Il s'appelle Rémi.
Il se lance sur l'Atlantique sans jamais… avoir mis le pied sur un bateau. Après 5 jours, il arrive à prendre la plume et à raconter ses journées d'amarinage avec un mal de mer difficile à faire passer :
"Jour 5 - Journal de bord transatlantique
Tout le monde ne peut pas être marin.
Qu'il est dur d'attendre. Ma condition n'est pourtant pas si mal. Je suis sur un voilier au milieu de l'Atlantique, accompagné de 3 marins.
Et pourtant, ce matin je trouve le temps particulièrement long et un rien m'agace. Je me sens prisonnier de ce bateau, coincé au beau milieu de l'Océan Atlantique. Mon désespoir est apparu après avoir regardé notre emplacement sur la carte. Voilà 5 jours que nous sommes partis et nous n'avons pas fait un cinquième du chemin.
Les journées se répètent inlassablement. Cela fait que 5 jours et je me plains déjà.
J'admire ces gens capables d'endurer des situations inconfortables pendant des jours, des semaines et qui gardent le cap. Jusqu'à présent, je passe mes journées à penser essentiellement, à méditer… Cela fait du bien d'avoir du temps pour réfléchir.
Après ses 3 premiers jours sur le bateau, je comprends pleinement la signification du mal de mer. Je n'avais jamais eu l'occasion de rester sur une petite embarcation plus de 4 heures. Le mal de mer, cela se vit pour le comprendre. J'ai passé 48 heures à subir les mouvements incessants du voilier, qui tangue infiniment sans se soucier de ces habitants. Je pensais résister et me sentais l'âme d'un marin. Cette traversée ne devait être qu'une formalité. L'occasion pour moi de plonger dans le monde de la mer.
Mais je me rends compte que ce mois de voyage, loin de tout, va surtout être l'occasion de réfléchir et de prendre du recul. Le mal de mer a donc duré 48 heures. 48 heures à me demander comment j'allais faire pour tenir un mois sur ce fichu bateau. Mon esprit tourmenté peinait à positiver. Couché dans ma cabine, suant tout ce que mon corps avait à suer, je voulais retourner sur la terre ferme et que cela s'arrête.
Lorsque j'entreprenais de me lever, la sanction ne tardait à arriver : il fallait alors me précipiter sur le pont afin de déglutiner ce qu'il me restait dans l'estomac, c'est à dire, plus grand-chose.
Pendant ses 2 premiers jours, je n'ai donc fait que boire. Les rares fois où j'ai eu la force de manger se sont soldées par des vomissements. Bref le temps prend son temps et mon corps peine à s'habituer. Retourner en cabine est un vrai calvaire et mon esprit tourmenté m'en dissuade dès que l'idée le traverse. Je n'avais donc pas la force de filmer ou d'écrire mes pensées au moment où elles fleurissent. Dommage…
J'imagine toute la nourriture que nous avons achetée et me demande comment nous allons faire pour manger autant. Entre les dizaines de conserves, les féculents, les légumes et fruits, les boissons, rien ne me tente. Tout m'écœure et mon corps refuse de fonctionner normalement.
J'étais vraiment loin d'imaginer ce que à quoi ressemble un mal de mer. J'avais idéalisé cette traversée n'y voyant aucune difficulté particulière. Les deux premiers jours m'ont usé. Mes compagnons de voyage, bien qu'habitués, subissent le même sort, même si la violence des effets est moindre. Au compte, j'aurai vomi 5 fois en 48 heures, je suis le grand vainqueur de cette compétition. Guillaume, lui se porte bien, un vrai petit matelot !!!"