Gérard Vaillant est coach professionnel, il "accompagne des êtres humains dans une quête de performance, à résoudre des difficultés ou à passer des moments difficiles." Pour cette édition du Vendée Globe 2024, il travaille avec Jeremie Beyou et Eric Bellion sur les compétences mentales à mettre en œuvre sur ce nouveau tour du monde.
Portrait de coach, Gérard Vaillant à l'écoute des sportifs
Ancien joueur professionnel de volley et enseignant d'EPS, Gérard Vaillant accompagne les entreprises, mais aussi les sportifs de haut niveau. Ce coach de 60 ans travaille également avec l'INSA de Rennes pour l'entraînement des sportifs de haut niveau. Pour les Jeux olympiques de 2024, il était reponsable structure "excellence sportive" d'Agathe Guillemot en athlétisme et Antoine Praud, médaillé de bronze en para athlétisme, accompagné par une collègue coach du réseau Bretagne Sport.
Converti au monde du coaching professionnel depuis 2010, il possède une formation en Neuroharmonisation et une certification de Maître praticien en hypnose. Il est également superviseur. Il accompagne les coachs professionnels et préparateurs mentaux pour analyser et observer leur méthode, cadre et cohérence de pratique.
"La formation en Neuroharmonisation, semblable à l'EMDR, permet de revenir sur un traumatisme. Pour les marins, ça peut être une avarie, un mât qui casse, une cocotte dans le spi... Cela peut être important et aller jusqu'à les empêcher d'être compétents" détaille Gérard Vaillant.
Des années de pratique avec des skippers de course au large
Il a accompagné Charlie Dalin en Figaro, puis de nouveau pour l'édition 2020-2021 du Vendée Globe. Il y a 11 ans, il a également travaillé au sein du Pole Finistère Course au Large de Port La Forêt, avec Christian Le Pape, sur un programme d'exercices avec les skippers. Sur la Solitaire du Figaro, il a accompagné jusqu'à 6 projets sur la performance. C'est grâce à ses années de travail avec différents skippers qu'il a acquis son expérience.
Apprendre à gérer les conséquences de ses choix
Au sein du milieu de la voile, le coach occupe des missions très larges et variables en fonction des demandes de skippers. Le coaching porte à la fois sur le travail du skipper avec son équipe et tout ce que ça implique - regroupement, gestion, management de l'équipe et de son entreprise - mais aussi les relations personnelles du skipper avec sa famille et les émotions ressenties. L'accompagnement engobe également la préparation du bateau, non pas au sens technique ni physique, mais plutôt sur des questions de choix.
"Il y a tellement de choses à faire, sans compter les relations publiques, que les skippers peuvent ne plus arriver à se préparer physiquement et mentalement. Je les aide à trouver ce temps pour se préparer. Dans certains projets, les budgets sont également assez conséquents. Les choix stratégiques sont donc importants. S'ils sont accompagnés techniquement au niveau des choix concernant la performance, en coaching, le choix n'est pas une problématique. C'est la gestion des conséquences et pas le choix même, que nous travaillons. Par exemple, quelles sont les conséquences pour moi, mon équipe et la compétition ?" introduit Gérard Vaillant.
Le rôle du coach dans sa généralité
Gérard Vaillant forme également les marins à la sophrologie, la méditation, l'intelligence émotionnelle, et la capacité à se gérer dans la difficulté. "Pour travailler avec l'humain, la qualité de la relation est amenée à travailler avec les outils que l'on développe. Le souvenir du travail avec le coach ou le préparateur mental les amène à s'autocoacher en autonomie pour le Vendée Globe" raconte Gérard.
Si un skipper vient à déchirer sa voile, ou à casser son safran, il doit se poser la question de quoi faire. Il se demande quelles questions lui poserait le coach, comment faire en sorte d'agir sans précipitation. Dans le cas d'une voile déchirée à l'avant du bateau, aller vite pourrait mettre sa vie en danger. L'objectif est d'avoir une réaction non régie par les émotions. "Il faut être capable de se remettre à distance de ses émotions pour pouvoir agir de façon raisonnée, raisonnable et responsable", conclut Gérard.
Une question de bon timing à adapter à chaque skipper
Tout comme la thématique, la pratique est elle aussi très individualisée en fonction des skippers, de la nature de la relation construite et du temps qu'ils disposent. "La gestion de projet est très complexe. On voit un beau bateau sur les pontons, mais c'est un boulot colossal en amont et les problématiques sont très différentes. Jérémie a un gros partenaire, Charal, avec une préparation ambitieuse. Eric a complété son budget avec différents partenariats qui lui demandent beaucoup de travail de relation publique. Même au sein des bateaux foilers, les marins sont très différents et les besoins suivent" détaille Gérard Vaillant.
Dans un objectif de régularité, la fréquence des coachings est plus fréquente au début et à l'approche de l'évènement pour lequel les marins travaillent. Le rythme est ensuite généralement d'une séance par mois, d'une durée d'environ 30 minutes. Certains problèmes plus épineux nécessitent 2 ou 3 rendez-vous consécutifs en 15 jours.
Les rendez-vous se pratiquent souvent en Visio ou par téléphone. Gérard pratique également le "shadow coaching", qui consiste à œuvrer dans l'ombre. "J'embarque avec eux et je pose des questions qui paraissent anodines." Pour autant, la pratique n'est pas facile à mettre en œuvre, surtout quand les marins ont pour port d'attache des ports différents, Lorient pour Jérémie Beyou et Port La Foret pour Eric Bellion. "Les contraintes de déplacement et le bilan carbone nous poussent à souvent pratiquer à distance. Je serais également pas mal sur Les Sables-d'Olonne pour les départs et les arrivées. Mais ce n'est pas vraiment nécessaire. L'important c'est de créer une belle qualité de relation, bien se connaître. Le téléphone ou le présentiel ne change rien", conclut Gérard Vaillant.