Le 14 décembre dernier, Paul Meilhat se blessait sérieusement lors d'une manœuvre à bord de son 60 pieds SMA. De retour de la Transat Jacques Vabre, il participait à la Transat St Barth Port-La-Forêt. Après 20 heures d'attente, en raison des mauvaises conditions météo, le skipper est enfin hélitreuillé. Son bateau, lui, est laissé à une centaine de milles au nord de Sao Miguel aux Açores, dérivant à une vitesse moyenne de 3 à 4 nœuds sous l'effet du vent et des courants.
Le 17 décembre, un remorqueur de 66 m, habitué à porter secours à des cargos en haute mer est affrété pour aller à la rencontre du monocoque. À 16 h 30, l'équipe de Mer Agitée, présente à bord du bateau, a réussi à retrouver le 60 pieds, mais les conditions de mer et de vent (6 mètres de creux et 40 nœuds de vent moyen) ne permettent pas une intervention sécurisée.
Crédit : JM. Liot / DPPI / SMA
Le bateau ne semble pas trop avoir souffert des heures passées à la dérive et possède encore son gréement. Pour autant, l'équipe ne pense pas pouvoir récupérer le bateau avant 48 heures, à cause des mauvaises conditions météo, annonçant des vents supérieurs à 50 nœuds. Malgré tout, le monocoque reste localisable, grâce à la balise de positionnement CLS fournie par l'organisation de la Transat Saint-Barth/Port-la-Forêt.
Le 19 décembre, une nouvelle opération de sauvetage est organisée au départ du port de La Corogne puisque SMA se trouve trop loin de l'archipel des Açores. Mais aucune fenêtre météo n'est favorable.
Le 22 décembre, l'équipe de Mer Agitée rentre en France pour poursuivre sur une nouvelle opération. Ils attendront une météo plus clémente, pour un départ depuis la Bretagne. À terre, l'équipe s'organise donc autour de Michel Desjoyeaux, directeur de Mer Agitée et en mer autour de Marcus Hutchinson directeur de projet. Plusieurs scénarios sont alors imaginés, tandis que le monocoque se trouve à quelque 700 milles au large du cap Finisterre (Espagne), sur une route plein nord depuis les Açores.
SMA au mouillage en Irlande - crédit : M. Hutchinson / SMA
Le 23 décembre, une nouvelle expédition est lancée depuis le port du Crouesty dans le golfe du Morbihan. Quatre marins sont partis à bord d'un voilier de 15 m, équipé d'un semi-rigide. Il faudra compter au moins 4 jours de mer pour rejoindre SMA, qui se trouve à plus de 800 milles des côtes bretonnes et dérive lentement vers l'Irlande.
Mais les conditions météo ne sont encore pas de la partie puisque l'opération est avortée. Le voilier se dirige alors vers l'Irlande, où deux nouvelles opérations seront organisées. SMA continue de dériver et se trouve désormais proche des côtes irlandaises et devrait se situer au large de la pointe sud-ouest de l'Irlande, à partir du 27 décembre.
Le 4 janvier au soir et le 5 janvier au matin, deux opérations de sauvetage sont de nouveau lancées. Une par Mer Agitée, propriétaire du monocoque et l'autre par l'assureur du voilier, la compagnie Pantaenius. Le 4 janvier, cette dernière affrète un voilier mené par le coureur au large Adrien Hardy, qui réussit à embarquer à bord de SMA dans des conditions très dures, 40 nœuds de vent et des vagues de 6 mètres. Tandis que le 5 janvier, l'équipe technique de Mer Agitée accompagnait les opérations à bord d'un remorqueur irlandais.
SMA au mouillage en Irlande - crédit : M. Hutchinson / SMA
Il aura fallu 20 jours, depuis l'hélitreuillage de Paul Meilhat le 15 décembre dernier, pour pouvoir récupérer SMA. Ce dernier aura dérivé entre les Açores et l'Irlande, mais a été rapatrié à l'abri dans la baie de Crookhaven, dans le sud-ouest de l'Irlande.
Désormais, SMA subit une remise en état avant d'attendre des conditions favorables pour rejoindre les côtes françaises.
Paul Meilhat - crédit : M. Lavaud / DPPI / SMA
" Je suis super content de ce dénouement. Ces 20 derniers jours n'ont pas été faciles, les dépressions n'en finissaient pas de passer. Je suis d'autant plus content que le bateau est en assez bon état malgré les 20 jours passés à la dérive dans une météo exécrable. Il faut le remettre en ordre de marche, mais le gréement est en place. Tout cela nous permet de pouvoir nous projeter à nouveau vers l'avenir et plus concrètement sur le programme 2016. Un coup de chapeau à toute notre équipe qui est restée mobilisée et très soudée pendant toutes ces journées autour de l'opération, le tout en période de fêtes. Et un grand bravo à Adrien et ses hommes, qui ont su braver les éléments pour récupérer le bateau. Pour ma part, je commence un peu à compter les jours après trois semaines de quasi-immobilisation ! D'ici 15 jours, je devrais pouvoir reprendre la marche. Début février j'attaque une rééducation intensive au centre de Kerpape (Ploemeur)" raconte Paul Meilhat.