1964, la victoire de Tabarly marque un tournant dans le monde de la Voile
Le 2 mai 2016 sonnera le coup d'envoi de "The Transat" (qui n'est autre que la Transat Anglaise) qui révéla Éric Tabarly en 1964 et marqua à jamais le monde de la course au large. C'est à bord de Pen Duick II, un ketch de 13,60 m, ultra moderne pour son époque, qu'il prend le départ de la course et se paye le culot de la remporter. Une prouesse saluée de tous puisqu'il est le premier à prendre part à une course en solitaire avec un bateau spécifiquement construit pour celle-ci, mais surtout à mener à bateau de cette taille en solitaire ! L'affaire est médiatisée, Tabarly devient alors un héros national et reçoit d'ailleurs la Légion d'honneur des mains du Général Charles de Gaulle !
Sur les traces de Tabarly…
En hommage au grand marin, disparu le 12 juin 1998 en Mer d'Irlande, Loïck Peyron – qui possède en commun avec Tabarly ses victoires à la Transat anglaise – sera aux commandes de Pen Duick II, en configuration d'origine. Le marin aux 3 victoires et tenant du titre de The Transat utilisera donc le même jeu de voile, une carte papier, un manuel de navigation avec les étoiles, mais aussi un sextant. Les seules "technologies" que s'autorise le skipper baulois c'est un régulateur d'allure d'époque (déjà installé en 1964) et une tablette qui lui servira à envoyer des photos du bord.
Loïck Peyron n'a jamais navigué avec Eric Tabarly et n'a navigué pour la première sur PenDuick II qu'en 2014, mais se sent comme son fils spirituel, un héritier de ce grand maitre de la voile. Même si son maitre Jedi reste "Mike Birch". Cette idée, ça fait un moment qu'il l'a dans la tête, lui qui a connu dans une même génération la navigation au sextant sur des vieilles machines à voile et la navigation ultra sophistiqué sur des bolides de la mer volants. Alors qu'à l'époque, on pensait impossible le fait de naviguer en solitaire sur un bateau de cette taille, c'est désormais monnaie courante.
Une tentative avortée en 2014
Rappelons qu'en 2014, Loïck Peyron devait prendre le départ de la Route du Rhum sur "Happy" petit trimaran jaune et sistership d'Olympus, à bord duquel Mike Birch avait remporté la première édition de 1978. Appelé pour remplacer Armel Le Cléac'h, blessé à la main, sur le trimaran Banque Populaire, il avait remporté l'édition 2014 en 7 jours, 15 heures, 8 minutes et 32 secondes. Il retentera d'ailleurs l'expérience en 2018.
The Transat, révélateur de talents
The Transat est une course en solitaire à la voile d'ouest en est, au départ de Plymouth. La course née en 1960 et son port d'arrivée est New York. Les autres éditions rallieront Newport, mais pour le grand retour de la course en 2016, les solitaires rejoindront la ville d'arrivée initiale. The Transat a contribué à la naissance de grands héros de la voile comme Eric Tabarly, double vainqueur (1964 et 1976) ou encore Alain Colas, qui remporta la victoire en 1972 sur Pen Duick IV et disparue six ans plus tard en pleine Route du Rhum, sur ce même trimaran rebaptisé Manureva.
Un chantier d'hiver pour traverser les mers
Pen Duick II est un bateau qui a fait beaucoup pour la course au large et qui était très novateur, notamment avec sa grande table à carte basculante dont ce sont inspirés les architectes pour concevoir les bateaux du Vendée Globe. Pour sa participation hommage à "The Transat", le ketch a subi plusieurs mois de chantier à l'Ecole National de Voile et des Sports Nautiques de Saint-Pierre de Quiberon et a été remis à l'eau le 24 mars dernier.
Le bateau a été nettoyé et poncé, repeint et étanchéifié, le réservoir de carburant et les voiles changés. Le matériel électronique de bord a également été installé, mais ne servira pas puisque Loïck Peyron veut naviguer à l'ancienne. Il est cependant obligatoire pour traverser l'Atlantique. Depuis le marin à qui rien ne fait peur s'entraine à naviguer en solo.