Eric Prang est un marin depuis "toujours". Côté maritime, il a construit son propre voilier en acier dans les années 80 pour naviguer au large. Côté professionnel, cet ingénieur a fait une carrière dans la recherche de solutions originales pour l'armée.
Comme beaucoup, il a préféré dessiner et concevoir son propre bateau, ne trouvant pas ce "voilier idéal" sur le marché. L'AmerX40 – c'est comme cela qu'il s'appelle – est un monocoque qui veut rivaliser avec les catamarans. Il s'agit d'un bateau qui aura une vitesse élevée tout en offrant un volume habitable et un comportement aussi confortable que le multicoque.
Pour se faire, il dessine un dériveur très plat et surtout très large. L'AmerX fait 5 m au maître bau pour 12 m hors-tout ! Avec un pareil volume, dérive haute, il ne cale que 55 cm (soit moins que beaucoup de catamarans).
Mais cette largueur est aussi là pour offrir une stabilité de forme. Car, l'AmerX est un dériveur, et non pas un dériveur lesté comme on a l'habitude de voir sur ce type d'unité. Ici pas de lest dans les fonds… L'innovation se poursuit alors en proposant des foils qui se déplient de chaque côté de la carène pour offrir une raideur à la toile. Avec la vitesse, l'AmerX doit s'appuyer sur le foil déployé sous le vent. Ces foils sont étudiés pour fonctionner avec 8° de gîte. À 5 nœuds de vitesse, la poussée théorique correspond au couple de redressement d'un lest d'une tonne.
Notre ingénieur chercheur avoue ne pas connaître exactement le comportement attendu sous voile et espère avec impatience les premiers essais pour valider le concept. Espérons que la stabilité de forme soit suffisante pour supporter les rafales en sortie de virement de bord, quand la vitesse est presque nulle. En effet, une fois couché, rien n'est prévu pour aider l'AmerX à se remettre droit…
Petit détail, ces foils pourront aussi participer à la stabilité au mouillage en leur ajoutant des petits flotteurs (un gros pare-battage par exemple). Nous serons alors en présence d'une sorte de trimaran atypique !
Mais les innovations ne se limitent pas à ces foils, ce voilier est aussi équipé d'une propulsion électrique sur pods. Ces pods munis d'une hélice tripale se rétractent en navigation pour ne pas freiner. Ils pivotent à 360° pour les manœuvres de ports et servent d'hydro générateur pour recharger les batteries en navigation sous voile. Disposé de chaque côté de la carène, ils fonctionnent comme les moteurs installés dans chaque coque d'un catamaran avec la facilité de manœuvres qu'on leur connaît.
Avec un parc batterie de 2 x 250 Ah, les moteurs (des 10 kW en 48 V) doivent offrir 2 heures d'autonomie. Un groupe électrogène de 8kW est là pour recharger au besoin. À noter que les 800 kg de batterie sont installés au plus profond du bateau pour participer un peu au lest.
Côté voilure, l'AmerX sera gréé avec un plan de voilure mixte croisière et course-croisière. Ainsi la grand-voile en Hydranet est à corne et le bout-dehors rétractable de 1,60 m lui permettra d'utiliser des voiles de portant type Code Zéro.
Comme le dit lui même Eric Prang : "Il s'agit d'un bateau expérimental sur de nombreux points. Mais 30 ans passés dans l'innovation m'ont montré que tout ne sera forcément une bonne idée, même si chaque centimètre carré du bateau est réfléchi !" Ainsi le bateau reste vide de tout aménagement pour intervenir facilement sur l'électronique ou l'hydraulique pendant les premiers essais. C'est dans cette configuration que l'AmerX sera présenté au grand- public en septembre prochain dans le cadre du Grand-Pavois à La Rochelle. Car même s'il s'agit d'un prototype non encore finalisé, l'idée reste de la commercialiser un jour.
De notre côté, il nous tarde les premiers essais en mer qui espérons-le valideront le concept et montrerons des performances au-dessus de la moyenne. Et Eric Prang de nous préciser pour nous mettre l'eau à la bouche : "il reste encore beaucoup de détails innovants que je vous présenterai lors de votre visite à bord…"
La coque de l'AmerX40 est construite en aluminium par le chantier ACCO. Les finitions extérieures, le plan de pont et la peinture viennent d'être finies par le chantier Normandy Yacht Service à Caen. La conception et la commercialisation sera réalisé par EPNaval.
crédit photos : Pierre Asselin - C & Sea - Mysplice.fr