Un sistership de Brit Air et d'Hugo Boss avec deux roofs
Construit en 2007 par les chantiers Multiplast à Vannes, l'IMOCA aujourd'hui baptisé Lazare est un conçu par les architectes Finot-Conq, reconnu pour sa robustesse en haute mer. DCNS - Groupe de construction navale pour la défense - lance la construction du bateau dans le cadre du projet Filières de Talent. Marc Thiercelin, second du Vendée Globe 1996-97 derrière Christophe Auguin, en sera le skipper et accompagnera un jeune talent dans la découverte de l'IMOCA sur la Transat Jacques Vabre 2009. La jeune recrue, qui n'est autre que Christopher Pratt en prendra alors la barre pour la Route du Rhum 2010.
La carène à bouchain et le mât aile de l'IMOCA DCNS sont issus du même moule que Generali et Brit Air, tandis que le pont à la configuration à deux roofs et deux descentes avec les manœuvres centrales est coumune avec Hugo Boss. Le voile de quille a été usiné par DCNS grâce à un procédé spécial qui lui permet d'être aussi léger que du carbone. Le bateau est simple et léger, les poids ont été centrés, les aménagements intérieurs ont été supprimés et les ballasts sont à admission directe. Il se présente comme le plus léger des plans Finot Conq.
Un premier Vendée Globe 2008 qui s'achève à peine commencé
Le bateau est mis à l'eau en 2008, à seulement 3 mois du départ du Vendée Globe. Marc Thiercelin démâte à son bord lors la première nuit de la course. La saison 2009 n'est pas particulièrement réussie pour le skipper, à l'exception du Record de la Méditerranée en 1 jour 9 heures. Marc Thiercelin et Christopher Pratt prennent le départ de la Transat Jacques Vabre, mais doivent abandonner suite à un problème de quille.
Des optimisations pour la Route du Rhum 2018
En 2010, le bateau est optimisé en vue de sa participation à la Route du Rhum. La structure arrière est allégée, les safrans relevables sont remplacés par des safrans suspendus, le cockpit est agrandi et le gréement PBO est remplacé par du carbone. Christophe Pratt termine à la 8e place de la transat.
Marc Thiercelin embarque ensuite l'ancien skieur alpin Luc Alphand - toujours pour le programme Filières de Talent - pour la Transat Jacques Vabre 2011. Le duo est contraint à l'abandon suite à des problèmes d'énergie.
Une nouvelle carrière de star de cinéma avant un projet Vendée Globe 2016
Le bateau est racheté en septembre 2012 pour les besoins du film "En Solitaire" par le producteur pour tourner les scènes en conditions réelles avec François Cluzet, mais le bateau est réellement mené par Alex Pella. Il est racheté en 2013 par Eric Bellion et son projet "CommeUnSeulHomme" dont il portera dorénavant les couleurs. À son bord, le navigateur participera au Vendée Globe 2016 et intègre l'écurie de course au large Mer Agitée de Michel Desjoyeaux. En 2015, sous les conseils du "professeur", le bateau est entièrement révisé, les systèmes de barre sont revus et corrigés. CommeUnSeulHomme termine 7e de la Transat Jacques Vabre en compagnie du Britannique Sam Goodchild.
Une première place de bizuth pour Eric Bellion et une nouvelle vie sous Groupe Apicil
Avant le départ du tour du monde 2016, l'IMOCA entre en chantier de remise en état et de diabolisation. Une nouvelle quille est installée et les protections de cockpit et le poste de veille sont modifiés. Sur le tour du monde en solitaire, malgré une avarie de safran, Eric Bellion répare et termine 9e de la course en 2017 et 1er bizuth. À son retour, le bateau est à vendre pour 1 million d'euros. En avril 2018, il est racheté par Damien Seguin qui le renomme Groupe Apicil et confie la préparation à l'équipe de Jean Le Cam. Le skipper termine la Route du Rhum à la 6e place puis la Transat Jacques Vabre 2019, en duo avec Yoann Richomme à la 14e place.
De nombreux travaux d'optimisation pour gagner en performance
Entre 2019 et 2020, Damien Seguin apporte de nombreuses modifications sur son IMOCA, en collaboration avec le cabinet d'architecture qui l'a conçu et le chantier de Jean Le Cam. Tous ces travaux visent à gagner en performance. Les dérives et les puits sont remplacés, les ballasts sont modifiés et le bateau est allégé de 500 kg. En 2020, un nouveau roof et une nouvelle casquette fabriqués par Multiplat sont installés. Le cockpit est lui aussi modifié, tout comme le système de barre et tous les systèmes de safrans, moteur, vérin de quilles... sont également modifiés, ainsi que le pilote ou encore le système de communication. Le bateau est mis en vente pendant le Vendée Globe au prix de 1,2 million d'euros.
Damien Seguin qui participe alors à son premier tour du monde en solitaire termine à la 7e position, et 1er des IMOCa à dérives.
Un nouveau projet de Vendée Globe 2024 et un prêt à Banque Populaire
En décembre 2020, Tanguy Le Turquais le rachète pour un projet de Vendée Globe 2024. Dans l'attente de sponsor, il loue le bateau à Banque Populaire en 2022 après un énième chantier, pour le début de la saison aux mains de Clarisse Crémer, qui enceinte, sera remplacé par Nicolas Lunven. Il termine à la 4e place de la Guyader Bermudes 1000 Race 2022 puis à la 10e place de la Vendée Arctique.
Le 1er juillet, Tanguy Le Turquais le remet à l'eau sous les couleurs de l'association Lazare. Le bateau est totalement refilé en 2023 et doté d'un nouveau gréement, avec un mât en carbone, deux outrrigers en carbone et une quille en inox de 2016. "Je l'ai acheté au top de son évolution. On a choisi de ne pas mettre de foils car il est mieux avec des dérives. On a travaillé sur l'ergonomie, pour qu'il soit plus simple dans son utilisation. Damien Seguin avait déjà beaucoup travaillé sur la performance. On a fait un toboggan pour matosser les sacs, un siège de barre plus adapté, de quoi matosser les voiles à l'arrière. On a simplifié sans prendre trop de poids" nous a confié le marin, qui a déjà mis son bateau à vendre, avant même le départ de la course.
Sur la Transat Jacques Vabre 2023, Tanguy le Turquais et Félix de Navacelle heurtent un OFNI quelques heures après le départ du Havre. Obligés de faire escale, ils repartent 6 jours plus tard et arrivent de l'autre côté de l'Atlantique seulement 8h avant la fermeture de la ligne. 10 h après, le marin reprend la mer pour le Retour à la Base qu'il termine à la 10e place.
Il est fin prêt aujourd'hui à réaliser son premier tour du monde à la barre de son bateau largement fiabilisé.