Restrictions portuaires européennes : Shtandart interdit dans les ports du Finistère

Shtandart à Granville en 2023 © Joel Douillet

Un arrêté préfectoral du 7 juillet 2024 vient d'interdire l'accès du bateau-école Shtandart aux ports du Finistère, conformément à une nouvelle réglementation européenne ciblant les navires historiques ayant des liens préexistants avec la Russie avant février 2022. Depuis son exclusion, cette réplique d'une frégate russe du 18e siècle fait l'objet d'une controverse croissante.

Depuis plusieurs semaines, une controverse a éclaté autour de la participation du navire-école Shtandart aux Fêtes maritimes de Brest, prévues du 12 au 17 juillet 2024. Réplique historique d'une frégate russe, Shtandart s'est vu refuser l'accès aux ports du Finistère par un arrêté préfectoral datant du 7 juillet 2024. Cette décision découle d'une récente modification du règlement de l'Union européenne, intégrant les "navires répliques historiques" dans les mesures restrictives visant les navires ayant battu pavillon russe avant février 2022.

Histoire et mission du Shtandart

Le ''Shtandart'', construit en 1999 à Saint-Pétersbourg par une équipe dirigée par l'architecte naval Vladimir Martus, est une fidèle réplique d'une frégate russe du 18e siècle. Utilisé principalement comme bateau-école, il participe à des voyages éducatifs visant à promouvoir l'amitié entre les peuples et à transmettre les traditions maritimes anciennes. Malgré son origine russe, Shtandart a souvent accosté dans les ports européens pour participer à divers événements maritimes et culturels.

Shtandart à Flensburg en Allemagne. 2014 © Carmen Mair
Shtandart à Flensburg en Allemagne. 2014 © Carmen Mair

La décision préfectorale et ses implications

La France a récemment ajusté sa politique portuaire pour inclure les "navires répliques historiques" dans les mesures restrictives, en vertu du règlement (UE) 833/2014 modifié le 24 juin 2024. L'interdiction d'accès aux ports du Finistère vise à prévenir toute perturbation de l'ordre public et intervient donc dans un contexte tendu de relations internationales, marqué par l'invasion de l'Ukraine et les sanctions imposées par l'Union européenne à la Russie. Cependant, la présence du Shtandart en France avait été tolérée par le passé lors de précédentes éditions des Fêtes maritimes, soulevant ainsi des questions sur la récente décision préfectorale brestoise.

Shtandart amarré à Brest, 2016 © Pierre Brye
Shtandart amarré à Brest, 2016 © Pierre Brye

Réactions et positionnement de l'équipage du Shtandart

Face à cette interdiction, l'équipage du Shtandart a exprimé sa déception et a dénoncé une forme de "harcèlement" visant leur bateau. Ils soulignent que le Shtandart ne représente aucune menace pour l'ordre public et insistent sur son rôle éducatif et culturel dans la promotion des échanges internationaux entre marins et passionnés de la mer. Ils appellent à une reconnaissance de la mission pacifique du bateau, loin des tensions politiques actuelles.

Shtandart à Rouen, en 2023 © Alexandre Rosa
Shtandart à Rouen, en 2023 © Alexandre Rosa

Vladimir Martus, capitaine du Shtandart qui a imaginé la construction de la réplique du bateau et qui mène l'aventure depuis le début des années 1990, se définit comme un opposant à Poutine.

© Shtandart
© Shtandart

Conséquences pour Shtandart

L'interdiction d'accès au port de Brest soulève des préoccupations quant à la participation future du Shtandart à des événements maritimes internationaux. En suspendant sa participation aux Fêtes maritimes de Brest, le bateau voit compromis ses engagements prévus et risque de ne pas pouvoir remplir ses missions éducatives et culturelles prévues en France.

Participants à la ''Cutty Sark Tall Ships Race" © Egil Korsnes
Participants à la ''Cutty Sark Tall Ships Race" © Egil Korsnes

Débats autour des sanctions de l'UE

Cette controverse met en lumière les difficultés posées par les sanctions de l'Union européenne vis-à-vis des navires historiques et leur impact sur la préservation du patrimoine nautique mondial. Elle soulève également des questions sur la gestion des relations diplomatiques maritimes et la protection des événements culturels internationaux contre les tensions géopolitiques.

L'affaire du Shtandart illustre la complexité des interactions entre sécurité nationale, patrimoine culturel et diplomatie maritime. Elle appelle à une réflexion approfondie sur la manière dont les régulations internationales peuvent influencer les activités des bateaux historiques et éducatifs, tout en préservant les valeurs de coopération et de compréhension entre les nations à travers le monde marin.

Shtandart près de Rostock en mer Baltique. 2023 © Kuttig
Shtandart près de Rostock en mer Baltique. 2023 © Kuttig
Plus d'articles sur le thème
Réagir à cet article
Patrick Leblanc
Patrick Leblanc
On permet à des athlètes russes de participer à des rencontres à condition de ne pas arborer de drapeau russe ni de signe faisant référence à ce pays, ne pourrait-on pas en faire de même pour le Shtandart?
Ajouter un commentaire...