Vendée Globe 96 : Catherine Chabaud, la première solitaire à réussir un tour du monde sans escales

Catherine Chabaud a été la première femme à boucler un tour du monde en course, en solitaire, sans escales et sans assistance. Pour cette aventure incroyable, elle a embarqué sur Whirpool Europe 2, un solide ketch dessiné par Philippe Harlé et Alain Mortain. Voici un résumé de sa navigation, tiré de son livre Possibles Rêves.

Un projet lancé deux mois avant le départ

Nous sommes en septembre 96. Catherine Chabaud déambule sur les pontons du Grand Pavois. Un bref échange avec Jean Luc Van Den Heede lui apprend que son plan Harlé est disponible à la location et pourrait prendre le départ de la 3e édition du Vendée Globe. Moyennant un jeu de voiles neuf, et quelques travaux, le bateau serait prêt.

C'est le déclic ! A huit semaines du départ, Catherine décide de se lancer dans l'aventure. Classée 12e de la Mini Transat 91, 10e de la Transat Anglaise 96, elle n'est pas une novice dans le milieu de la Course au Large. Elle a parcouru près de 10 000 milles depuis le début de l'année. Si elle n'a pas eu le temps de beaucoup s'entrainer sur ce bateau, cette boulimie de milles parcourus reste une très bonne préparation.

Malgré quelques ennuis de santé, elle réussit le tour de force de se présenter au départ deux mois seulement après avoir décidé de faire le tour du monde

Une navigatrice euphorique le jour du départ

Ils sont treize autres marins à prendre le départ, dont Isabelle Autissier sur un PRB flambant neuf. Catherine part sans prétentions de victoire

Dès la première nuit, trois concurrents font demi-tour et rentrent aux Sables. Catherine prend ses marques et gère sa course de manière à être la plus endurante possible.

Choisissant de passer à l'Est de Gran Canaria, elle reste au contact de Bertrand de Broc et d'Éric Dumont. Après deux semaines de navigation, Catherine traverse pour la première fois le Pot au Noir et s'adapte à une navigation dans des grains aussi violents qu'imprévisibles.

Le 21 novembre, elle passe l'équateur et s'engage dans l'hémisphère sud. Elle souffre un peu dans l'alizée soutenu de Sud-Est, qui l'oblige à naviguer au près serré pendant plusieurs jours.

Tandis qu'Yves Parlier cravache en tête avec 400 milles d'avance, Catherine s'engouffre dans le grand sud dans un groupe composé de Pete Goss, Raphaël Dinelli et Patrick de Radigues. Heureuse d'être en mer, elle effectue une ascension de son mât le 26 novembre, afin d'assurer un check up technique.

Elle prépare son bateau à entamer de longues semaines dans les mers du sud, tout en fêtant son 34e anniversaire en solitaire.

Le 1er décembre, elle apprend l'abandon d'Isabelle Autissier suite au bris de l'un de ses safrans. Le 4 décembre, elle entre dans les quarantièmes et aperçoit son premier albatros. La flotte commence à connaître des soucis techniques. Catherine salue la simplicité de son bateau, gage d'une grande fiabilité. Elle enchaine de belle journée à 12 nœuds de moyenne.

Yves Parlier et Thierry Dubois abandonnent à leur tour, pour la même raison qu'Isabelle Autissier. Le froid et l'humidité s'installent à bord. Le record de vitesse du bateau est battu, avec une pointe à 20.5 nœuds.

Une entrée tonique dans l'Océan Indien

Le 12 décembre 1996, Catherine change d'Océan et s'engage dans l'Indien. Mais la longue houle sauvage a laissé place à une pétole éreintante, qui n'aide pas la navigatrice à rattraper la tête de flotte. Malgré sa dernière place, elle garde le moral. Le 50e Sud est coupé quelques jours plus tard, accompagné de conditions typiques des mers australes.

Dans une vilaine dépression avec des vents de 60 nœuds, le bateau est roulé par une énorme déferlante qui cause de nombreux dégâts. Vit de mulet de l'artimon HS, gréement détendu, et intérieur retourné, ordinateur détruit : le Grand Sud est maintenant fidèle à sa réputation.

Le naufrage de Dinelli, Bullimore et Dubois

Privée de communications avec la terre, les jours suivants sont difficiles. Les deux éoliennes rendent l'âme. Seul le générateur peut produire de l'électricité. De plus, plusieurs bidons de gasoil ont explosé dans la soute avant lors du retournement. A l'approche de Noel, les conditions s'améliorent et les communications sont rétablies. Mais l'euphorie est de courte durée. Catherine apprend que Raphaël Dinelli a déclenché ses balises de détresse. Concurrente la plus proche avec Pete Goss, elle se déroute pour lui venir en aide.

C'est finalement le skipper anglais qui parviendra à repêcher in extremis le skipper dans son radeau.

Le 5 janvier, c'est Tony Bullimore et Thierry Dubois qui font naufrage à leur tour. Peu de temps après, Gerry Roof cesse de communiquer avec la terre…

Un Pacifique tonique avant la libération du Cap Horn

Mi-janvier, Catherine passe au large de la Nouvelle Zélande, et rencontre un peu de soleil, ce qui lui remonte le moral. Mais un filet de pêche rempli d'algues se loge dans sa quille, et lui causant de nouveau une frayeur inutile. Les dépressions s'enchainent, plus ou moins fortes. Yves Parlier et Patrick de Radigues, après leur escale forcée, naviguent à proximité de Catherine.

Au 80e jour de course, l'entrée dans le Pacifique est imminente. Catherine mettre 15 jours à le traverser, sans avaries majeures, malgré la violence des dépressions subies.

Le 5 février, c'est la délivrance. Le Cap Horn est franchi en fin de journée. La navigatrice exulte et sabre une bouteille de champagne dans le petit cockpit du plan Harlé.

Une remontée de l'Atlantique marquée par de nombreuses avaries

Une fois le Cap Dur franchie, la pression redescend mais la fatigue s'installe. Skipper et bateau ont souffert dans le grand sud. Une dépression avec 50 nœuds dans le nez secoue le binôme au large des malouines.

Mi-février, les températures remontent et la navigatrice récupère. Elle doit faire face à des avaries électriques, des drisses cassées et un problème d'enrouleur. Mais le moral remonte à mesure que le soleil revient.

Le 4 mars, elle franchit de nouveau l'équateur et met le cap vers les Sables. Le bricolage est quotidien, mais la navigatrice tient bon. Les derniers jours de navigation sont éreintants, au près serré. Puis le 23 mars 1997, Cahterine Chabaud franchit la ligne d'arrivée du troisième Vendée Globe, et se classe 6e et dernière de l'épreuve. Ils étaient 15 skippers au départ.

Catherine aura mis 140 jours pour boucler le parcours du Vendée Globe, entrant dans l'histoire en devenant la première femme à finir classée. Elle sera suivie par Ellen Mac Arthur, Anne Liardet, Karen Leibovici, Samantha Davis, Dee Caffari, Clarisse Crémer, Pip Hare, Miranda Merron et Alexia Barrier.

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