que sur les "gros". Certains préparent la Transquadra, d'autres sont habitués des titres de Champion en solo ou en duo, et visent le podium du Championnat d'Europe IRC (à Marseille en juillet). D'autres enfin, sont de purs amateurs.
Un samedi sous le signe du mistral
Le Mistral, telle une diva, se fait attendre depuis plusieurs jours et au moment des premiers départs à 11 h ce matin, il se faisait discret, soufflant entre 10 et 15 nœuds. Un vent parfait pour fêter l'arrivée des Surprise dans la compétition – ils courent à la SNIM leur Championnat de Méditerranée. Et puis avant midi, il entre en scène, accompagné d'une grosse mer et à leur suite, un cortège d'épisodes, tous plus théâtraux les uns que les autres…
D'abord il y a quelques avaries de matériel : les Russes de Artful, les Bretons de Ty Soleil, ou encore les Marseillais de Daguet 2 Corum rentrent prématurément au port pour réparer les premières casses. À 13 h 50, la VHF crachote : "Un homme à la mer ! ". Il s'agit de Fioupélan, le décidément malheureux équipage de la famille Forestier qui, après avoir déploré un blessé hier, se fait surprendre par la grosse houle. Plus de peur que de mal, l'homme à la mer est récupéré, et leur course reprend. Pour autant, le comité de course envoie le pavillon Y, qui signifie que le port du gilet est obligatoire pour tous les concurrents… Signe que les choses deviennent sérieuses pour de bon.
Les régatiers voulaient du rythme, ils en ont eu ! Chez les monotypes, quatre courses ont été courues en Grand Surprise et malgré le peu d'entraînement qu'il semblait déplorer, l'équipage de Loïc Fournier-Foch sur Vieux Farceur s'échappe en tête. En IRC, le rythme des courses s'intensifie à mesure que le vent monte. La compétition est acharnée et les équipages repoussent leurs limites… parfois un peu trop loin. Malgré les rafales qui affolent les anémomètres au-delà des 25 puis des 30 nœuds, ils n'hésitent pas à envoyer les spis, avec plus ou moins de succès.
À l'heure du bilan de la journée, malgré les abandons multiples, les voiles déchirées (certains spis entortillés en "coquetier" ont dû être découpés au couteau !), les malades – y compris sur le comité de course ! l'enthousiasme est tangible.
Un dimanche très (trop venteux) !
La 3e journée de cette SNIM 2017 a permis aux grosses unités d'en découdre. La sagesse a conduit le comité a laissé les monotypes et les IRC4, bien calés au Vieux-Port, et ce choix s'est avéré judicieux puisque les équipages ont dû en découdre avec du vent à plus de 30 nœuds, voire 40 et surtout des vagues, grosses et courtes. Du coup, certains en profitent donc pour faire du tourisme, d'autre réparent ou pansent leurs blessures. Car le mistral n'a pas été tendre pour les hommes comme les bateaux : Lorina 1895, le Swan 601 fraichement arrivé sur le circuit a déchiré plusieurs voiles la veille. Trop long à réparer, la plus grosse unité de cette SNIM reste à quai et jette l'éponge pour le reste de la régate.
Philippe Faure, président du comité de course des IRC 0 à 3 impose le port du gilet obligatoire avant de lancer la flotte des plus grands bateaux à la conquête du Mistral ! Il est 12 h 30, et le vent n'est pas si fort en Rade sud, d'où part la première course du jour. À ce moment, personne ne sait que ce sera l'unique manche et les concurrents se montrent très agressifs sur le premier départ. "Rappel général, on recommence !", un nouveau départ est donné.
Team Vision Future de Jean-Jacques Chaubard gagne en IRC 0, tout comme Tonnerre de Glen de Dominique Tian chez les IRC 1 et TwinL Banque d'affaires de Franck Loubaresse en IRC 3. Chez les IRC 2, Geranium killer reprend du poil de la bête et remporte une nouvelle manche qui le remet en lice pour le podium.
Vers 14 h 30, le vent monte franchement d'un cran et les manœuvres deviennent de plus en plus acrobatiques. Une rafale à près de 40 nœuds déchire la grand-voile du cador Team Vision Future qui annonce son retour au port. Les abandons se multiplient et le comité de course décide d'emboîter le pas : lap de fin sur cette troisième belle journée de navigation, et place à présent à la soirée des équipages de la SNIM.
Bilan : Une édition de rêve !
Les organisateurs de la Société Nautique de Marseille ont vu tous leurs vœux exaucés pour la 52e édition de la Semaine nautique internationale de Méditerranée : des concurrents nombreux et de très haut niveau, une météo qui décoiffe, juste ce qu'il faut pour en prendre plein les yeux, des bénévoles qui n'ont pas ménagé leurs efforts… En peu de mots, un week-end pascal comme on en voudrait chaque année !
Une partie des 125 bateaux engagés avaient ouvert le bal dès vendredi avec une Grande course prometteuse jusqu'aux Embiez. Puis la météo s'était chargée de faire monter la pression manche après manche, jusqu'à contraindre les participants à l'abandon lors du coup de vent fort le dimanche après-midi. Un repos de courte durée, juste assez pour permettre aux 1 500 marins de faire tanguer le pavillon historique de la Société Nautique de Marseille lors de l'attendue soirée des équipages d'hier soir.
Et puis ce lundi, de nouveau, la journée qui résume la course : parfaite. La danse des bateaux, tous très différents, du Surprise des années 80, au TP52 monstre de carbone de dernière génération (avant foil ?), en passant par un Drac 10.50 ou un A40, toute la voile en équipage des amateurs éclairés de Méditerranée était représentée. Pour tous un même objectif affiché : gagner… au moins une manche, un bord, une journée ou même la SNIM toute entière. Car c'est bien la compétition sportive qui était de mise.
En IRC 0, Team Vision Future de Jean-Jacques Chaubard a assuré le spectacle avec son TP52 en remportant un grand chelem facilement. En IRC 1, Tonnerre de Glen n'a pu faire mieux que deux fois deuxième en cette dernière journée, mais termine à une incontestable première place. En IRC2, le A40RC Tropézien Vito2 a joué la régularité pour s'imposer, tandis qu'en IRC3, TwinL Banque d'affaires de Franck Loubaresse s'impose, mais passe à côté de son rêve de grand chelem. Enfin, en IRC4, Expresso II de Romain Bricier et Guy Claeys s'offre la meilleure des préparations en vue de son grand objectif européen du début du mis de juillet. En Surprise, c'est Goaly (Nicolas Beauregard) qui s'impose au final, après notamment trois manches remportées. Enfin, en Grand Surprise, le combat que se sont menés les d'Ortoli et les Fournier-Foch revient à ces derniers. Vieux-Farceur l'emporte face à Numericompta, malgré ses sept victoires de manches.
Classement après la quatrième journée
IRC0 – 8 courses, 7 retenues
1/ Team Vision Future (Jean-Jacques Chaubard) 7 pts
2/ Alizée (Laurent Camprubi) 14 pts
3/ Arobas2 (Christophe Bouvet) 21 pts
IRC1 – 8 courses, 7 retenues
1/ Tonnerre de Glen (Dominique Tian) 9 pts
2/ Lady First 2 (Jean-Pierre Dréau) 14 pts
3/ Adrénaline (Michel Gendron) 28 pts
IRC2 – 8 courses, 7 retenues
1/ Vito 2 (Gian Marco Magrini) 15 pts
2/ Geranium Killer (Pascal Favalo) 16 pts
3/ Jivaro (Yves Grosjean) 16 pts
IRC3 – 8 courses disputées, 7 retenues
1/ Twinl Banque d'Affaires (Franck Loubaresse) 9 pts
2/ TIP (Gilles Pages) 19 pts
3/ Euro-Voiles (Denis Infante) 22 pts
IRC4 – 9 courses, 8 retenues
1/ Expresso (Guy Claeys) 18 pts
2/ Atlog (Antony Steinberg) 19 pts
3/ Melten (Laurent Sagols) 21 pts
Surprise – 7 courses disputées, 6 retenues
1/ Goaly (Nicolas Beauregard) 12 pts
2/ Petit Tabac (Frank Reinhardt) 14 pts
2/ Hegoa (Maxime Faure) 18 pts
Grand Surprise – 10 courses disputées, 9 retenues
1/ Vieux-Farceur (Loïc Fournier-Foch) 17 pts
2/ Numericompta (Paul d'Ortoli) 21 pts
3/ Airbus Hélicoptère 2 (Thomas Clerc) 30 pts