Un lien fort entre le Musée de la Marine et la course au large
Le Musée de la Marine de Paris retrace 250 ans d'histoire maritime et navale. Parmi les 40 000 œuvres présentées, environ 400 portent sur les sports nautiques, dont ¼ sur la voile sportive. En résonance avec l'organisation de la 10e édition du Vendée Globe et du lien qui unit le musée et la course au large, l'exposition "En solitaire autour du monde" ouvrira ses portes du 16 octobre 2024 au 26 janvier 2025. Nous avons visité l'exposition en avant-première et avons découvert ses coulisses, une visite que nous vous recommandons vivement.
Lénaïg L'Aot-Lombard, adjointe de l'administrateur du musée de nationale de la Marine - Château de Brest, et l'une des trois commissaires de l'exposition, explique en préambule : "Nous avons travaillé pendant 3 ans sur l'organisation de l'exposition. Le Musée de la Marine a un lien fort avec la course au large. L'idée était de compléter le parcours permanent en mettant en valeur la course du Vendée Globe au travers de nos collections et grâce aux prêts des skippers. Isabelle Autissier, Michel Desjoyeaux, VDH, Clarisse Crémer, ou encore Miranda Merron font partie du conseil scientifique de l'exposition. On a également travaillé avec des météorologues, des architectes, des constructeurs, des directeurs de course..."
C'est ainsi qu'est née une exposition immersive qui permet aux visiteurs de faire le tour du monde dans un espace de 800 m2. Tout au long du parcours, on peut découvrir des objets, des vidéos, des documents, des vêtements, des maquettes, et autres croquis et peintures qui retracent l'histoire de la course de manière scientifique et chronologique. Les visiteurs découvrent ainsi les 270 pièces présentées au travers d'un parcours en 12 étapes.
L'ambiance nous imprègne directement et les nombreux objets de toute sorte rythment l'exposition de manière agréable. Les explications sont claires et compréhensibles par le commun des mortels, même les plus petits. On profite agréablement de la visite pour se plonger au cœur de la course et avoir l'impression de partager un petit bout du tour du monde de ces grands marins.
L'ère des pionniers
Lorsqu'on l'on entre dans la salle d'exposition, on est accueilli par une bande sonore qui permet de s'imprégner de l'ambiance. Au sein de cette première partie, les pionniers, ces aventuriers qui ont marqué la grande histoire d'avant Vendée Globe en cherchant à réaliser les premiers tours du monde en solitaire. S'il s'agit au départ d'une histoire d'aventure, à l'image de Joshua Slocum, Sir Chichester introduit pour la première fois la notion de performance en 1967, bien qu'il échoue à réaliser l'objectif qu'il s'était fixé en faisant une étape.
Puis vient l'épopée du Golden Globe, qui voit en 1968, 9 solitaires prendre le départ et un seul terminer la course, Robin Knox-Johnston. Si le soufflé retombe par la suite, la création du BOC Challenge au début des années 80 accueille pour la première fois de vrais bateaux de "course" tout comme de vrais compétiteurs. C'est d'ailleurs cette course autour du monde en 4 étapes qui va pousser Philippe Jeantot à lancer une course autour du monde, sans escale cette fois-ci.
Le tour du monde en 9 temps forts
Le visiteur embarque ensuite pour une circumnavigation, empruntant les 9 zones géographiques clés. On débute par le célèbre chenal du port des Sables-d'Olonne pour le départ de ce tour du monde, symbolisé par un décor emblématique, une photo géante des bateaux acclamés par la foule. Il est enfin temps de gagner le large : golfe de Gascogne, Anticyclone des Açores, Pot au Noir, Anticyclone de Sainte-Hélène, Cap de Bonne Espérance, Quarantième Rugissants, Cap Leeuwin, Cinquantième Hurlants, Cap Horn, la remontée de l'Atlantique et, enfin, l'arrivée.
Chaque étape est l'occasion d'aborder une des thématiques de la course : vie à bord, sommeil, médical, avancées technologiques, stratégie météo, avaries... Chaque "escale" est agrémentée d'objets ou de fresques explicatives... Ainsi, on peut découvrir la barre à roue de l'IMOCA de Titouan Lamazou, premier vainqueur du Vendée Globe en 1989, ou encore l'orgue électronique de Loïck Peyron pour occuper ses parfois longues journées sur la première édition.
Le visiteur découvre également au cœur de la partie technique une étrave de bateau ou encore un long foil, qui permet de décoller au-dessus de l'eau. On compare également l'avitaillement de Robert Knox-Johnston qui embarquait des caisses de cognac et de bières en nombre, ou encore quelques 3000 cigarettes... Contre une Samantha Davies qui fait la part belle au lyophilisé...
On compare les temps de course et leurs évolutions, et on découvre les porte-bonheur de ses marins, à l'image du Napoleon d'Or de Loïck Peyron ou de la peluche Marsupilami de Jean Le Cam. Enfin, la visite s'achève dans la salle des vainqueurs, tenues et trophées sont exposés, à l'exception du dernier en date, celui de Yannick Bestaven, qui sera présenté sur le village du Vendée Globe. L'arrivée de chacun est projetée sur un grand écran et l'émotion se lit sur les visages.
Enrichir l'exposition
Les visiteurs pourront profiter d'une visite commentée par les skippers et Jacques Caraës, ancien directeur de course en téléchargeant une application dédiée "La Boussole". Des livres de visites seront également distribués, l'un pour les enfants et l'un pour les adultes.
Un catalogue relatant les récits des marins - VDH et l'évolution du port des Sables-d'Olonne, Miranda Merron et son tour du monde - mais aussi ceux du médecin de la course ou encore du directeur de course sera en vente dans la boutique du musée au tarif de 39 €. Un album - plus compact que le catalogue - proposera aux visiteurs un souvenir de l'exposition au tarif de 12 €.
Au terme de l'exposition, certains objets prêtés par les skippers entreront peut-être dans la collection permanente du musée et développeront encore plus le lien entre le musée et la course au large. "Les marins étaient vraiment enthousiastes et émus. Ils se retrouvent au cœur du Musée, à côté de grands noms. Ils font partie de l'histoire maritime. Tabarly était membre administratif du Musée de la Marine de Paris. Pour la jeune génération, écrire cette histoire entre eux et le Musée est un moment fort" conclut Lénaïg L'Aot-Lombard.
Tarif avec exposition : 14 € (billetterie en ligne) / 15 € (Guichet)
Gratuit pour les moins de 26 ans.