Stand As One, un IMOCA scow à dérives droites pour Bellion, né d'un pari de mutualisation

© Qaptur

Le bateau d'Éric Bellion pour le Vendée Globe 2024, Stand As One, est un IMOCA signé David Raison. Construit chez Persico Marine, il incarne une philosophie sobre et innovante, avec des choix techniques audacieux.

Le skipper Éric Bellion fait son retour sur la scène du Vendée Globe avec un IMOCA atypique, Stand As One. Conçu par l'architecte David Raison et mis à l'eau en juin 2023, ce bateau incarne une approche différente de la course au large, centrée sur la sobriété et la mutualisation des ressources. Il se distingue par son absence de foils, appendices qui semblaient un incontournable des nouvelles constructions depuis 2020.

L'IMOCA Stand As One dispose d'un cockpit ouvert © Qaptur
L'IMOCA Stand As One dispose d'un cockpit ouvert © Qaptur

La mutualisation comme clé de réussite

Stand As One est le fruit d'un projet de mutualisation des ressources. L'équipe d'Éric Bellion a travaillé en étroite collaboration avec celle de Jean Le Cam pour construire des "Hubert 2.0". Hubert, c'est le nom de l'ancien IMOCA - un bateau d'ancienne génération sans foils - du marin de 64 ans, à bord duquel il a coupé la ligne d'arrivée en 2020 à la 8e position, reclassé finalement à la 4e place grâce à une bonification.

Les deux équipes et leurs partenaires ont réfléchi à créer deux bateaux identiques, partageant le même architecte, le même chantier et en mutualisant leurs expériences et leurs finances, pour un budget identique de 5 millions d'euros. Le pari était gros puisque sans design team, c'est tout le team d'Eric Bellion qui s'est investi, au total 45 000 heures de travail ont été nécessaires pour donner vie à cet IMOCA novateur.

"Sans mutualisation, nous n'aurions pas pu construire ce bateau", affirme Eric Bellion. L'ensemble des deux projets, lancés simultanément, a permis d'optimiser les moyens disponibles. "Nous avons construit deux bateaux entre février et septembre, armés de la tête aux pieds, dans un timing serré. Cela n'aurait pas été possible sans une telle organisation" explique Marie Lattanzio, directrice de l'équipe.

L'IMOCA Tout Commence en Finistère Armox Lux de Jean Le Cam issu des mêmes moules que Stand As One © Eneour Lost
L'IMOCA Tout Commence en Finistère Armox Lux de Jean Le Cam issu des mêmes moules que Stand As One © Eneour Lost

Une conception sobre et réfléchie

David Raison, connu pour ses conceptions révolutionnaires dans les classes Mini et Class40, a appliqué des principes similaires à cet IMOCA. Inspiré par les scows, ces bateaux à étrave large et plate, Stand As One mise sur la fiabilité et la simplicité. Ce design scow à dérive droite avec un fort rocker est un concept qui n'existait pas dans la classe IMOCA comme le confiait son skipper.

Contrairement à la majorité des concurrents équipés de foils, Bellion et son équipe ont fait le choix de rester sur un design à dérives, limitant ainsi les coûts et les risques liés à la maîtrise de ces appendices complexes.

"On s'est rendu compte que l'on ne pouvait pas faire un foiler. C'est beaucoup d'argent et nous n'avions pas le temps nécessaire pour en maîtriser toutes les subtilités", explique le skipper.

L'IMOCA Stand As One © Qaptur
L'IMOCA Stand As One © Qaptur

Innovant par sa forme, Stand As One l'est aussi par ses caractéristiques techniques. Alors que beaucoup de ses concurrents misent sur des cockpits fermés pour plus de confort et de protection, Eric Bellion a fait le choix inverse : "Je veux voir l'océan, les oiseaux, la lune, le coucher et le lever du soleil." Son cockpit ouvert incarne cette volonté d'être en lien constant avec l'environnement naturel, quitte à également être plus exposé aux éléments.

L'un des partis pris de sa conception et de sa construction est de pouvoir gagner en moyenne 1,5 nœud par jour par rapport aux autres bateaux à dérives. L'idée n'est pas d'aller "très vite, mais d'aller vite tout le temps." Un choix partagé par l'architecte : "On retrouve le comportement d'un Class40, il décolle vite sur l'eau, avec un sillage tendu. La résistance est assez linéaire. Si on accélère de 50 %, la vitesse augmente de 50 %. Il n'y a pas de pic de freinage dans le bateau."

Une étrave de scow spatulée © Qaptur
Une étrave de scow spatulée © Qaptur

Un contre la montre pour des réparations coûteuses

Sur le Défi Azimut 2023, Eric Bellion est contraint à l'abandon après des problèmes de pilote automatique. Quelques mois plus tard, lors de la Transat Jacques Vabre 2023, Stand As One a subi une avarie sévère après une collision avec un objet flottant non identifié (OFNI). Le choc a causé une délamination de la coque sur une surface de 12 à 14 m², nécessitant une reconstruction coûteuse de cette partie. "Nous avons dû réparer une énorme partie de la coque, près de 10 % de la surface totale du bateau", explique Eric Bellion. Le coût total des réparations s'est élevé à 400 000 €, représentant un défi financier considérable pour l'équipe.

Au-delà de la reconstruction, d'autres zones du bateau ont été endommagées, notamment des lisses et certaines parties de la structure interne. Aujourd'hui le bateau est fin prêt et doté d'une banette pour le repos du marin pendant la course.

"J'ai testé le bateau sur la Transat Anglaise dans des conditions de mer compliquées, et il s'est montré impeccable. Il est prêt pour le Vendée Globe", conclut Eric Bellion.

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