J+29 Vendée Globe 2024, où en sont les coureurs ? Conditions extrêmes dans le Grand Sud

© Arnaud Boissières #VG2024

Plongée dans les événements marquants du Vendée Globe 2024 entre le 6 et le 9 décembre. Des conditions extrêmes aux stratégies météorologiques, chaque jour a offert son lot de rebondissements pour les skippers dans l'océan Indien.

Vendredi 6 décembre, la loi du grand sud

Les skippers ont abordé l'océan Austral avec une intensité redoutable. La tempête sur les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) a mis à rude épreuve les bateaux et les nerfs des navigateurs. Les vents puissants et la mer déchaînée ont entraîné plusieurs avaries, obligeant certain à improviser des réparations en pleine mer.

Parallèlement, les choix stratégiques ont été variés : certains navigateurs, comme Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance) ou Sébastien Simon (Groupe Dubreuil), ont opté pour une route sud plus risquée mais offrant un gain potentiel de vitesse, tandis que d'autres, à l'image de Thomas Ruyant (Vulnérable, 4e) ou Yoann Richomme (Paprec Arkea, 3e), ont préféré sécuriser leur trajectoire en restant plus au nord. La flotte s'est progressivement dispersée, dessinant des options différentes sur la carte.

Dans le groupe emmené par Justine Mettraux (Teamwork - Team Snef 10e), Clarisse Crémer (L'Occitane en Provence, 11e) a subi une avarie sur son support de vérin de foil. Pour le groupe du fond, la route a été dure, au passage de la pointe sud-africaine, avec des rafales à 47 noeuds.

© Boris Herrmann #VG2024
© Boris Herrmann #VG2024

Samedi 7 décembre, sous le soleil, pas exactement

Le 7 décembre 2024, les skippers du Vendée Globe ont affronté une journée marquée par des conditions particulièrement éprouvantes dans l'océan Indien. Naviguant à proximité de la Zone d'Exclusion Antarctique (ZEA), ils ont dû jongler avec des dépressions successives, des vents puissants dépassant les 30 nœuds, et des vagues atteignant parfois sept mètres de hauteur.

Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) illustre bien l'intensité de cette journée : il a réalisé pas moins de sept empannages en une nuit, témoignant d'une endurance et d'une maîtrise technique impressionnante. Les skippers sont comparés à des « castors sous stéroïdes », tant leurs manœuvres exigeaient rapidité, précision et énergie, malgré l'humidité glaciale qui règne à bord.

Les conditions météorologiques difficiles, avec des températures proches de 2°C et une mer agitée, ont mis à rude épreuve les navigateurs et leur matériel. Antoine Cornic (Human Immobilier) a partagé les difficultés liées à l'humidité constante dans le bateau, rendant le quotidien encore plus éprouvant. Éric Bellion (Stand as One – Altavia), naviguant au sud de l'Afrique du Sud, a décrit la mer comme « courte et chaotique », compliquant chaque décision stratégique.

Face à ces défis, les skippers ont dû choisir entre des trajectoires opposées. Certains, comme Isabelle Joschke (MACSF), ont préféré un positionnement plus au nord pour éviter les conditions les plus rudes, au prix d'un allongement de leur route. D'autres, comme Yannick Bestaven (Maître CoQ V), ont opté pour des trajectoires sud plus agressives, flirtant avec la ZEA pour bénéficier de vents portants.

© Justine Mettraux #VG2024
© Justine Mettraux #VG2024

Dimanche 8 décembre, quand l'océan dicte sa loi

La journée du 8 décembre a été marquée par des événements contrastés dans l'océan Indien, où les skippers du Vendée Globe continuent de composer avec des conditions exigeantes. Entre avaries techniques et stratégies collectives implicites, cette journée a révélé à la fois la rudesse de la course et l'entraide entre navigateurs.

Sébastien Simon, à bord de Groupe Dubreuil, a subi une avarie significative avec la casse de son foil tribord. L'incident est survenu alors qu'il occupait la seconde place dans la flotte. Cette défaillance, observée au réveil après un départ au tas, a été un coup dur pour le skipper, qui avait pourtant réduit sa vitesse pour préserver son matériel. Il estime une perte de performance de 30 % sur les allures bâbord amure, mais reste confiant pour continuer la course grâce à un foil intact sur l'autre côté.

Dans le reste de la flotte, les navigateurs continuent de s'adapter à des systèmes météorologiques variés. Sam Davies (Initiatives-Cœur), qui a repris sa place dans un groupe stratégique aux côtés de Justine Mettraux (TeamWork – Groupe Snef) et Clarisse Crémer (L'Occitane en Provence), a réalisé une performance notable avec près de 485 milles parcourus en 24 heures, la meilleure vitesse de la flotte sur cette période.

La navigatrice anglaise vise à rester devant une dépression qui pourrait piéger ceux qui se trouvent en arrière. Cette stratégie permet de profiter d'un vent favorable pour longer la ZEA tout en évitant les calmes. Dans ces régions hostiles, la proximité des autres skippers renforce un sentiment de solidarité implicite, un "esprit d'équipe" face aux éléments naturels.

© Sébastien Simon #VG2024
© Sébastien Simon #VG2024

Lundi 9 décembre, l'Indien et ses caprices

Le 9 décembre 2024 a offert une nouvelle démonstration de la complexité de l'océan Indien pour les skippers du Vendée Globe. Entre les opportunités stratégiques saisies par certains et les défis imposés par une météo capricieuse, cette journée a mis en lumière l'endurance et l'ingéniosité des navigateurs dans des conditions extrêmes.

La journée a été marquée par une succession rapide de systèmes dépressionnaires dans l'océan Indien, comparée à une "fashion week météorologique". Ces perturbations imposent aux skippers de naviguer à la limite de leurs capacités, jonglant entre des vents violents et des mers démontées. Jérémie Beyou (Charal) a particulièrement souffert, relégué à 820 milles nautiques du leader Charlie Dalin (Macif Santé Prévoyance) après avoir affronté des vents moyens de 45 nœuds et une mer qualifiée de "casse-bateaux".

Benjamin Ferré (Monnoyeur – Duo for a job), lors de la vacation officielle, a décrit cette navigation comme un jeu de "Pac-Man", où les skippers doivent échapper aux dépressions tout en tentant de garder leur cap.

Charlie Dalin continue de mener la course et a franchi la longitude du cap Leeuwin à 15h12, confortant son statut de leader. Cependant, Yoann Richomme (Paprec Arkea) et Thomas Ruyant (Vulnerable) se rapprochent, gagnant près de 200 milles nautiques sur le skipper de Macif Santé Prévoyance en 24 heures. Une performance notable qui témoigne de leur stratégie audacieuse pour profiter des opportunités offertes par la météo, malgré les risques.

Cette dynamique devrait toutefois évoluer, Charlie Dalin étant attendu sur une fenêtre stratégique favorable dès le lendemain, ce qui pourrait lui permettre de regagner son avance.

Pour les bizuths comme Violette Dorange (Devenir) et Tanguy Le Turquais (Lazare), l'apprentissage reste intense. Ayant récemment affronté des vents de 50 nœuds, ces skippers ajustent leurs stratégies pour éviter les conditions les plus rudes tout en optimisant leur progression. Ces jeunes navigateurs démontrent une grande capacité d'adaptation, essentielle dans cette épreuve exigeante.

© Jingkun Xu #VG2024
© Jingkun Xu #VG2024
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