Enrouleur ou emmagasineur, comprendre les différences pour mieux équiper son voilier

Faire le bon choix entre un enrouleur et un emmagasineur est essentiel pour optimiser la gestion des voiles à bord d'un voilier. Si ces deux systèmes permettent d'enrouler une voile d'avant, leurs usages, leur conception et leur impact sur la navigation diffèrent. Découvrez les caractéristiques de chacun pour choisir la solution la plus adaptée à votre programme de navigation.

L'enrouleur, un équipement standard pour la croisière

L'enrouleur est aujourd'hui un équipement quasiment standard sur la plupart des voiliers de croisière. Son rôle est de permettre l'enroulement et le déroulement progressif d'une voile d'avant, généralement un génois ou un foc, sans nécessiter de l'affaler après chaque navigation.

Ce dispositif reste à poste mais n'est pas structurellement lié au mât. L'enrouleur se compose d'un tambour à la base de l'étai où est stocké le cordage (ou la sangle) d'enroulement, d'un système de profils en aluminium creux dans lesquels passe l'étai, ainsi que d'un émerillon en tête qui permet de hisser et d'affaler la voile. L'enroulement se fait de manière uniforme grâce à la rigidité des profils qui transmettent l'effort de rotation du bas vers le haut.

L'un des principaux avantages de l'enrouleur réside dans la possibilité de réduire progressivement la surface de la voile en fonction des conditions météorologiques. Cette capacité à "prendre des ris" facilite la navigation et d'avoir à changer de foc sur le pont, rendant l'enrouleur particulièrement adapté aux plaisanciers qui recherchent simplicité et sécurité.

© Fouque Michaël
© Fouque Michaël

L'emmagasineur pour une gestion optimisée des voiles volantes

Contrairement à l'enrouleur, l'emmagasineur peut être retiré ou installé sans impacter la tenue du mât. Il est conçu pour des voiles spécifiques, comme les gennakers, les spis asymétriques et les codes zéro, qui ne restent pas en permanence à poste mais sont utilisées en fonction des besoins et des conditions de vent. On trouve également, mais plus rarement, des emmagasineurs de foc dans certains cas spécifiques (sur des monotype par exemple).

Le système de l'emmagasineur repose sur une tourelle et un émerillon, mais ne comporte pas de profils en aluminium. L'effort de transmission est assuré par un câble ou un cordage anti-torsion, qui est intégré dans le guindant de la voile et qui permet l'enroulement. Toutefois, ce système ne permet pas une réduction progressive de la voile. La voile est soit totalement enroulée, soit totalement déployée, ce qui le distingue nettement de l'enrouleur.

Les emmagasineurs modernes utilisent généralement une roue crantée équipée d'un cordage en boucle plutôt qu'un tambour classique. Ce choix technique permet de limiter le poids et l'encombrement, des éléments cruciaux pour la performance et la facilité d'installation de ce type.

Quelles différences entre enrouleur et emmagasineur ?

L'une des différences majeures entre ces deux systèmes réside dans leur lien avec l'étai du voilier. Généralement, l'enrouleur est intégré à l'étai et fait partie de la structure du gréement, alors que l'emmagasineur est un système indépendant, monté sur un câble anti-torsion. Cette distinction est essentielle pour comprendre leur mode de fonctionnement et leur impact sur la navigation.

De plus, l'enrouleur permet d'ajuster la surface de voile à la volée, ce qui le rend particulièrement adapté aux variations de vent. À l'inverse, une voile montée sur un emmagasineur doit être utilisée dans son intégralité, sans possibilité de réduction intermédiaire.

Enfin, le choix de l'un ou l'autre dépend fortement du type de voile utilisé. L'enrouleur est idéal pour les génois, trinquettes et focs de croisière qui restent en place sur l'étai. L'emmagasineur est quant à lui privilégié pour les voiles légères, comme le gennaker ou le code zéro, qui sont hissées et affalées ponctuellement.

Quand et pourquoi utiliser un emmagasineur ?

Si un enrouleur est une solution polyvalente et adaptée aux croisières, l'emmagasineur devient intéressant dès lors que l'on souhaite améliorer la performance du voilier en ajoutant une voile supplémentaire.

Dans certaines conditions de navigation, un génois classique peut ne pas être suffisant. Par exemple, par vent faible au portant, une voile creuse et plus grande comme un code zéro permettra d'exploiter au mieux les faibles brises et d'éviter de recourir au moteur. De même, par vent arrière, un spi asymétrique enroulable facilitera la navigation et limitera le roulis, rendant le voilier plus stable et confortable.

L'emmagasineur permet également d'utiliser une trinquette ou un tourmentin en cas de vent fort. Une trinquette montée sur un étai largable classique peut être remplacée par une voile sur emmagasineur, ce qui facilite sa mise en place et améliore la sécurité en réduisant le temps passé sur le pont dans des conditions difficiles.

© YSPhoto

Quel choix pour quel programme de navigation ?

Le choix entre un enrouleur et un emmagasineur dépend avant tout du programme de navigation et des attentes du skipper. Pour une croisière classique, l'enrouleur reste un équipement incontournable, offrant simplicité et sécurité dans la gestion des voiles d'avant.

À l'inverse, pour les navigateurs souhaitant améliorer la performance de leur voilier en ajoutant des voiles adaptées aux différentes allures, l'emmagasineur devient un atout majeur. Il permet d'exploiter au mieux les capacités du bateau en optimisant la vitesse et le confort de navigation tout en restant relativement simple à utiliser.

Ainsi, ces deux systèmes ne s'opposent pas, mais se complètent. Un enrouleur garantit une gestion fluide du génois en croisière, tandis qu'un emmagasineur offre la flexibilité nécessaire pour utiliser des voiles spécifiques et adapter son voilier aux différentes conditions de vent. Le bon choix dépend donc avant tout des besoins du plaisancier et du type de navigation envisagé.

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