Bureau Vallée 3 skippé par Louis Burton, un IMOCA fiabilisé qui a inspiré toute une génération

© Benjamin Sellier

Lancé en 2020, ce plan Manuard a été mené par Armel Tripon sur la dernière édition du Vendée Globe. Premier IMOCA doté d'une étrave de scow, il a démontré de belles performances mais n'a pu exprimer tout son potentiel en raison d'une mise à l'eau tardive. Repris par Louis Burton, cet IMOCA a connu de nombreux déboires, mais qui permettent au skipper malouin de s'aligner au départ du Vendée Globe 2024 avec une machine ultra fiabilisée.

Le premier IMOCA à étrave de scow

Lors de son lancement sous les couleurs de l'Occitane en Povence, cet IMOCA était un précurseur. L'étrave arrondie, largement utilisée sur les Minis et les Class40, s'inspire du Scow, un dériveur conçu aux États-Unis au début du siècle. Cette forme d'étrave, plus courte, vise à faciliter le planning tout en réduisant le risque d'enfournement. Bien que cette approche ait été testée sur des bateaux plus petits, elle n'avait encore jamais été appliquée à des voiliers de 60 pieds.

Des caractéristiques avant gardistes

L'Occitane se distinguait aussi par une largeur légèrement inférieure à celle de ses concurrents, avec un maître-bau de 5,50 mètres. Premier foiler conçu par Samuel Manuard, c'était également le seul construit par le chantier Black Pepper, et le premier IMOCA destiné à Armel Tripon.

Dès son lancement, L'Occitane en Provence a impressionné par sa capacité à naviguer bas tout en restant stable, grâce à des foils innovants de type Dali, dont le design rappelle les moustaches de l'artiste. La conception de Sam Manuard repose sur l'idée que la coque doit frôler la surface de l'eau (skimming) sans s'élever trop haut. Les foils peuvent également être rétractés pour réduire la traînée par faible vent.

L'Occitane était par ailleurs le seul IMOCA dont les foils sont fixés au niveau du pont, alors qu'ils sont habituellement placés au niveau de la flottaison. Cette disposition favorise une moyenne régulière plutôt qu'une vitesse de pointe.

Un Vendée Globe 2020 en demi teinte

Après une mise à l'eau en janvier 2020, l'Occitane a connu une préparation marquée des problèmes structurels qui ont occulté ses performances. Peu après le départ du Vendée Globe 2020, Armel fait face à une grave avarie sur son hook de J3, l'obligeant à une réparation au mouillage devant la Corogne. Pris dans un système météo différent du groupe de tête, il ne parviendra jamais à recoller aux leaders. Il terminera à la 11e place en bouclant le parcours en 84 jours.

Louis Burton reprend la barre

En 2021, Louis Burton rachète le plan Manuard, qui devient Bureau Vallée 3. Et sa préparation ne fut pas de tout repos. Il démâte sur la Jacques Vabre 2021 puis sur la Route du Rhum 2022.

Il apporte alors quelques modifications à son gréement, qui n'a depuis plus donné de signes de faiblesses. Le plan de voilure a été redessiné afin de mieux réguler la puissance dans les hauts.

Côté carène, la team a découpé le tiers avant de la coque afin de greffer un shape plus spatulé.

Et en a également profité pour poser de nombreux renforts sur la structure du bateau :

"Depuis les deux transats (The Transat CIC et New York Vendée) que nous avons effectuées, nous avons fait énormément de composites sur les renforts structurels. C'est une version "ceinture-bretelle" de Bureau Vallée, pour un tour du monde sécurisé, mais sans perdre en performance !".

"Nous n'avons jamais autant navigué sur le cycle de 4 ans entre deux Vendée Globe, et c'est une très bonne chose. Nous avons pu tester, améliorer et valider des solutions. Depuis la remise à l'eau de Bureau Vallée mi-septembre, nous nous sommes attelés à naviguer le plus possible. Des sorties en mer, plus ou moins longues, thématisées : mise en place du gréement, nouvelles voiles, étanchéité, affinage des réglages… Et ce, dans toutes les conditions de vent et de mer possibles, donc c'est très positif. " ajoute Louis.

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