Speejonk, un spi sur enrouleur entre les deux coques d'un catamaran

Speejonk © Malou Montésinos

Mener un catamaran, surtout grand de 64', en équipage réduit autour du monde n'est pas chose aisée. Une des problématiques à résoudre concerne les allures portantes qui sont largement prioritaires lors des traversées alizéennes. Le Speejonk, créé par un couple de navigateurs au long cours dans les eaux indonésiennes, apporte une réponse efficace. Son brevet est aujourd'hui "à vendre".

Petit bateau, petit problème. Mais aussi, petit confort et petite vitesse, donc longue traversée… Sur des unités de plus de 40', les gennakers et autres spi asymétrique ou voiles de portant, nécessitent la mise en œuvre d'efforts physiques considérables pour leurs maniements. Ajoutons à cela leurs coûts, qui ravissent les fabricants, mais désolent les utilisateurs, on en arrive vite à décider de s'en passer ou surtout à ne pas les utiliser...

Trouver une voile de portant facile pour les multicoques

Faire sans gennaker, c'est une solution, mais… c'est une solution qui présente trois inconvénients majeurs :

  1. Les grand-voiles de multicoques peuvent rarement se déborder au-delà de quarante à cinquante degrés de l'axe du bateau. Lorsque les lattes qui tiennent le rond de chute en viennent à caresser le gréement dormant, c'est le début de la fin, pour la voile et pour les lattes. Les dommages causés seront fort coûteux.
  2. Les voiles d'avant, foc ou génois, qui sont souvent de taille très modeste, sont également difficiles à maintenir débordées par l'absence quasi systématique de tangon.
  3. Il en résulte une surface projetée faible, qui génère une vitesse bien en deçà des performances habituelles du bateau. Et ça agace…

Une idée qui est née en naviguant

Tous ces désagréments ont hanté l'esprit d'un navigateur tourdumondiste. Innombrables furent les heures de quart que cet ex-constructeur de bateaux a passé à observer ces spectacles peu réjouissants pour lui. Ainsi, en cours de sa longue visite du monde, il a fini par concevoir une voile spécifique pour les catamarans de croisière naviguant au "portatif" comme disent les philosophes. Un Speejonk qui se porte entre +125 degrés et -125 degrés du vent réel !

Validation du concept avec un prototype de 120 mètres carrés

Après des tests sur une maquette navigante de trente centimètres, un généreux mécène a permis la réalisation d'un prototype en vraie grandeur. Alors, notre inventeur s'est mis en quête de partenaires pour industrialiser et commercialiser ce produit (qualifié de "génial" par le numéro1 du catamaran de croisière, qui l'a, finalement, délaissé…).

Speejonk, comment ça marche ?

La voile présente une surface d'environ 1,6 fois celle de la grand-voile, possède trois lattes horizontales dans le haut et des fenêtres à différents niveaux pour garder de la visibilité vers l'avant.

Inutilisée, elle est stockée sur un simple enrouleur de génois - mais de taille inférieure, les efforts étant moindres - à axe horizontal, tendu entre les deux étraves.

Le déroulement se fait sans peine, en halant sur une drisse de spi, tout en donnant du mou dans la bosse d'enroulement.

Pas de réglage, pas d'empannage et le cata avance à environ la moitié de la vitesse du vent réel (10 nœuds avec 20 nœuds de vent).

Cette voile peut se réduire "à volonté" afin de s'adapter à chaque force de vent. On prendra la pécaution de réduire jusqu'à la "fenêtre" suivant de façon à toujours voir devant.

Concernant le port (ou non) de la grand-voile, chacun adoptera l'attitude qui lui convient le mieux. Sans GV, c'est beaucoup plus confortable et sécurisant. Avec GV, c'est plus "rock'n roll" et plus rapide, surtout dans les allures comprises entre 125 et 150 degrés du vent réel.
Précisons que cette voile est toute plate et que les lattes servent à maintenir les ronds de chute qui sont là pour donner de la surface dans le haut, là où la vitesse du vent est plus grande.

À noter qu'en cas d'avarie, cette voile, même réduite à la taille d'un tourmentin, maintient le bateau au vent arrière en l'absence de pilote.

Une tentative de commercialisation

Un contrat a été conclu avec un fabricant d'accastillage, portant sur le dépôt d'un brevet et l'engagement de certaines actions commerciales de nature à diffuser le produit. Mais ce fabricant ne s'engagea pas pour promouvoir ce produit. Or il se trouve que l'accord comporte des clauses très claires stipulant que le brevet doit revenir de plein droit à l'inventeur lui-même en cas de mévente…

Imbroglio commercial...

Aujourd'hui ce brevet inutilisé est disponible pour quiconque y trouverait quelque intérêt. Il est encore valide pour une période de 9 ans et l'inventeur en propose la jouissance à qui serait intéressé de l'exploiter. Il est ouvert à toute forme de négociation afin d'éviter que le Speejonk ne tombe dans le domaine public.

Pour tous renseignements, contactez la rédaction qui transmettra

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