Pourquoi avoir choisi de participer à cette course autour du monde ?
L'histoire débute lors du convoyage retour de la Route du Rhum en mars 2015, je reçois un mail venant d'un club anglais qui m'annonce la création de la course. J'avoue mon intérêt, mais à cette époque, j'étais en recherche d'un budget pour participer au Vendée Globe 2016. Je ne donne pas suite.
En novembre 2015, Jean-Luc Van Den Heede, alors en préparation de son Rustler 36 pour cette course, me demande un coup de main pour une sortie en mer un jour de gros temps. Vu mes problèmes pour boucler mon budget Vendée Globe, je lui annonce mon intérêt pour la Golden Globe Race : "C'est bien, mais il n'y a plus de place !". Déjà à cette époque, il y avait 7 personnes sur la liste d'attente.
Je tente alors de faire partie des VIP invités et d'obtenir une des 5 places réservées par l'organisation. Et ça fonctionne. En mars 2016, je suis inscrit et je peux partir à la recherche du bateau.
Comme VDH, vous avez choisi un Rustler 36. Pourquoi ce modèle ?
J'ai fait à peu près la même démarche que celle de VDH. Je voulais le bateau le moins lent du plateau. Je l'ai trouvé en Angleterre. Il date de 1990. Je suis le 3e propriétaire. C'est amusant de voir que la première propriétaire était la sœur de Blondie Hasler. C'est lui qui a gagné la première OSTAR sur son bateau Jester. Et moi, j'ai gagné cette course dans la classe Jester… ce bateau était fait pour moi. Il s'appelle depuis son baptême "One and All". Un nom prédestiné pour faire un tour du monde. Après avoir acheté le bateau, je me suis mis à chercher des sponsors.
Quel budget faut-il prévoir pour la Golden Globe Race ?
Le budget varie beaucoup suivant que l'on est retraité, rentier ou non… Dans un cas, il faut juste le budget du bateau, de sa préparation et celui du fonctionnement. Pour ma part, je ne suis pas à la retraite, je suis à 100% sur le projet 2 ans avant le départ de la course. Il faut donc que je me salarie pendant ces 2 années. Et ça augmente considérablement le budget.
Il faut compter entre 40 000 et 100 000 € pour acheter le bateau et environ 50 000 € pour la course. C'est donc une course que l'on peut boucler avec 120 à 130 000 €. Pour ma part, je cherche entre 200 et 250 000 € pour pouvoir financer le bateau et vivre ces 2 ans. Dans tous les cas, c'est toujours 10 fois moins que le budget d'un Vendée Globe "perdant" !
Pourquoi "perdant" ?
J'ai pas mal couru après les sponsors pour courir le Vendée Globe et une de mes réticences a été de proposer à un sponsor un budget pour lequel il n'existe aucune possibilité de podium. Je suis conscient qu'il n'y a qu'un seul vainqueur à l'arrivée. Mais pour moi, participer à une course, c'est tenter d'être celui-là. Sur la Golden Globe Race, je suis beaucoup plus à l'aise vis-à-vis d'un sponsor. Tous les participants ont une chance de gagner. C'est une notion forte qui me plait en tant que compétiteur. En plus, sur ce défi, ce n'est pas l'argent qui fera la différence. C'est seulement l'endurance, puisque la performance ne se situera pas dans la vitesse, mais dans la régularité.
Où en êtes-vous de la recherche du budget ?
J'ai attendu d'être inscrit et d'avoir trouvé le bateau pour aller rencontrer mes sponsors "historiques". Ça fait 5 mois que le bateau est revenu d'Angleterre et aujourd'hui j'ai réuni 37% de mon budget. Une somme que je n'ai pas eu trop de mal à trouver, car j'avoue que partout où je me présente, le projet Golden Globe Race plait beaucoup.
Le bateau semble cher pour un modèle de cette taille et cet âge ?
J'ai réussi à obtenir le mien à 63 000 €. Ces modèles gardent une grosse cote. Peut-être parce que la Princesse Anne en possède un ? Ce sont des bateaux solides et marins. Le chantier existe toujours et l'on peut encore aujourd'hui en commander un neuf… Moyennant 400 000 € !
Quel travail de préparation effectuez-vous sur le bateau ?
Sur le pont, je change le mât pour passer à un modèle mieux haubané avec 2 étages de barre de flèche. Je change aussi les bloqueurs et les winches. Sans oublier la pose de la capote orange par mon fournisseur NV Equipment.
Nous avons aussi refait tout le pont en bouchant tous les trous et refait la peinture antidérapante.
À l'intérieur, j'ai installé la cloison étanche à l'avant imposée par le règlement. Elle vient à la place de la baille à mouillage (fermée sur le pont) et mange un peu de la cabine avant. Je vais aussi installer une porte étanche au niveau de la cloison de mât.
Vous avez le même bateau que VHD, échangez-vous avec lui ?
Oui, nous avons beaucoup d'échange. Il a un an d'avance sur moi dans la préparation. Il a essuyé pas mal de plâtre pour moi. Souvent nous réfléchissons ensemble sur un problème. Par exemple pour l'hydrogénérateur, j'ai plus d'expérience de navigation avec ces appareils. C'est donc naturellement moi qui le conseille dans le domaine.
Il nous tarde que je remette mon bateau pour que nous puissions naviguer ensemble et progresser côte à côte.
Vous attendez-vous à quelques surprises ?
Nous partons à l'aventure. Sur certains domaines nous n'avons pas de recul. Par exemple comment va se comporter l'antifouling au bout de 8 mois de mer ? Nul ne sait. Je travaille avec Boero sur ce domaine. Ils me proposent une peinture. Nous allons croiser les doigts pour cette solution soit la bonne. Nous remettons le bateau à l'eau dans 3 semaines, nous verrons au moment du chantier de l'hiver prochain si le bateau revient avec de la barbe…