Christine et Jean-Louis se classent sans malice parmi les marins néophytes. S'ils naviguent avec aujourd'hui un beau sillage derrière eux, c'est pour réaliser un rêve. Celui de voyager tous les deux en voilier autour du monde. Ce rêve, Jean-Louis avoue l'avoir depuis son enfance. Mais la vie en décide autrement. Et ce n'est qu'après l'épisode Covid qu'il s'élance, accompagné par Christine.
Une occasion qui cache des surprises

Pour partir, le couple achète un Océanis 430. Ce voilier de 12,60 m ne cache pas son âge. Il date de 1991. Aujourd'hui avec le recul, Christine et Jean-Louis ont l'impression de s'être fait escroquer. En effet, l'achat se réalise en juillet 2021 avec en prévision, un départ rapide. Mais les découvertes de l'état du voilier et l'envie de le mettre à leur main va leur prendre du temps. Et c'est finalement à l'automne 2024 qu'il prendront le large… après 3 ans de travaux !
Un chantier au sec

Acheté à Arzal, l'Océanis 430 baptisé Niué, présente de l'osmose sur la carène. Jean-Louis commence donc à la gratter entièrement pour la laisser sécher, le bateau va rester au sec pendant 9 mois avant de recevoir un traitement antiosmose : "Quand on passe l'enduit et que l'on ponce, on se dit qu'un bateau de 6 m de long, c'est pas mal aussi," plaisante Jean-Louis.



Le teck du pont à changer

Le pont, dont les passavants sont couverts de teck, est aussi à remplacer. Ce sera par des lattes en liège qui offre l'aspect bois, mais surtout assure l'isolation thermique. Sur les parties du rouf, Jean-Louis trouve un liège projeté antidérapant. "À l'usage, c'est vraiment confortable et cela tient très bien dans le temps", nous précise-t-il.



Une refonte des cabines et du carré






Mais c'est surtout au niveau des aménagements que le couple est lourdement intervenu. Ayant passé sa vie comme menuisier d'intérieur, Jean-Louis en connait un rayon sur les placards et autre cuisine. Le couple veut un bateau pour vivre à bord, avec du confort et des rangements pour la grande croisière. Il commence donc par repenser la cabine avant, la cabine propriétaire : "D'origine, elle dispose d'un lit en biais sur bâbord, de peu de rangements, et beaucoup de place perdue. J'ai tout démonté, avant de l'isoler, puis d'installer un grand lit au centre de 140 x 200 cm. De chaque côté, j'ai réalisé des rangements avec des penderies et des tiroirs", nous raconte Jean-Louis.

Après cela, il s'est attaqué à la cuisine. En démontant le frigo en panne qui s'ouvrait par le dessus, il a découvert des cloisons entièrement moisies. Il décide donc de tout démonter. Ce sera le carré entier qui sera revu. "Nous avons opté pour un îlot central qui permet de passer autour pour gagner l'avant sans se gêner. La table qui se déplie est accrochée sur l'ilot. Sur tribord, une couchette simple peut se dédoubler quand la table est baissée. C'est là qu'en navigation, nous dormions afin de rester proches de la descente."
Des réseaux tout neufs
Bien entendu, chacune de ces modifications se fait en modifiant tous les réseaux : "J'ai refait tous le réseau électrique en changeant tous les fils. Idem pour l'eau, les tuyaux et toutes les vannes."

Finalement ce sont les cabines arrière qui ont subi le moins de modifications. Pour autant, celle de bâbord est réservée à Christine et ses accessoires de couture avec de nouveaux rangements, alors que celle de tribord ressemble plus à un atelier pour les outils de Jean-Louis : "Aujourd'hui je m'en sers de stockage, mais il est toujours possible de remettre le coussin et de remettre cette cabine en fonction."
Question motorisation, le Yanmar 55 ch de cet Océanis a reçu une révision complète avec même un remplacement du turbo qui affichait des signes de vieillesse. Aujourd'hui, le moteur à 5000 heures.
Une capote rigide imposante

Mais une pièce impressionnante se trouve sur le pont. En effet, Christine voulait naviguer avec de la protection. Jean-Louis lui construit donc une capote rigide très protectrice. Celle-ci réalisée en polyester avec des renforts bois, courre jusqu'au poste de barre. "Tout le cockpit est protégé, mais le barreur, derrière la roue, voit toujours ses voiles." Ce dog house sert aussi de support à 4 panneaux solaires de 200 W. Il a aussi été pensé pour récupérer l'eau de pluie directement relié aux réservoirs qui contiennent 600 litres.

Place à la navigation

Une fois cet énorme chantier de 3 ans réalisé pour redonner vie à ce croiseur, Christine et Jean-Louis ont pris le large. Leurs seules expériences nautiques se limitaient à des sorties au large de Pornic sur le voilier d'un ami. Nuié basé à Arzal, ils vont donc profiter de la Vilaine pour s'entrainer. Jean-Louis explique : "La difficulté avec un voilier, c'est les manœuvres au moteur. Nous nous sommes fait la main sur la rivière. Pour la voile, nous avons fait de l'apprentissage par le pratique, en sentant le bateau. La traversée du Golfe de Gascogne s'est même réalisée sans pilote automatique. Je ne prends pas de risque, allant sans doute moins vite que le potentiel du bateau. Mais nous sommes arrivés de l'autre côté."

Une belle transatlantique

En effet, au cours de l'hiver 2024/25, Nuié est passé par les Canaries, Cap-Vert pour finir la transat en Martinique. Mais une fois aux Antilles, Christine et Jean-Louis réalisent qu'ils ont réalisé leur rêve. Désormais, ils ont envie de faire autre chose, notamment de profiter de la famille et des petits enfants. Avec plein de nouveaux projets en tête, ils mettent donc leur Océanis 430 en vente. Ce voilier est à découvrir au Marin et dans les petites annonces de Bateaux.com. Le prix de vente a été fixé à partir d'une expertise et Jean-Louis est prêt à transmettre sa connaissance de son Nuié qu'il connait désormais du bout des doigts.